Le lièvre invisible (épisode 4)
Du suivi au phare alimenté par une vieille batterie de voiture, à l’analyse génétique des crottes en passant par les pièges photographiques: entre passé et présent, Michel Bouche, coauteur du prochain livre Histoires d’images, nous explique comment percer les secrets du lièvre invisible.
Du suivi au phare alimenté par une vieille batterie de voiture, à l’analyse génétique des crottes en passant par les pièges photographiques: entre passé et présent, Michel Bouche, coauteur du prochain livre Histoires d’images, nous explique comment percer les secrets du lièvre invisible.
Plus discret que son ombre, silencieux, parfaitement mimétique et essentiellement nocturne, le lièvre variable est presque impossible à observer pour le promeneur. Alors, imaginez-vous le nombre de sorties nécessaires, les heures passées sur le terrain par tous les temps, les échecs et les coups de chance qu’il aura fallu pour s'inviter dans son intimité et réunir les images et les histoires de notre beau livre Le lièvre invisible! L’invisibilité du blanchon représente un défi d’envergure également pour les naturalistes et les scientifiques en charge d’étudier ses populations. Heureusement, de nos jours, on peut se passer de l’observation directe. Grâce aux biotechnologies et aux nombreux indices qu’ils laissent derrière eux, il est possible de traquer les individus et d’étudier leur démographie en effectuant l’analyse génétique de leurs crottes, comme c’est le cas dans le Parc national des Ecrins.
Lièvre pris au piège
Les pièges photographiques installés dans les montagnes pour la surveillance notamment des grands prédateurs fournissent de précieuses informations. : il n’est pas rare d’y retrouver un blanchon prenant la pose, venant grignoter un rameau d’arbrisseau, parfois en compagnie d’un congénère, ou même d’un lièvre d’Europe, à l'instar de la vidéo ci-dessous!
D’ici quelques années, les déplacements nocturnes et estivaux du lièvre variable pourraient ne plus avoir aucun secret pour nous. La miniaturisation des composants électroniques et le développement des télécommunications permettent d’envisager des pistages télémétriques et en particulier grâce aux satellites. De l’eau est passée sous les ponts depuis les suivis au phare d’il y a 35 ans!
(© Nans Denis - Parc national des Ecrins)
Il était une fois l’éclaireur du blanchon
Le compteur de la machine à remonter le temps affiche « 12 juin 1985 ». Le lièvre variable me passionne depuis quelques mois. Avide de connaissances et frustré de n’observer cet animal que de façon accidentelle en raison de ses mœurs nocturnes, je décide un jour d’aller à sa rencontre… la nuit! Je récupère donc une batterie de voiture et l’installe sur une claie de portage en la reliant à un phare équipé d’un interrupteur. Muni de toutes les autorisations nécessaires, me voilà parti en mission pour mettre en lumière les activités nocturnes du blanchon dans les Alpes. Pour optimiser mes prospections, je monte une tente à proximité d’un site qui fait aussi l’objet d’un suivi diurne. Au crépuscule, je quitte mon camp de base pour un périple de cinq à six heures, parcourant en tous sens un terrain que je connais par cœur de jour, mais sur lequel j’ai bien du mal à m’orienter de nuit. Le repérage des animaux est facilité par le reflet du faisceau lumineux sur le fond de leurs yeux. Et il en passe: chevreuil, chamois, blaireau, fouine… Chacun se révèle dans le pinceau de lumière de mon phare. Curieusement, cette source lumineuse ne les inquiète pas, et ils continuent à vaquer à leurs occupations. Tout au plus s’attardent-ils dans les zones d’ombre, comme pour préserver un peu de leur intimité.
Enfin, un lièvre variable! Pas plus farouche que les autres mammifères, il déambule d’une touffe d’herbe à une autre, picorant sans doute selon ses préférences. Il disparaît ensuite dans l’ombre d’un bloc pour réapparaître plus loin et, pour finir, s’évanouit dans les ténèbres.
Retrouvez d’autres anecdotes originales accompagnées d’images exceptionnelles dans le livre Le lièvre invisible!
Le projet
Le lièvre invisible (parution en septembre 2020) est le 8e titre d’Histoires d’images, la collection d’ouvrages photo de La Salamandre certifiée par le label Photo responsable et dirigée par le rédacteur et photographe naturaliste Alessandro Staehli.
Dans ce beau livre très original, Olivier Born (photographe animalier) et Michel Bouche (spécialiste de la faune de montagne) racontent l’histoire suprenante du lièvre variable, un rescapé de la dernière glaciation.
Envie d'en savoir plus ? Visitez la page de présentation de cette aventure à haute altitude et retrouvez tous les épisodes des coulisses de la quête du blanchon!
Les auteurs
Olivier Born est un photographe naturaliste suisse. Depuis plus de vingt ans, il saisit sur le vif la faune de montagne et suit les traces du lièvre variable. Il est l'auteur des beaux livres Les gardiens de l’Alpe (Éd. de la Salamandre, 2016) et La faune de nos montagnes (Emmanuel Vandelle Éd., 2017).
Michel Bouche est un spécialiste du lièvre variable. Vétérinaire de formation et Technicien Patrimoine au Parc national des Ecrins, il étudie ce mammifère dans les Hautes Alpes depuis plus de 30 ans. Il est coauteur d’un livre illustré sur le blanchon intitulé Lièvre (Hesse Éd., 2009).
Catégorie
Ces produits pourraient vous intéresser
Poursuivez votre découverte
La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille
Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous
Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature
Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur