Comment les marées fonctionnent-elles ?
Depuis la nuit des temps, la mer impose son rythme quotidien aux habitants du littoral. Explications.
Depuis la nuit des temps, la mer impose son rythme quotidien aux habitants du littoral. Explications.
Deux fois par 24 heures, tous les jours de l’année, la marée couvre et découvre une vaste frange du littoral, obligeant les êtres qui y vivent à s’adapter pour ne pas mourir. A l’origine du phénomène ? Des forces prodigieuses, universelles et indomptables, qui prennent naissance à des millions de kilomètres…
La Lune et le Soleil
Au IVe siècle av. J.-C., le marin grec Pythéas soupçonne l’influence de la Lune et du Soleil dans le phénomène des marées, et il a raison. C’est la force d’attraction exercée par les astres qui actionne la gigantesque machinerie des océans.
La Lune joue le premier rôle, en gonflant les mers de chaque côté de la Terre. Le Soleil, plus gros mais beaucoup plus éloigné, a une influence deux fois moindre. Mais la Terre a aussi son mot à dire. En tournant sur elle-même, elle met en jeu des forces colossales qui retiennent l’eau à sa surface. Les marées sont la résultante de ce bras de fer millénaire.
Marées mortes
Si 12 heures environ s’écoulent entre deux marées hautes, le niveau atteint par la mer varie de jour en jour. Les pêcheurs et les vacanciers qui aiment fouiller le sable et les rochers à marée basse, le savent : l’œil rivé sur la table des marées disponible dans les commerces sous forme de calendrier, ils attendent que la mer se retire au plus bas.
L’amplitude des marées, qui oscille entre des coefficients minimum de 20 et maximum de 120, est directement liée aux phases de la Lune. Les marées les plus faibles, dites de mortes-eaux, correspondent aux premier et dernier quartiers lunaires, lorsque la Lune est perpendiculaire à l’alignement de la Terre et du Soleil. Les forces d’attraction exercées par la Lune et le Soleil s’opposent alors, car chacun des deux astres tire vers lui la couverture des océans.
... ou marées vives
A l’inverse, quand la Lune et le Soleil sont alignés, lors de la pleine et de la nouvelle lune, les forces s’additionnent et se traduisent sur le littoral par de grandes marées, dites de vives-eaux.
Les marées les plus fortes se produisent aux équinoxes de printemps et d’automne. La mer découvre alors de larges franges de rochers inaccessibles le reste de l’année.
D’une mer à l’autre
Les marées sont aussi influencées par des paramètres exclusivement terrestres comme la météo, la profondeur des fonds marins, l’orientation et le relief des côtes.
La Méditerranée, qui fonctionne en vase clos, a des marées à peine perceptibles. La différence de niveau entre une marée haute et une marée basse consécutive n’y est que de 40 cm, alors qu’en baie du Mont-Saint-Michel, sur les côtes de la Manche, elle peut localement dépasser 12 mètres en vives-eaux. Les côtes atlantiques tirées au cordeau se situent plus ou moins à mi-chemin entre ces deux extrêmes. Les végétaux et les animaux marins se sont adaptés à ces différentes situations : les espèces rencontrées diffèrent selon que l’on se trouve sur l’une ou l’autre de ces façades littorales.
Rochers hors de l’eau en permanence, sauf lors des grandes marées : c’est l’étage des lichens.
Rochers couverts et découverts par la mer deux fois par jour : c’est l’étage des varechs.
Rochers dans l’eau en permanence, sauf lors des grandes marées : c’est l’étage des laminaires.
A chacun son étage
Qu’elle soit rocheuse, sableuse ou vaseuse, la frange de littoral soumise au battement des marées porte le nom d’estran. Les espèces animales et végétales s’y répartissent de haut en bas selon leur aptitude à supporter une émersion plus ou moins prolongée.
Tout en haut, sur les rochers hors d’atteinte des marées normales, les lichens Xanthoria parietina et Caloplaca marina forment une ceinture jaune visible de loin. En dessous, une bande noire évoque une pollution aux hydrocarbures : c’est l’œuvre de Verrucaria maura, un autre lichen.
Plus bas, dans la zone que la mer couvre et découvre habituellement deux fois par jour, apparaissent les balanes, petits crustacés coniques, et les premières algues **brunes**.
D’abord le varech ou fucus spiralé, qui tolère bien la sécheresse et la pluie, puis le varech vésiculeux et le varech denté.
Tout en bas, les rochers immergés en permanence sauf lors des grandes marées sont le domaine des crabes et des laminaires. Ces immenses algues cramponnées à la pierre se déploient en larges rubans qui ondulent au gré des courants.
Admirez l'algue verte Dunaliella salina qui dévoile de subtiles teintes roses avec les photos aériennes de Thierry Vezon.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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