Mission Apollo : sous les ailes du papillon

Adepte des immersions naturalistes en montagne, le photographe drômois Cyrille Grillère s’est laissé charmer par un papillon aussi élégant que menacé. Eclos de cette fascination, voici six portraits de l’apollon.

Portrait de Cyrille Grillère — © Cyrille Grillère / Photographe naturaliste dans la Drôme / grillerecyrille.wixsite.com / Instagram @cyrillegrillere

Le photographe drômois Cyrille Grillère est l'auteur de ce portfolio sur le papillon Apollon. Il nous raconte où il puise son inspiration et comment son travail a évolué au fil des années.

«J’arpente depuis toujours les montagnes et les forêts des Alpes, et plus particulièrement le massif du Vercors, livre ouvert sur mes souvenirs d’enfance. Souvenirs des sous-bois humides et ombragés, des sapins arborant leurs magnifiques cheveux d’ange, des odeurs d’humus, des chants retentissants des chouettes dans un silence monastique. Je revois encore les fourmilières plus hautes que je ne l’étais. J’allais sillonner ces sentiers, contemplatif et discret, à la rencontre d’ambiances, de lumières et de détails qui déclenchent en moi une émotion.

Plus tard, la vingtaine passée, je me suis essayé à la photographie. Pendant mes études en géologie et protection de la nature, cet outil incroyable m’a permis de retranscrire par l’image mes rencontres animales et végétales. Avec le temps, la détermination a laissé la place à un style plus esthétique, le graphisme, les ambiances de cette nature splendide. C’est un terrain de jeu créatif et émotionnel sans limites.

J’ai peaufiné ma pratique dans les Alpes suisses, au Val de Bagnes, durant quelques années passées auprès des vaches d’Hérens comme berger d’alpage. Aujourd’hui, je continue de me balader en forêt, guettant mon fils qui s’essaie aussi à la photographie.»

Le saviez-vous ?

L’apollon est protégé dans plusieurs régions et pays. Il vit dans les milieux secs, pierreux et à sol maigre. Il occupe les montagnes entre 400 et 2 400 m d’altitude, mais s’épanouit davantage entre 1 000 et 1 800 m.
Parnassius apollo peut mesurer 6 à 9 cm d’envergure. Ses ailes blanches poudrées de gris arborent des dessins et ocelles noir et rouge. Au verso, l’absence d’écailles les rend translucides.
L’apollon adulte affectionne le nectar des centaurées, chardons, scabieuses et autres fleurs des pelouses. La plante hôte de la chenille est l’orpin blanc (Sedum album), un petit végétal succulent appelé abusivement plante grasse et qui forme des tapis denses sur les sols rocailleux.

Toutes les photos d’apollon de ce portfolio ont été réalisées dans le sud du massif du Jura, dans l’Ain. Dans ces reliefs modestes, cette espèce relique des temps glaciaires est en danger d’extinction du fait du changement climatique.