Le piège des épeires
L'édito de la Salamandre 205 d'août-septembre 2011, par Julien Perrot.
L'édito de la Salamandre 205 d'août-septembre 2011, par Julien Perrot.
Ce soir, à l'heure où cormorans, courlis et goélands regagnent leurs bases lacustres pour la nuit, un guet-apens massif se tisse dans l'observatoire.
Pendant qu'au-dessus des roseaux les hirondelles festoient le bec ouvert, partout entre les planches de bois de la baraque apparaissent de grosses araignées. Aussi vite qu'elles le peuvent, mille épeires rebondies tendent leurs fils. Tous les pièges mortels sont prêts quand, juste avant la nuit, une nuée de moucherons remplit les airs. En quelques instants, un nombre incalculable d'éphémères se retrouvent collés aux toiles. Ils frétillent du ventre, ils battent des ailes, ils sont impuissants. Peut-être même la fréquence de leurs mouvements saccadés contribue-t-elle à attirer des victimes supplémentaires.
A l'aube, le festin tire sur sa fin. Sur les premiers rayons des filets, partout où palpitait un être infime, il n'y a plus que des sacs vides. Les araignées ont tout pompé. Un peu plus bas, des alignements d'éphémères encore vivants attendent leur supplice scotchés contre un fil.
L'insecte nous indiffère ou nous dégoûte. Le manège de l'araignée nous révolte. On préfère souvent les oiseaux en oubliant un peu vite que la multitude des petites vies est tout simplement nécessaire aux plus grandes.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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