Lamproie de Planer, un faux poisson
Corps serpentiforme, adulte qui jeûne, larve aveugle… La lamproie de Planer est peut-être autre chose qu’un poisson.
Corps serpentiforme, adulte qui jeûne, larve aveugle… La lamproie de Planer est peut-être autre chose qu’un poisson.
Camille joue dans l’eau de la rivière avec sa petite épuisette. Habituellement, ce sont des cailloux ou des bouts de bois qui sont remontés à la surface. Parfois un têtard ou un insecte aquatique. Mais cette fois, en examinant le contenu du filet, l’enfant a un mouvement de recul. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Mi-sangsue, mi-anguille, la lamproie de Planer est un vertébré primitif qui ressemble à un poisson. Mais, dépourvu de mâchoire, c’est en fait un agnathe. C’est vrai, son air de serpent et ses mouvements ondulatoires pourraient rendre cet animal un peu effrayant. L’unique narine qui trône sur le haut de sa tête lui donne une allure étrange. Pour compléter le tableau, la lamproie sécrète un abondant mucus toxique et irritant... Et enfin, sa grosse bouche ronde est tout sauf rassurante ! Pas d’inquiétude, elle ne va pas se jeter sur vos mollets pour en pomper le sang. Avec une petite quinzaine de centimètres, ce monstre d’eau douce n’est pas aussi impressionnant qu’il en a l’air. Et c’est même une chance de le rencontrer car l’étrange animal, sensible à la qualité de l’eau, s’est raréfié dans nos rivières.
La lamproie de Planer passe ses trois à cinq premières années sous forme de larve, on l’appelle alors ammocète. Aveugle, elle reste cachée dans les sédiments où elle filtre les algues jusqu’à la métamorphose. Puis, ses yeux, ses branchies et sa nageoire dorsale se développent, tandis que son système digestif se réduit. Et pour cause : l’adulte est incapable de s’alimenter ! Au printemps, il quitte sa zone de croissance et rejoint une frayère pour s’y reproduire. Plusieurs individus se regroupent alors pour construire un nid, cuvette ovale qu’ils creusent dans le sable ou de petits graviers en agitant leurs queues. La femelle s’arrime au fond en se fixant sur une pierre grâce à sa bouche ventouse et les mâles s’agrippent de la même façon à sa tête afin de ne pas être emportés par le courant. S’enroulant à plusieurs autour d’elle, ils forment une véritable pelote vivante. La courtisée libère environ 1 500 ovules directement fécondés par les mâles. Ils écloront en seulement trois à quatre jours. Les lamproies des deux sexes meurent après avoir assuré leur descendance.
Soyons lucides, ce n’est pas la mascotte la plus charismatique pour protéger les rivières, mais la lamproie ne mérite-t-elle pas notre attention comme le reste du monde vivant ?
Flûte à sept trous
En raison de ses orifices branchiaux en pointillés, la lamproie est parfois appelée poisson-flûte. Attention à ne pas la confondre avec la fistulaire à points bleus, poisson marin tropical qui porte aussi ce nom.
Lamproie sans proies
La lamproie de Planer, petite et inapte à se nourrir, fait figure d’exception parmi ses cousines européennes. Les lamproies fluviatile et marine (> photo) sont migratrices et bien plus grandes, atteignant respectivement 50 cm et 1 m. Les adultes sont pourvus de dents acérées grâce auxquelles ils parasitent des poissons, transperçant écailles et peau pour pomper leur sang.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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