Butor, l’espion de la roselière
Réussirez-vous à dénicher le butor, cet échassier discret bien camouflé parmi les roseaux ?
Réussirez-vous à dénicher le butor, cet échassier discret bien camouflé parmi les roseaux ?
« Etudier la vie du butor étoilé fait partie des extraordinaires moments que partagent bien des photographes naturalistes. Je n’échappe pas à cette règle, tant cet échassier secret m’intrigue et me fascine depuis 30 ans. Combien de fois l'ai-je surpris à m’observer alors que je le cherchais du regard. Bien avant de le voir lui-même, j’aime surtout repérer le soudain balancement qu’il imprime au passage à une unique hampe de roseau, bousculée parmi des milliers d’autres. Aussi ténu soit-il, cet indice trahit souvent son arrivée au sein de la roselière qui le masque. Mètre après mètre, l’animal progresse, lentement, sans un bruit. Méfiant, sur ses gardes alors qu’il change de poste de chasse ou gagne un coin sûr pour se reposer. Aussi, rien ne me plaît tant que de réussir une photographie du butor traduisant justement cette formidable présence diluée dans un décor qui semble créé à sa mesure. Surtout, comment ne pas être subjugué par un animal doté de la faculté de se cacher derrière son immobilité ?
Ce jour-là, seuls quelques roseaux épars nous séparaient encore lorsque l'oiseau s’est arrêté, corps effilé, soudain tendu dans le décor. Il me fallut attendre encore pour que de ce paysage végétal figé surgisse enfin toute la vivacité d’un œil perçant sans laquelle l’image n’existerait pas. Une fois le butor disparu surgit cette amusante question : ce fantôme était-il mâle ou femelle ? »
Propos recueillis par Nicolas Sauthier
Daniel Aubort
Photographe naturaliste depuis 40 ans
Une bonne image doit raconter une histoire, avant même qu'intervienne sa technicité, son cadrage ou sa lumière. Et c'est aussi l'instant qui la définit. Ces quelques secondes qui englobent la situation et l'attitude de l'animal, toutes deux fruits de l'expérience et de l'observation. Pour le photographe originaire de Montreux, sur les bords du Léman, ce sont ces avants et ces après qui nourrissent l'histoire de l'image. Comme des moments de yoga, de respiration. Une philosophie de vie qui amène Daniel Aubort à courir les bois et fuir les expos. Car il préfère aujourd'hui être publié dans la presse qu'être suspendu aux cimaises. Et son amour de la nature, c'est principalement à son petit-fils de sept ans qu'il le transmet. Avec bonheur, et sans forcer.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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