Manger et être mangé, une vie de loir
Surtout végétarien, le loir passe son temps à cueillir des fruits. Un mode de vie qui le rend rondouillard et appétissant.
Surtout végétarien, le loir passe son temps à cueillir des fruits. Un mode de vie qui le rend rondouillard et appétissant.
Manger. Telle est bien l’activité principale de notre énergumène. Dès son réveil printanier, début mai, le loir se met en quête de nourriture. Et il en trouve en abondance.
Un faible pour les fruits
Au début, il consomme surtout des bourgeons et des fleurs, cueillies sur les arbres et les arbustes. Le loir n’aime en effet rien moins que de s’aventurer au sol. Il écorce aussi de jeunes pousses et apprécie les champignons. Après les fleurs viennent les fruits, sa préférence. Il y a les baies magnifiques, juteuses et charnues : merises, cornouilles, sorbes. Puis les pommes et les poires, maraudées à l’occasion dans les vergers. A la fin de l’été, le loir se gave surtout de fruits secs, gras et nourrissants, tels que faînes, glands, châtaignes et noisettes.
Pas ou peu d’œufs
Fait-il des carnages parmi les nichées forestières, en dévorant œufs et oisillons ? C’est là une accusation que réfute catégoriquement le professeur lausannois Peter Vogel, spécialiste des gliridés, la famille des rongeurs dont fait partie le loir : « Il mange à l’occasion de petits insectes ou des escargots, mais il est avant tout végétarien. On l’a parfois trouvé sur un nid de mésange, au fond d’un nichoir, mais il est fort probable que le nid ait été détruit par un autre animal ou abandonné avant son arrivée. »
Dans la forêt de Forel, près de Lausanne, la plupart des œufs abandonnés par les oiseaux restent intacts, « alors que les loirs, bien présents dans les parages, pourraient sans peine aller se servir », précise le chercheur.
Gavage de loirs
A l’époque romaine, le loir était considéré comme un mets de luxe, au même titre que les huîtres et les oiseaux exotiques. Les Romains maintenaient les loirs captifs dans des enceintes aux murs lisses, nommées gliraria, où poussaient des noisetiers et autres arbustes aux fruits nourrissants.
Pour achever l’engraissement, ils les gavaient de glands, de noix et de châtaignes dans des jarres placées dans l’obscurité. Les parois intérieures de ces récipients étaient pourvues d’une galerie hélicoïdale ou de plusieurs galeries parallèles, ce qui donnait aux loirs plus d’espace, et leur évitait de se souiller avec leurs propres déjections.
Lorsqu’ils étaient gras à souhait, les loirs étaient généralement farcis avec de la viande de porc, puis servis avec une sauce au poisson et aux épices, ou encore enrobés de miel.
Gare au hibou
Le loir peut atteindre 9 ans, si sa vie n’est pas abrégée par l’un de ses nombreux ennemis nocturnes comme lui. Les chats, les fouines et les martres le pourchassent dans les arbres, alors que les rapaces l’attaquent par surprise. Dans l’Europe de l’Est, la chouette de l’Oural et les êtres humains en font un mets de prédilection.
Plus près de nous, dans la vallée du Rhône, les ornithologues valaisans trouvent régulièrement des restes de loirs dans les pelotes de réjection du hibou grand duc.
Comme une chaussette
Pour se libérer des griffes ou des serres de ses prédateurs, le loir possède un truc incroyable, dont disposent aussi ses cousins lérots et muscardins : il peut perdre sa queue ! Contrairement à ce qui se passe chez le lézard, elle ne se casse pas net. La peau qui la couvre se déchire et coulisse comme un fourreau : l’ennemi un peu penaud se retrouve avec dans la gueule une chaussette poilue en lieu et place d’un rongeur dodu.
Le loir s’en sort avec des vertèbres caudales à vif. Elles se dessécheront, puis tomberont sans espoir de repousse. Cette amputation peu esthétique ne l’empêchera pas de poursuivre une vie normale.
Toujours piégés
En Slovénie, le loir a été chassé pendant près d’un millénaire pour sa fourrure et sa viande. Cette tradition se perpétue aujourd’hui encore. L’animal demeure une spécialité culinaire dans plusieurs régions du pays. Les loirs y sont victimes de leur gourmandise : certains pièges à appâts permettent de capturer 4 ou 5 bêtes à la fois.
Découvrez la suite de notre dossier Les rongeurs perchés.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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