L’hydre, cette immortelle des étangs
Lorsque l'hydre mythologique perd l'une de ses têtes au combat, deux autres repoussent immédiatement. Une petite bête vivant dans nos plans d'eau n'a rien à lui envier.
Lorsque l'hydre mythologique perd l'une de ses têtes au combat, deux autres repoussent immédiatement. Une petite bête vivant dans nos plans d'eau n'a rien à lui envier.
Il aura fallu à Héraclès une avalanche de flèches enflammées, ainsi que l’aide de son neveu Iolaos, pour terrasser l’Hydre de Lerne, le deuxième de ses Douze Travaux. C'est que le monstre à l'haleine empoisonnée possédait plusieurs têtes, repoussant doublement à chaque décapitation… Issue de la mythologie grecque, cette créature a donné son nom à un animal bien réel aux facultés comparables, voire encore plus déroutantes.
Au premier coup d'œil, l'hydre d'eau douce ne paie pas de mine. Cet invertébré ne mesure pas plus d'un centimètre et demi. On dirait un simple tube équipé d'un pied et d'une tête pleine de tentacules. Pourtant, cette cousine des méduses est une redoutable chasseresse. L'hydre immobilise en effet ses proies grâce au venin contenu dans une riche batterie de cellules urticantes. Comme son alter ego légendaire, cet animal est capable de régénérer sa tête en cas de blessure, et même chaque partie de son corps. C'est simple, si l'on coupe une hydre en deux, la partie supérieure reforme automatiquement un pied, pendant que la partie inférieure reconstitue une tête. Deux petites hydres identiques sont ainsi produites en moins de trois jours. Plus incroyable encore : dans les années 1970, des chercheurs qui avaient réduit l'animal en une soupe de cellules ont été bluffés en assistant à sa reconstitution complète.
Dans la nature, l'hydre adulte ne résiste pas à l'hiver. Seuls survivent les œufs. En revanche, en laboratoire, l'animal semble ne pas vieillir. Des modèles mathématiques lui prédisent une durée de vie d'environ mille quatre cents ans. Chez la plupart des espèces, l'individu commence à décliner à partir du moment où il se reproduit. Pas l'hydre qui, en ce sens, est presque immortelle. Du jamais vu dans le monde animal. Son secret ? Un stock quasi inépuisable de cellules souches. Contrairement à nous, l'hydre garde toute sa vie ce matériel biologique un peu magique, indispensable au développement et à la régénération de tout organisme. Elle peut ainsi remplacer en permanence toutes les cellules de son corps et de son système nerveux. Pas étonnant qu'elle intéresse autant les scientifiques qui tentent de percer les mystères de l'âge. Qui sait, l'immortelle des étangs livrera peut-être bientôt des pistes pour faire reculer le vieillissement humain.
L'éviscération d'urgence du concombre de mer
L'holothurie, vous connaissez ? C'est un animal marin au corps mou et allongé que l'on appelle communément concombre de mer. Lorsqu'il se sent menacé, cet échinoderme vomit littéralement son intestin et l'offre en pâture à l'ennemi avant de s'échapper. Puis il se retire dans un endroit calme où il en profite pour se refaire une santé. Son existence s'écoule au ralenti durant quelques semaines, le temps que ses viscères se régénèrent.
La patte de la salamandre, un puzzle complexe
La patte de la salamandre et celle du triton peuvent repousser plusieurs fois en cas d'amputation. Médiocre à côté des prouesses de l'hydre ? C'est pourtant un exploit unique chez les vertébrés adultes qui perdent leurs facultés régénératives au cours de leur développement. De la peau, des os, des muscles, des vaisseaux sanguins, des nerfs… Tout cela se reforme en quelques mois à partir d'un moignon sur lequel les cellules retrouvent leur jeunesse, comme lors du développement embryonnaire, puis se multiplient et se différencient.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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