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Parfums sauvages
Pourquoi les plantes ont-elles un parfum ?
Dans le laboratoire secret des feuilles, des fleurs ou des fruits la plante se confectionne un parfum. Chacun a son but : communiquer, voire manipuler. Maléfices ou philtres d’amour, voici dévoilés quelques-uns de ces sortilèges.
Dans le laboratoire secret des feuilles, des fleurs ou des fruits la plante se confectionne un parfum. Chacun a son but : communiquer, voire manipuler. Maléfices ou philtres d’amour, voici dévoilés quelques-uns de ces sortilèges.
Bien avant la création des usines chimiques, les plantes ont inventé l’industrie du parfum. On recense plus de 1700 composés volatils émis par les végétaux. Terpènes, jasmonates ou damascénones, de nombreuses substances aromatiques aux noms exotiques composent une riche panoplie d’odeurs, au travers desquelles les plantes s’expriment. Oui, les plantes parlent ! Inutile toutefois de coller son oreille contre les roses : mieux vaut fourrer son nez dans leurs pétales, car c’est par leur odeur qu’elles communiquent.
Inviter
Le message exhalé est clair et porte loin. Les fleurs appellent les abeilles. Mais aussi les mouches, les scarabées, voire même les colibris ou les chauves-souris dans d’autres contrées. La tribu des pollinisateurs est variée, mais partage un même intérêt : profiter des restaurants à ciel ouvert que sont les fleurs. Pour que leurs hôtes trouvent facilement leur chemin, celles-ci utilisent un balisage odorant, qui indique la direction mais aussi le type de cuisine servie. En retour, les visiteurs s’acquittent du transfert de pollen d’une plante à l’autre.
Repousser
Le discours des plantes n’est pas toujours aimable : elles n’ont pas que des amis. Leurs feuilles peuvent devenir la proie de nombreuses mandibules, stylets ou dents avides. Pour se défendre, tous les moyens sont bons et le poison en est un. Point pour tuer, mais pour dissuader. Du coup, beaucoup utilisent des toxines odorantes ou des parfums d’avertissement. Avant même la première bouchée, les intéressés comprennent que la consommation comporte des risques ou ne sera pas à leur goût.
Avertir les voisines
Le répertoire des plantes s’avère plus étendu qu’on ne l’a longtemps cru. Elles savent échanger avec leurs voisines pour les avertir d’un danger. Mais aussi reconnaître les odeurs des autres et réagir en fonction de ces informations. Décryptage de quelques-unes de ces conversations odorantes.
1) Les laquais des aristoloches
Tout commence par une petite annonce parfumée : « Au régal des mouches. Pourriture à volonté ». Intéressés, les moucherons amateurs de matière en décomposition pénètrent dans le tube d’où provient l’odeur. Les aristoloches font du détournement d’insectes, d’une façon similaire aux arums. Le chemin est à sens unique car des poils dirigés vers l’ar-rière empêchent tout demi-tour.
Au fond, pas d’échappatoire : c’est un guet-apens ! L’aristoloche prend toutefois soin de ses prisonniers en leur offrant un nectar réconfortant. Un jour plus tard, les fibres bloquant le couloir d’accès se rétractent : c’est la libération. Mais il y a une rançon à payer : transporter une charge de pollen dont la plante saupoudre ses otages. Elle compte sur leur naïveté pour qu’ils visitent une seconde fleur et la fécondent.
2) Le fin nez de la cuscute
Dépourvue de chlorophylle, la cuscute se nourrit en parasitant d’autres plantes. Une fois installée et entretenue par un hôte qui fournit sucre, eau et sels minéraux, elle se laisse vivre, enfin. Car les débuts sont périlleux. La jeune plantule, limitée par les réserves de sa graine, doit trouver rapidement une tige où planter ses suçoirs.
Etirant son germe, elle explore les environs par un mouvement de rotation, à la recherche d’une plante-proie. Telle un chien de chasse, elle hume l’air en quête de piste. Aussitôt celle-ci repérée, la pousse avance et s’incruste à sa nouvelle adresse. Sauvée !
3) Rhododendron de garde
Le thé du Labrador, rhododendron nordique, est un as de la défense. Attaqué par des chenilles, il diffuse un puissant cocktail répulsif. Son odeur prévient aussi du danger les rhododendrons qui l’entourent. Mais sa générosité va plus loin, car il en fait profiter les voisins d’autres espèces.
Les peupliers trembles poussant à proximité reçoivent ces émissions insecticides et les rediffusent par leurs feuilles. Les pucerons et les coléoptères les éviteront. Cette entraide au sein d’une communauté de plantes, récemment découverte, n’est certainement pas un cas isolé.
4) Chou blanc pour la piéride
Le chou n’aime pas que les chenilles s’en prennent à ses feuilles. Branle-bas de combat s’il détecte la salive de larves de piérides ! En même tant que la fabrication de toxines défensives, des appels aux renforts sont lancés à tout vent, codés en un bouquet odorant spécifique. Le destinataire est une minuscule guêpe parasite.
Malgré sa taille, voilà une alliée puissante, apte à défaire une armée de piérides. La guêpe pond ses œufs dans les chenilles et sa progéniture se charge du nettoyage. Après avoir dévoré les petits corps de l’intérieur, plusieurs dizaines de parasites adultes émergeront de chaque cadavre.
5) L’aulne se met en réseau
Mieux vaut prévenir que guérir. Mais il faut être averti à temps. L’aulne l’a bien compris. Cet arbre a mis au point une stratégie d’alerte imparable. La menace a la forme d’un coléoptère aux ailes métallisées, la galéruque. Capable de dévaster tout un feuillage, c’est une plaie pour les arbres. La défense par l’émission de toxines est efficace, mais prend du temps. Le délai perdu à enclencher la machinerie biochimique peut être fatal. Pour accélérer la riposte, les aulnes fonctionnent en réseau : si l’un d’entre eux est touché, il émet des substances aériennes d’avertissement. Mis en garde, ses voisins se protégeront avant l’arrivée des insectes.
Les orchidées ne sont pas en reste pour attirer les insectes.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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