Le mouflon venu d’ailleurs
Le massif du Caroux, dans l’Hérault, est célèbre pour ses mouflons de Corse. Balade sur les traces du beau cornu.
Le massif du Caroux, dans l’Hérault, est célèbre pour ses mouflons de Corse. Balade sur les traces du beau cornu.
Le groupe est encore sur le parking de Douch que Fabien Bringuier, le guide naturaliste de l’association Millefeuilles, dispense déjà ses connaissances botaniques avec humour. Sans la montrer, il fait sentir une fleur à chacune et chacun avec un sourire en coin. « Alors, ça sent quoi ? » Personne n’ose répondre, alors je me lance : « ça sent le sperme. » « Exactement ! » Fabien, triomphant, nous explique que c’est l’odeur du châtaignier en fleur dont un majestueux représentant se penche au-dessus des voitures bien alignées.
Handicap compatible
Non loin, Julien Gurrera, de l’association Escapeo, s’active au montage d’un engin bien particulier : une joëlette. « Ce fauteuil monoroue tout terrain est spécialement conçu pour randonner avec des personnes à mobilité réduite », précise-t-il. Aujourd’hui, nous accueillons en effet Nathan, qui, en dépit de son handicap, pourra ainsi profiter comme nous des sentiers. Bien installé dans son siège, le jeune homme est prêt à grimper la côte qui va nous emmener dans le massif du Caroux. Une idée entêtante flotte dans l’esprit de chacun « Verrons-nous des mouflons ? » L’ongulé escalade en effet les rochers escarpés de cette montagne de l’Hérault. Mais que fait une espèce endémique de Corse sur le continent ?
Suivre les indices
Dans les années 1950, on s’inquiète pour la population de mouflons de l’Ile de beauté, en fort déclin. Pour assurer la conservation de l’espèce, décision est prise d’introduire 19 individus, nés en captivité, dans le Caroux-Espinouse. Les descendants de ces pionniers seraient aujourd’hui entre 1500 et 4000. Le chiffre fait débat ! Ce qui n’empêche pas la chasse sur cette espèce, notamment pour le trophée que constituent les cornes des mâles.
J’écoute cette histoire en égarant mon regard dans les touches rose-violet des callunes qui colorent le paysage. Quand une odeur attire mon attention. Les narines en alerte, je regarde autour de moi mais ne découvre au sol que quelques crottes. Fabien confirme, il s’agit bien d’une laissée de mouflon. L’animal aux belles cornes arrondies fera-t-il une apparition? Appelé la petite Corse, le Caroux n’accueille pas que de grands herbivores. Sa flore à la fois méditerranéenne et montagnarde titille sans cesse mon œil curieux. Hêtres trapus et myrtilliers côtoient la bruyère arborescente et le genêt purgatif aux brillantes fleurs jaunes. Arrivés sur le plateau, nous traversons la lande avant de nous engager dans une tourbière. Nathan émet régulièrement de petits cris joyeux. Sans aucun doute, lui aussi se réjouit de découvrir cet écosystème remarquable.
Timide mais vorace
La joëlette roule précautionneusement sur les pontons de bois. Soudain Fabien s’agenouille. On dirait qu’il va plonger dans les sphaignes, ces plantes typiques des tourbières, véritables éponges qui retiennent l’eau et forment la tourbe. « Là, un droséra ! » Nous nous agglutinons autour de lui pour observer de près la célèbre plante carnivore. Elle n’a rien de la prédatrice géante aux dents acérées que notre imaginaire en a fait. Discrète, minuscule, elle déploie de petits appendices gluants qui servent à capturer les insectes.
Rencontre furtive
Au sortir de la tourbière, nous entrons dans une forêt de pins sylvestres avant de déboucher sur le bord d’une falaise. La vue sur la vallée de l’Orb est à couper le souffle. Depuis le promontoire, nous admirons le paysage quand un murmure parcourt le groupe. « Là-bas, des mouflons ! » Quelques jeunes animaux arpentent prestement les rochers. Leurs cornes ne forment pas encore les créoles emblématiques de leur espèce. Ils courent, se retournent un instant vers nous, puis reprennent leur route. Nous restons silencieux, le sourire aux lèvres.
Dans la tourbière, admirez les droséras, linaigrettes et orchidées du genre Dactylorhiza, qui aiment vivre les pieds dans l’eau.
Les gros rochers plats accueillent les bains de soleil du lézard vivipare.
Magnifique vue sur la vallée de l’Orb et point d’observation idéal des mouflons et des rapaces.
L’aigle royal est un hôte fréquent du Caroux, n’oubliez pas de lever les yeux au ciel!
Distance: 8 km ; Dénivelé: 310 m de montée ; Durée: 3h
Variante : Distance: 3 km (trajet simple) ; Dénivelé: 28 m de montée ; Durée: 1h00
Votre itinéraire
- (1) Depuis le parking de Douch, emprunter la montée puis suivre les deux larges lacets que forme le chemin.
- (2) Prendre la direction de la Tourbière de la Lande qui se traverse sur des pontons en bois.
- (3) A la Jasse de Joucla, suivre le sentier sur la droite qui s’enfonce sous la futaie de pins.
- (4) Traverser la forêt jusqu’à déboucher sur la falaise et la table d’orientation du mont Caroux.
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(5) Dos à la table d’orientation, prenez le sentier à gauche vers le refuge de Font Salesse
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(6) S’engager à gauche sous la hêtraie et continuer jusqu’au hameau de Douch afin de rejoindre le parking.
Variante
- (2bis) Au lieu de traverser la tourbière, rester sur le sentier qui continue à gauche. Gagner la tour (point culmiant du Caroux à 1091 m) puis continuer.
- (3) A l’intersection, prendre le sentier à droite vers la Jasse de Jouclas.
Accès en voiture
Douch à 52 km de Béziers par la D909.
Matériel & règles d’or
- Ne pas marcher sur la tourbière dont la flore est très sensible au piétinement. Rester sur les pontons qui la traversent.
- Si vous avez la chance d’observer un mouflon, restez silencieux et discret pour éviter tout dérangement.
Manger & dormir
Gîte communal René Magnaldi de Douch. Mairie de Rosis, 04 67 23 60 73, mairie.rosis@wanadoo.fr, rosis-languedoc.fr
Auberge des Avels à Rosis, 09 88 66 25 74, contact@auberge-des-avels.com
Compléments week-end
Gorges d’Héric: Gouffres, cascades et baignade sont au programme dans le site enchanteur des gorges d’Héric. Nombreuses randonnées possibles.
Forêt domaniale de l’Espinouse: S’étendant sur plus de 5000 ha, cette forêt ancienne vaut le détour. Composée de multiples essences, elle s’ouvre par endroits sur de vastes landes couvertes de callunes et de genêts.
Lamalou-les-Bains Comme son nom l’indique, ce village est connu pour ses eaux. Quinze sources s’égaillent le long de la faille géologique qui traverse le vallon. Bains et soins thermaux sont évidemment de rigueur.
Pont du Diable: L’un des plus vieux ponts médiévaux français, ce joyau roman enjambe l’Hérault à l’entrée de ses gorges. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le site est d’une grande beauté.
www.saintguilhem-valleeherault.fr/site-du-pont-du-diable
Balade sur les tracesdu tarier des prés dans le canton de Fribourg.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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