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Retour à pas de loutre
La loutre en 7 images
Découvrez en images différentes facettes de la loutre : record poilu, menu un poil monotone, crottes de miel ou encore ennemi n°1.
Découvrez en images différentes facettes de la loutre : record poilu, menu un poil monotone, crottes de miel ou encore ennemi n°1.
Autrefois partout!
Pas si exigeante, la loutre. Il y a un siècle, on la trouvait partout où il y avait de l’eau... et du poisson! Son passage a même été attesté dans des rivières souterraines de Bourgogne et d’Auvergne. Et le long du littoral ? La loutre européenne fréquente les côtes et certaines îles, mais, contrairement à sa cousine la grande loutre de mer du Pacifique, elle a besoin d’eau douce pour rincer sa fourrure après un bain salé.
Le domaine vital d’un individu est très variable mais souvent immense. Celui d’un mâle chevauche celui de deux ou trois femelles. En rivière peu poissonneuse de montagne, une loutre peut occuper jusqu’à 40 km de rives. Ailleurs, la moitié en général suffit. Sur la côte, comptez 10 km de rivage et dans les marais 20 km 2.
Pelage absolu
En entraînant son piégeage, la fourrure exceptionnelle de la loutre a contribué à sa perte. Ce manteau aux propriétés uniques est un must pour maintenir une température corporelle constante dans l’eau... même en plein hiver. On compte ainsi jusqu’à 80’000 poils par centimètre carré. Un record absolu que seule la loutre de mer dépasse. C’est trois fois mieux que le castor et deux fois plus que le renard polaire.
Les poils de bourre protègent du froid. Et les poils de jarre, plus longs et plus épais, isolent de l’eau. Une structure microscopique particulière des écailles qui les couvrent augmente encore leur pouvoir isolant. Mais cette prodigieuse tenue de plongée est fragile. Toute blessure ou salissure d’un polluant peut provoquer le refroidissement et donc la mort de leur propriétaire.
Du poisson chaque jour
La loutre est aux trois quarts piscivore. Mais elle complète volontiers son menu avec des amphibiens et des invertébrés aquatiques. En réalité, c’est la disponibilité des proies qui dicte le régime alimentaire selon les saisons, les régions et les habitats. Les anguilles représentent par exemple la moitié de la biomasse consommée dans les marais des régions atlantiques. Dans une rivière des Cévennes, ce sont les goujons et les barbeaux qui atteignent cette proportion. Plus en amont, la truite devient la proie principale. De manière générale, la loutre préfère capturer des poissons de fond ou d’herbiers, plutôt que des espèces de pleine eau.
Dans certaines régions de Bretagne, les rongeurs peuvent constituer un quart du menu et les oiseaux à peine moins. Et parfois, la loutre se concentre sur les écrevisses invasives américaines que l’on peut retrouver dans 80% de ses épreintes.
Voiture ennemie
Lorsque la loutre sort de l’eau pour contourner un pont ou un barrage, elle doit s’aventurer sur des routes dangereuses. En Vendée par exemple, 121 loutres ont été retrouvées écrasées sur des routes entre 2000 et 2008! Aujourd’hui, la voiture semble être devenue l’ennemi numéro un pour notre mustélidé amphibie.
Que dire alors des polluants comme les polychlorobiphényles (PCB) ou le mercure qui s’acumulent dans les graisses d’un prédateur situé tout en haut de la pyramide alimentaire ? Il y a 30 ans, on pensait qu’ils avaient une lourde responsabilité dans le déclin de la loutre. Aujourd’hui, certains scientifiques en doutent. Car son retour dans certaines eaux polluées pose question. Ces composants affectent probablement la reproduction du mammifère mais à quel degré ?
Quoi qu’il en soit, dans les méandres incertains de son retour encore fragile, quelques autres pièges attendent la fée de l’onde: filets et nasses de pêche, braconniers occasionnels ou anticoagulants tue-rongeurs.
Crottes de miel
On donne un nom particulier aux crottes de loutres: quel privilège! Les épreintes, du latin exprimere qui veut dire « faire sortir en pressant », sont des fèces mêlées de musc. Le mammifère les dépose sur des points stratégiques: rochers, troncs, lieux de passages, buttes herbeuses, mottes. Leur fonction est double: territoriale vis-à-vis des concurrents et sexuelle vis-à-vis d’un partenaire potentiel. Mâle et femelle les utilisent pour marquer les limites du territoire et la proximité des gîtes. Elles contiennent en général des restes peu digérés de poissons, amphibiens ou crustacés. Mais surtout, elles dégagent une odeur typique.
Tonnerre, des cacas qui sentent bon! Leur odeur est souvent comparée au parfum du miel de châtaignier ou de l’huile de lin. Ils sont d’abord plutôt verts quand ils sont frais, puis noirs et enfin grisâtres en se dégradant. Leur forme et leur taille varient d’un amas de quelques millimètres d’épaisseur à un gros boudin de plusieurs centimètres de long.
Amours toujours!
La saison des amours ? Connaît pas! La loutre peut se reproduire en tout temps. C’est à peine si l’on note un pic d’activité nuptiale au printemps. On a simplement observé que l’abondance de nourriture peut déclencher les festivités. Mâle et femelles ne se côtoient que quelques jours. La polygamie est de règle chez les mâles mais parfois aussi pour leurs partenaires.
Après une gestation de deux mois, la femelle met bas entre un et trois jeunes dans la catiche, joli nom donné au terrier de reproduction. Les loutrons restent avec elle un peu moins d’un an, le temps de se familiariser avec leur terrain de chasse et de devenir des pêcheurs avertis. Vient ensuite pour eux le moment périlleux de trouver leur territoire. Cette aventure peut les mener à plusieurs dizaines de kilomètres. Une grande partie de la reconquête des rivages autrefois désertés est assurée par ces jeunes ados conquérants.
Olympique!
Un petit mammifère ? Pas vraiment! La loutre est longue comme deux fouines et pèse l’équivalent de trente hermines, soit 100 à 120 cm, dont un tiers pour la queue, pour 6 à 9 kg. En général, la femelle est plus petite que le mâle.
Les yeux, les oreilles et les narines sont alignés au sommet du crâne pour lui permettre de respirer et de surveiller sans trop sortir de l’eau. Son angle de vision est orienté vers le haut, histoire de repérer ses proies par-dessous pendant ses plongées mais aussi pour bien surveiller les rives. Sous l’eau, la courbure de son cristallin s’adapte à la réfraction aquatique et ses oreilles et ses narines se ferment.
Ce mustélidé nage sous l’eau par impulsion de l’arrière de son corps fuselé. Plaquées contre le thorax, ses pattes avant lui donnent une silhouette typique de mammifère aquatique. Quant à ses membres postérieurs, ils prolongent à l’arrière son corps, une adaptation poussée à l’extrême chez les otaries et les phoques. Enfin, ses mains rigides pourvues de longs doigts palmés agissent comme des nageoires.
On a mesuré la nageuse à des vitesses de 6 km/h, soit à peine moins qu’un champion olympique. Sur terre, elle n’en est pas maladroite pour autant. On lui connaît des sauts en longueur de 1,60 m et des sprints de près de 40 km/h.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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