Lézard vert, un des plus grands d’Europe
Au nord de la Loire et en Suisse, c’est le plus grand. Robe absinthe constellée de noir et jaune, gueule turquoise, voici le lézard vert.
Au nord de la Loire et en Suisse, c’est le plus grand. Robe absinthe constellée de noir et jaune, gueule turquoise, voici le lézard vert.
Nom d’un lézard ! Suite à la confirmation récente de la différence génétique qui les sépare, c’est son cousin d’Europe orientale qui a gardé le nom officiel de lézard vert. Chez nous, l’imposant saurien ne sait plus comment il s’appelle : à deux bandes parfois, vert occidental encore récemment, à deux raies en France ou encore simplement vert en Suisse. Reste le consensus scientifique : Lacerta bilineata, en référence aux deux lignes claires qui longent son dos chez certaines femelles et chez les jeunes.
Si vous souhaitez admirer ce bijou, rien de tel que les premiers soleils de mars-avril. Sa couleur éclatante n’est pas très discrète sur fond de litière ocre ou sur une souche sombre. Mais à bien y regarder, elle rappelle le vert frais des plantes du sous-bois. A cette saison, avide de chaleur, le reptile se laisse approcher assez aisément jusqu’à 2 m. Croiser son regard en gros plan à travers une paire de jumelles est alors une expérience inoubliable. Arcade sévère, pupille noire cerclée d’orange dans une face bleu lagon, calotte émeraude et poitrine citron… ce petit varan semble venu tout droit d’une île paradisiaque.
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C’est la taille moyenne en m2 du domaine vital d’un lézard vert adulte dans les habitats optimaux étudiés en Valais. Cela correspond à 45 individus à l’hectare. Très territoriaux, les mâles défendent cet espace avec vigueur.
Si vous faites un pas de trop ou que vous le surprenez fortuitement, l’animal disparaît en une fraction de seconde. Sa fuite s’accompagne d’un fracas de feuilles mortes et de brindilles propulsées par des pattes arrière puissantes et une queue interminable. Patientez quelques minutes, la bête ressortira sûrement. Saurez-vous évaluer sa taille ? Ce n’est pas un exercice facile, d’autant que le corps apparaît rarement en entier. Entre 20 et 30 cm, à coup sûr. Les mentions de géants de 40 cm sont rarissimes.
Une telle rencontre n’est pas possible partout. Elle est même presque illusoire dans le quart nord de la France et dans une très grande partie de la Suisse (> interview). Au sud d’une limite virtuelle correspondant grosso modo à l’isotherme 18 °C du mois d’août, vous aurez des chances d’observer ce lézard en lisière d’une pelouse, dans un éboulis buissonneux ou dans les friches et interstices des vignobles pas trop intensifs. Sous les climats tempérés ou frais, cette espèce thermophile se cantonne aux altitudes basses et aux adrets généreux. Et en région méditerranéenne ou dans les dunes de l’Atlantique, prenez garde à ne pas la confondre avec une créature encore plus gigantesque !
Prédateur proie
Dans sa quête de chaleur, le lézard vert ne s’expose pas uniquement au soleil, mais aussi à l’œil haut de gamme des rapaces. Localement, faucon crécerelle, buse variable et bien sûr circaète Jean-le-Blanc exercent parfois une pression importante sur les populations. Au sol, il n’échappe pas facilement à la redoutable couleuvre verte et jaune tandis que les jeunes lézards peuvent tomber sous les mâchoires de la vipère aspic. Plus près des hommes, les chats domestiques rivalisent de patience pour lui donner un coup de griffe fatal.
XXL
Imaginez un lézard vert mais en deux fois plus grand. Le lézard ocellé est le saurien le plus imposant d’Europe. Sa longueur atteint fréquemment 70 cm et même 90 cm pour certains individus pyrénéens. Sa livrée typiquement ocellée de bleu – plus nettement chez les mâles – en fait également un des plus beaux reptiles de nos régions. On le rencontre dans les milieux secs et ouverts du Midi, de l’ouest du Massif central et du littoral aquitain. Avec la redécouverte de ce géant en 2018, la Vendée héberge désormais la population la plus septentrionale.
Notre vidéo pour bien différencier ces deux lézards.
De vignes à trépas ?
Comment se porte le lézard vert au nord du lac Léman ?
Il ne reste que deux petites populations autochtones isolées dans le canton de Vaud, comptant environ une cinquantaine d’individus chacune. La première à Saint-Sulpice, tout près de Lausanne, et l’autre, 20 km plus à l’est, autour de Chardonne, près de Vevey.
Qu’est-ce qui a conduit à cette situation ?
L’urbanisation et son lot d’artificialisation des milieux ainsi que l’intensification de la viticulture qui implique l’usage de produits chimiques pour le désherbage. En général, la disparition des friches simplifie trop les paysages propices aux reptiles.
Peut-on garder espoir pour ce beau lézard ?
Sur le secteur de Chardonne, où j’agis pour le KARCH avec le soutien de la Direction générale de l’environnement, certaines actions portent leurs fruits. La sensibilisation des propriétaires de villas et de certains viticulteurs tout comme la coopération avec la ville de Vevey, les CFF et les services des autoroutes ont permis le maintien d’habitats favorables. Alors que je comptais six à dix mâles adultes en 2001, j’en ai dénombré une douzaine en 2020. Malgré une évolution climatique favorable à cette espèce, j’ai bien peur que les lézards verts des bords du Léman vaudois soient définitivement isolés.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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