Le Morvan, citadelle de la loutre
C’est un cœur de granite ruisselant sur la Bourgogne. Pas tout à fait une montagne. Cap sur le Morvan, là où la loutre n’aurait jamais disparu.
C’est un cœur de granite ruisselant sur la Bourgogne. Pas tout à fait une montagne. Cap sur le Morvan, là où la loutre n’aurait jamais disparu.
Il culmine à 901 mètres d’altitude au centre de la Bourgogne. Les pluies abondantes qu’il reçoit ne s’infiltrent presque pas, elles déambulent en mille cours, ici vers le bassin de la Loire, là vers celui de la Seine. Terre sauvage aux eaux peuplées d’écrevisses autochtones, le Morvan a presque tout pour plaire. Aurait-il servi de refuge aux dernières loutres du nord-est de la France ?
Vingt ans de mystère
Il y a un demi-siècle, la loutre occupait la majorité des cours d’eau de Bourgogne. Malgré la protection légale de l’espèce, le carnivore devient rare dans les années 1970. Dix ans plus tard, il se volatilise. Subsiste-t-il peut-être dans le Morvan ? Impossible de le dire malgré des recherches intensives. Alors, là comme ailleurs, adieu la loutre ?
Pour toutes les années 1980, on ne signale qu’un seul indice sérieux, une épreinte isolée en 1985. Quatre ans plus tard, un cadavre est découvert. Triste nouvelle... et en même temps note d’espoir. Plus rien ensuite, mais la rumeur persiste. « Une nouvelle campagne de recherche s’organise entre 1999 et 2006. Malgré plus de 1200 points de prospection, aucun indice n’est trouvé ! » révèlent Damien Lerat et Nicolas Varanguin de la Société d’histoire naturelle d’Autun. Une fois de plus, la loutre échappe aux règles et aux protocoles. Elle brouille sa piste.
Depuis 2010, l’animal tant recherché laisse enfin des traces... heureusement bientôt nombreuses. On connaît cette fois plusieurs kilomètres de rivière occupés au cœur du Morvan.
Mille rivières pour la reconquête
La Bourgogne et sa petite montagne de ruisseaux tiennent une place stratégique pour la recolonisation de la Loutre en France. La façon dont elle parcourt le chevelu des fleuves et des rivières pour reconquérir les terres perdues illustre grandeur nature le concept des corridors biologiques. D’abord l’Allier depuis le Massif central, la Loire bien sûr puis les ruisseaux du Morvan peut-être via l’Aron. De là, elle peut basculer sur le bassin de la Seine où presque tout est permis jusqu’à la Normandie.
Plus à l’ouest, atteindre la Saône permettra peut-êtrele contact avec les pionnières du Rhône. Observer la reconquête de cet animal un brin revenchard et ses bonds de cinq, dix, parfois vingt kilomètres par an permet de mieux entrer dans la réalité de notre réseau hydrographique. Car son réseau routier à elle est fait de méandres, de confluents, de sources et de canaux.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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