Ils déclarent la guerre au plastique
L’Association pour la sauvegarde du Léman lance une opération de récolte et d’étude du plastique sur les rives du lac pour mieux l’éradiquer.
L’Association pour la sauvegarde du Léman lance une opération de récolte et d’étude du plastique sur les rives du lac pour mieux l’éradiquer.
Cinquante tonnes de plastique finissent chaque année dans le Léman, emportées par les eaux de ruissellement. Un chiffre choquant révélé il y a trois ans par l’Association pour la sauvegarde du Léman (ASL) au terme de son expertise. Depuis, l’organisation franco-suisse qui se mobilise pour la santé du lac n’a pas chômé : nettoyage des rives et des eaux, sensibilisation contre les déchets sauvages…
Mais aujourd’hui, elle passe à la vitesse supérieure. « Pour juguler la pollution à sa source, nous devons savoir à quels types de plastiques nous avons affaire et d’où ils viennent, explique Suzanne Mader-Feigenwinter, secrétaire générale de l’ASL. Pour obtenir ces informations, nous lançons un projet de science participative et dès janvier, nous aurons besoin d’une centaine de bénévoles. » Baptisée Pla’stock, l’action consistera à passer au crible 25 plages sélectionnées autour du Léman. En 2022, les volontaires se rendront à quatre reprises sur une zone qui leur sera attribuée pour ramasser les plastiques visibles à l’œil nu, les trier par catégories et transmettre les données à l’ASL via l’application mobile Net’Léman.
Une formation sera dispensée aux participants, surtout pour les rendre attentifs à des déchets qui intéressent particulièrement les scientifiques. « On pense surtout aux gros détritus : bouteilles en pet, emballages. Mais il faudra aussi chercher les plus petits, tels que les fragments et les pellets. Ces particules de plastique d’environ 3 mm servent de base à la fabrication de divers objets », révèle Suzanne Mader-Feigenwinter.
“580 t de plastique baigneraient dans le Léman.
„
Pertes d’usines ? Cargaisons déversées par accident ? L’enquête tentera de déterminer la raison de leur présence. Ce qui est sûr, c’est que ce genre de résidus minuscules peuvent se retrouver dans le tube digestif de poissons et d’oiseaux.
Ce n’est pas tout : les fragments de taille inférieure à 0,001 mm sont encore plus perfides. Ces nanoplastiques, issus d’articles à usage unique dégradés par l’eau, de poussières de pneus ou de fibres synthétiques, s’incrustent durablement dans l’environnement. « Leur impact, notamment sur la chaîne alimentaire, demeure peu connu. Une étude autrichienne en a toutefois détecté dans les excréments humains », détaille la spécialiste. Voilà pourquoi un second volet de Pla’stock, mené avec l’Université de Genève, se concentre sur ces particules.
Les conclusions du projet seront connues en 2023, assure Suzanne Mader-Feigenwinter. « Jusqu’ici, nous avons surtout incriminé le consommateur dans la lutte contre le littering. Mais ces nouvelles informations nous permettront d’orienter nos actions vers l’industrie du plastique, le bâtiment, l’agriculture… » Un défi de taille qui n’effraie pas l’ASL qui a joué un rôle clé dans la victoire sur la pollution aux phosphates dans les années 1980-1990.
Devenez bénévole dans l'association.
Complétez votre lecture avec notre infographie sur les microplastiques .
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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