Loup, une association aide les bergers suisses à protéger les troupeaux
Les bénévoles de l’association Oppal veillent sur les bêtes en estive pour prévenir les attaques du canidé. Reportage dans le val de Bagnes.
Les bénévoles de l’association Oppal veillent sur les bêtes en estive pour prévenir les attaques du canidé. Reportage dans le val de Bagnes.
Une lune gibbeuse s’élève au-dessus du Grand Combin, tandis que l’obscurité gagne l’alpage de la Corbassière, sur les hauts de Fionnay, en Valais. Pour Jérémie Moulin, c’est l’heure de grimper sur l’éperon rocheux qui domine l’enclos électrifié où 270 moutons sont regroupés pour la nuit. « Ici, nous sommes sur le territoire du loup. Nous le voyons plusieurs fois par semaine transiter pacifiquement ou suivre des cerfs. Mais il arrive aussi qu’il menace le bétail. C’est là que nous intervenons en l’effarouchant », explique le président d’Oppal, une association créée en janvier qui surveille bénévolement les estives durant la nuit afin de déjouer d’éventuelles attaques.
“La présence humaine et l’odeur du feu suffisent la plupart du temps.
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Des programmes similaires existent en France et en Italie, mais en Suisse romande, c’est une première. « Notre but est de démontrer qu’il est possible pour l’agriculture de montagne de cohabiter avec Canis lupus, moyennant quelques adaptations », poursuit le futur diplômé en biologie tout en allumant un feu.
Soudain, des clochettes retentissent, traduisant l’agitation du troupeau. Jérémie saisit aussitôt son projecteur et balaie la zone de son faisceau lumineux. « Si je repère des yeux brillants, je vérifierai à la caméra thermique s’il s’agit d’un loup », commente le Valaisan. Fausse alerte… La tension redescend.
« Un canidé peut très bien se trouver à proximité sans que nous le remarquions. Mais la présence humaine et l’odeur du feu suffisent la plupart du temps à le dissuader d’approcher », détaille-t-il. Le jeune homme assure n’avoir encore jamais eu besoin de tirer en l’air avec un pistolet à blanc, dernier recours en cas d’assaut.
Pour Jérémie, les veilles sont aussi l’occasion d’observer cet animal intelligent. « Nous rassemblons des notes, photos et vidéos qui permettront de mieux le connaître », glisse-t-il alors que l’aube s’annonce sans que le loup se soit montré. En contrebas, Yves Bruchez, l’un des premiers éleveurs à avoir profité de l’aide d’Oppal, libère ses moutons. S’il se dit reconnaissant, lui qui l’an dernier a perdu 44 bêtes, il ne croit pas en la cohabitation. « Ce n’est pas viable à long terme. Imaginez combien de bénévoles il faudrait pour surveiller tous les alpages… », déplore l’agriculteur. En difficulté financière à cause de ces années où les autorités l’ont « laissé seul face au prédateur », il cessera son activité en 2022, malgré la bonne expérience réalisée avec Oppal.
De son côté, Jérémie a foi en ce projet : « ça fonctionne ! Cent vingt volontaires ont veillé avec succès sur trois alpages cet été. Pour la suite, nous tenterons d’obtenir l’appui de civilistes et d’étendre le concept à d’autres cantons. » La balle est donc dans les mains des autorités fédérales et cantonales. A elles d’encourager ce type d’initiative pour faciliter la coexistence entre le loup et l’humain.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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