Manon Billard et Lucas Mugnier, photographes des oiseaux côtiers
Tantôt océan déchaîné, tantôt mer d’huile, l’Atlantique change sans cesse de visage. C’est le terrain de jeu favori des photographes Manon Billard et Lucas Mugnier.
Tantôt océan déchaîné, tantôt mer d’huile, l’Atlantique change sans cesse de visage. C’est le terrain de jeu favori des photographes Manon Billard et Lucas Mugnier.
Depuis quelques jours, un bruit sourd retentit au loin. Même à plusieurs kilomètres du rivage, le grondement des vagues se fait entendre. Il nous rappelle qu’au-delà des forêts de pins règne l’immense océan Atlantique. Après avoir immortalisé des ciels tempétueux, nous attendons la fenêtre météo propice pour photographier des oiseaux survolant les eaux agitées dans les lueurs chaudes de la fin de journée.
Durant cet automne 2020, nous nous intéressons en particulier aux petits échassiers, mouettes et goélands hivernant sur les plages des Landes. Nous optons comme souvent pour des cadrages larges afin de mettre en scène l’animal dans son milieu naturel. Cet après-midi de novembre, toutes les conditions sont enfin réunies : de grosses vagues, des oiseaux et surtout un léger voile nuageux qui diffuse une lumière douce sur l’ensemble du paysage.
Au large, nous repérons des fous de Bassan en pleine pêche. Sur la plage, un groupe de bécasseaux sanderling entame son amusant ballet. Lorsque l’eau se retire, ces minuscules limicoles courent en la suivant de près pour débusquer des mollusques et des vers dans le sable humide. Ces voyageurs rondouillards venus du Grand Nord n’ont que quelques secondes avant de se presser dans l’autre sens pour éviter la prochaine déferlante.
Dans les embruns, Manon devine aux jumelles quelques nageoires dorsales, probablement celles de grands dauphins... Le temps passe, le soleil décline et l’horizon baigne dans une lumière d’or. Notre attention se porte alors sur des goélands qui survolent les flots tumultueux. C’est précisément cette ambiance magique que nous recherchions ! Ni une ni deux, nous ajustons nos réglages pour capter au mieux l’instant. La mise au point est délicate car les oiseaux disparaissent au creux des vagues pour réapparaître 10 m plus loin, le tout à pleine vitesse. Heureusement, les occasions sont nombreuses. L’astuce est finalement d’anticiper l’endroit où le goéland s’élèvera à la verticale et de cadrer au préalable.
Deux heures plus tard, la nuit est tombée et nos sujets ont quitté la scène. Assis sur le sable, nous regardons les images sur l’écran de nos boîtiers. L’une d’elles retient immédiatement notre attention : trois vagues successives et un goéland net, idéalement placé. Le sourire aux lèvres, nous restons un moment à contempler la lune qui se lève derrière les dunes. La nuit s’annonce claire et le vent a cessé. Seul le doux son du ressac brise le silence nocturne. Il semblerait que les éléments se soient accordé un peu de répit…
Contre vents et marées
Les bourrasques chargées de sable et d’embruns peuvent mener la vie dure au photographe. Pensez à protéger votre matériel à l’aide d’une housse antipluie qui peut se bricoler avec un sac-poubelle et un élastique. Des vêtements imperméables sont aussi essentiels pour ramper sur la plage, unique méthode permettant d’approcher les oiseaux sans risque de les déranger. Allongé au sol, il sera vite pénible de maintenir l’objectif en position. Un petit coussin en guise de trépied sera le bienvenu et réduira également le flou de bougé. Un sac de tissu rempli de noyaux de cerises fera parfaitement l’affaire. Enfin, prenez garde à la marée, une vague un peu plus forte pourrait vous surprendre !
Surfeurs des airs
La plupart des oiseaux marins ont développé des techniques de vol très efficaces, adaptées aux fortes variations des conditions météorologiques. Les puffins et les fous de Bassan sont des experts en la matière, défiant les éléments avec une aisance déconcertante. Les goélands ne sont pas en reste. En utilisant les vents dominants à la surface de l’océan, ils montent en pointe à plusieurs mètres au-dessus de l’eau puis redescendent pour gagner en vitesse, réduisant ainsi leurs dépenses énergétiques. Ces mouvements oscillants d’une grande élégance démontrent une agilité remarquable, à rendre jaloux les adeptes de planche à voile !
Manon Billard et Lucas Mugnier
Nés en 1996, Manon et Lucas sont biologistes et photographes passionnés par le monde sauvage. Pour illustrer l’importance de la préservation des espaces naturels, leurs images privilégient l’environnement de l’animal plutôt que la recherche du gros plan.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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