Dans le Doubs un maire lutte contre les pesticides
Comme d’autres élus à travers la France, le maire de Nans-sous-Sainte-Anne combat les pesticides malgré la résistance de l’Etat.
Comme d’autres élus à travers la France, le maire de Nans-sous-Sainte-Anne combat les pesticides malgré la résistance de l’Etat.
Une foule d’une centaine de personnes est réunie ce 14 novembre devant le tribunal administratif de Besançon. Sous la pluie fleurissent les pétales rouges du mouvement Nous voulons des coquelicots. Parmi les militants, un homme porte l’écharpe bleu-blanc-rouge de la République. Emmanuel Cretin, maire du joli petit village de Nans-sous-Sainte-Anne, doit défendre son arrêté communal anti-pesticides contre le préfet du Doubs, représentant de l’Etat. Le cortège suit l’élu déterminé jusque dans la salle d’audience, où les arguments des deux parties sont échangés. « Je ne me fais pas trop d’illusions, mon arrêté sera probablement suspendu par le tribunal, comme tant d’autres avant celui-ci », se désole Emmanuel Cretin. Ses craintes sont confirmées deux jours plus tard, lorsque le jugement suspend l’application du texte interdisant l’usage de tout produit phytosanitaire sur les 885 ha de cette commune où coule le Lison, entouré de grandes falaises calcaires.
Pourtant, le maire n’a pris personne par surprise et a joué toutes les cartes de la démocratie. « Mon arrêté du 1er octobre dernier a été pris après un avis favorable à l’unanimité du conseil municipal, souligne fièrement le représentant local de la République, et cela fait plusieurs années que les pratiques et la sensibilisation des habitants vont dans ce sens à Nans-sous-Sainte-Anne. »
Sur le fond, rien à redire non plus. Le maire affirme vouloir prendre soin de ses administrés, invoquant les forts enjeux de santé publique liés aux pesticides reconnus par les scientifiques. Selon lui, l’Etat manque à son devoir sur le principe de précaution et minimise le dangereux effet cocktail de toutes les molécules chimiques très peu biodégradables déversées dans l’environnement.
“Il y avait des paysans et des lycéens pour me soutenir.
„
Mais Emmanuel Cretin voit plus loin que son territoire et ses habitants. Bienveillant, il vise l’intérêt général et la santé des 80 000 touristes qui visitent chaque année les sources du Lison et autres atouts du village. L’élu veille également sur les alentours de sa commune, située dans un environnement karstique très perméable. Un produit polluant déversé ici à la source a toutes les chances de ruisseler dans les bassins versants de la Loue et du Lison, et bien au-delà encore. Enfin, sa motivation est tout autant animée par son attachement à la biodiversité de sa région, la grande oubliée des débats politiques et des considérations étatiques. « Pour me soutenir au tribunal, il y avait des paysans et même des lycéens qui ont raté les cours ! », sourit Emmanuel Cretin. Autre raison de ne pas perdre espoir selon lui : en région parisienne, le préfet des Hauts-de-Seine n’a pas réussi à convaincre la justice de suspendre les arrêtés anti-pesticides de deux communes. Des précédents qui vont sûrement compter.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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