Lé lérot, ni rat ni souris, mais gliridé
Ils en ont l’allure et le côté furtif, mais les lérots ne sont que de lointains parents des rats et des souris. Au contraire, les uns et les autres sont en compétition depuis des millions d’années.
Ils en ont l’allure et le côté furtif, mais les lérots ne sont que de lointains parents des rats et des souris. Au contraire, les uns et les autres sont en compétition depuis des millions d’années.
Museau pointu, oreilles rondes, longue queue poilue, le goût du risque et de la rixe : on aurait vite tendance à mettre le lérot dans le même panier que le rat et la souris.
Grave erreur ! Si ces petits mammifères sont tous des rongeurs, ils appartiennent à deux groupes bien distincts : les gliridés pour le lérot, le loir et le muscardin, les muridés pour les autres. Leur dentition est différente, mais c’est avant tout leur mode de vie et de reproduction qui les distingue.
Nichées
Un seul exemple, la souris : 5 à 10 portées tout au long de l’année, 4 à 8 petits à chaque fois, et autant de jeunes capables de se reproduire dès l’âge de 6 semaines. Au bout du compte, cela fait largement de quoi s’inquiéter pour les provisions ! Heureusement, la nature a mis un bémol à cette faculté de pulluler : la souris ne vit pas très longtemps. Quelques heures au pire, une année au mieux. Une kyrielle de prédateurs, hommes et bêtes, s’acharne en effet à lui faire sa fête.
Rien de tel chez le lérot, qui se contente d’une portée par année. Il compte peu d’ennemis et peut vivre plusieurs années.
Perchoirs
Au début de l’été, la femelle lérot se construit une boule douillette avec les matériaux les plus divers. En forêt, elle entasse mousses et feuilles dans le creux d’un arbre, dans un lierre touffu ou entre des blocs de pierre. Près des habitations par contre, le nid contient de la laine, du papier ou de la mousse synthétique.
Il arrive même que les lérots s’installent dans des nids d’hirondelles, après en avoir croqué les occupants. Au bout de 3 semaines de gestation, dame lérot donne généralement naissance à trois ou quatre petits nus et aveugles, qu’elle allaitera pendant un mois. Les jeunes adultes seront aptes à se reproduire au printemps suivant, pour autant qu’ils survivent à l’hiver.
Longue vie
Le lérot a bien quelques prédateurs, mais il est rusé, et coriace ! Il sait déjouer les pièges des hommes et semer ses poursuivants. Finalement, son pire ennemi, c’est l’hiver. L’animal a beau se goinfrer de victuailles et dormir emmitouflé dans le foin, sa survie reste précaire.
Chaque année, l’espèce paie un lourd tribut à la mauvaise saison : 40 à 60 % des jeunes meurent au cours de l’hibernation. S’il franchit ce cap difficile, le lérot peut atteindre l’âge honorable de 5 ans, mais rares sont, dans la nature, les femelles de plus de 3 ans.
Les perdants
Peu de jeunes dans une longue vie ou beaucoup de petits et courte vie. Quelle est la meilleure stratégie pour traverser les générations ? Celle du lérot ou celle de la souris ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en Europe, on dénombre à peine 4 espèces de gliridés contre quelque 35 de muridés !
Il y a 40 millions d’années, la situation était totalement différente. D’abord, les muridés occupaient uniquement les territoires du globe correspondant à l’Asie. Quand ils sont arrivés en Europe, ils sont entrés en compétition avec les rongeurs indigènes. Les espèces de gliridés étaient alors dix fois plus nombreuses qu’à l’heure actuelle. Mais ils ont été petit à petit évincés, vu leur capacité moindre à s’adapter à de nouvelles situations.
La prédominance des muridés se vérifie sur le terrain : tout le monde a déjà vu une souris, mais qui a eu la chance d’observer un lérot, un loir ou un muscardin ?
Dent de rat ou de lérot ?
Les gliridés et les muridés diffèrent par leur mode de vie, mais aussi par leur dentition. Le lérot et ses cousins possèdent une incisive, une prémolaire et trois molaires par demi-mâchoire alors que les rats, les souris, les mulots et les campagnols n’ont pas de prémolaires. La mandibule inférieure du lérot et du muscardin présente aussi à l’arrière une « fenêtre », c’est-à-dire que l’os y est percé d’un trou.
Ces critères distinctifs s’avèrent très précieux pour les biologistes qui étudient le régime alimentaire des rapaces nocturnes. On sait ainsi que le lérot est pour ces derniers une proie peu fréquente : on en trouve rarement des restes, crânes, poils et petits os, dans leurs pelotes de réjection.
Découvrez la suite de notre dossier Les rongeurs perchés.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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