Bronzette hivernale chez les phoques
Terrain de jeu des marées, le littoral de la Manche abrite la plus grande population de phoques du pays. Sortie avec Stéphane Bouilland, passionné de ces nounours de mer.
Terrain de jeu des marées, le littoral de la Manche abrite la plus grande population de phoques du pays. Sortie avec Stéphane Bouilland, passionné de ces nounours de mer.
Le soleil est encore loin d’être levé lorsque je quitte la maison pour rejoindre la baie d’Authie à Berck-sur-Mer dans le Pas-de-Calais. C’est l’un de ces jours où la marée basse et l’aube coïncident pour offrir une douce lumière sur les bancs de sable qui servent de reposoirs aux phoques. La météo radieuse promet de belles images. Je cède à l’envie d’ajouter quelques clichés de ces sympathiques mammifères à ma collection. Leurs mimiques expressives, leur caractère placide et leur air de nounours en ont fait les mascottes de la région et l’un des principaux attraits touristiques. Pourtant, ces animaux sympathiques ont été décimés par les chasseurs au XXe siècle. Heureusement, grâce à des mesures de protection, ils recolonisent peu à peu les côtes des Hauts-de-France depuis 1972.
La vie des phoques est réglée par les marées. Lorsque la mer est haute, ils se dispersent et vont pêcher, soit dans la baie, soit dans la Manche, parfois jusqu’à 60 km des côtes. Ils redeviennent grégaires lorsque la marée descendante laisse émerger les bancs de sable sur lesquels ils viennent se dorer la pilule... Ces temps de repos leur sont indispensables pour synthétiser la vitamine D nécessaire à la mue, mais aussi pour stocker la graisse qui sert de réserve d’énergie. Interdiction de les déranger.
A mon arrivée, certains phoques somnolent déjà dans des positions parfois improbables, jetant de temps en temps un œil vigilant. D’autres les rejoignent en sortant des flots, prenant leur élan pour atteindre le sable et ramper jusqu’à trouver une place dans le groupe.
Les meilleurs moments pour les photographier ? Lorsque les phoques émergent ou quand la marée les déloge. Entre-deux, ces mammifères marins ne font que dormir. Le challenge consiste donc à saisir les rares instants où ils sont en action. Par chance, les jeunes entament de temps à autre des simulacres de combat. Le plus souvent, il s’agit de mâles qui s’entraînent avant la période de reproduction ou de jeux de séduction entre mâles et femelles. On se pousse du poitrail, on se grimpe dessus, on se mordille, mais tout cela très lentement. Parfois, cela ressemble plutôt à une partie de chatouilles…
Ce matin de janvier, il fait si froid que les phoques fraîchement sortis de la mer fument sur les bancs de sable. La vapeur qui s’échappe de leur pelage au fur et à mesure qu’ils sèchent se condense dans l’air hivernal, en formant une jolie brume embrasée par le soleil levant. Une fois de plus, la baie se sera montrée généreuse avec le photographe amoureux de nature.
Air de phoque
Deux espèces de pinnipèdes cohabitent sur le littoral de la Manche et de la mer du Nord : le phoque gris et le phoque veau-marin.
A l’âge adulte, le premier est généralement de taille plus imposante que le second, avec 3 m de long et 250 kg pour le phoque gris mâle. Dans l’eau, les deux espèces se reconnaissent au profil. Le veau-marin a une tête ronde, un museau court avec un décrochement bien marqué avec le front, des narines en forme de V et deux trous auditifs bien visibles. Le phoque gris a un museau allongé dans le prolongement du front et des narines parallèles. A vos jumelles !
La différence entre ces deux espèces en vidéo.
Irrésistible curiosité
Il est très important de garder ses distances avec les phoques qui se reposent sur les bancs de sable. La période la plus critique est l’été, quand les femelles sont accompagnées de leurs petits. La fuite intempestive des animaux provoque des séparations qui condamnent les jeunes non sevrés. Mais dans l’eau, lorsqu’ils se sentent en sécurité, les phoques approchent parfois l’observateur à quelques mètres, poussés par leur nature curieuse. Mouvements lents et prudence permettent alors de vivre des épisodes inoubliables.
Stéphane Bouilland
Le Picard Stéphane Bouilland habite près de la baie de Somme depuis qu’il a décroché son emploi d’ingénieur hospitalier à Berck-sur-Mer. L’inspiration première de cet auteur photographe ? Les paysages de la Manche, si différents au gré des marées, des saisons ou des heures de la journée, ainsi que les lumières de la baie de Somme.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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