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La salamandre pour de vrai

Un champignon menace la salamandre de disparition

Un champignon tueur va-t-il éradiquer salamandres et tritons dans toute l'Europe ? La résistance s'organise.

Un champignon tueur va-t-il éradiquer salamandres et tritons dans toute l'Europe ? La résistance s'organise.

C'est un cauchemar. Depuis 2008, presque toutes les salamandres tachetées des Pays-Bas ont mystérieusement disparu. Les scientifiques étaient désemparés jusqu'à ce que des vétérinaires persévérants de l'université belge de Gand identifient le coupable en 2013 : un champignon microscopique baptisé Batrachochytrium salamandrivorans, parce que ce pathogène redoutable dévore littéralement la peau des salamandres et celle des tritons. Partout où il débarque, il extermine ces amphibiens en deux ou trois ans, sans disparaître pour autant : ses spores virulentes subsistent dans l'eau et la terre. Il infecte aussi d'autres espèces, crapauds ou grenouilles, sans les tuer… les rendant ainsi porteurs sains de ce véritable fléau.

A ce jour, la mycose a été signalée en Belgique et progresse pareillement dans l'ouest de l'Allemagne avec chaque fois les mêmes terrifiantes conséquences. Originaire d'Asie du Sud-Est, Bsal comme on le surnomme désormais est très probablement arrivé en Europe dans la peau de tritons exotiques. Car la terrariophilie est un business planétaire qui favorise terriblement la dissémination des maladies. Et les Hollandais comme les Belges et les Allemands sont particulièrement accros aux élevages d'amphibiens de toutes sortes.

Plusieurs pays sont en train de mettre en place des monitorings des populations sauvages et les contrôles sanitaires se multiplient auprès des terrariophiles. En attendant une interdiction du commerce de ces animaux, les naturalistes sont fortement incités à désinfecter régulièrement leur matériel, bottes et chaussures y compris, pour ne pas participer à la propagation de la maladie. A part cela, une population de salamandres est toujours indemne à 800 mètres de l'un des premiers lieux infectés.
Espérons que le morcellement important des habitats favorables aux amphibiens ait au moins l'avantage de limiter l'expansion de cette peste.

Mort subite

Le système immunitaire des salamandres et des tritons européens est regrettablement inefficace face à Batrachochytrium salamandrivorans. Le champignon provoque des ulcérations de la peau de plus en plus nombreuses et profondes, puis une perte d'appétit, une apathie générale, des troubles nerveux généralisés et la mort au bout d'une ou deux semaines.

Une véritable peste

Faute d'informations suffisantes pour connaître sa vitesse de propagation, voici les différents lieux où Batrachochytrium salamandrivorans a sévi jusqu'ici avec les dates d'apparition. En Allemagne, tritons et salamandres sont par exemple en train de disparaître du massif de l'Eifel et de la région d'Essen. Par ailleurs, la maladie a aussi frappé chez des terrariophiles britanniques, ce qui montre combien l'épidémie peut vite s'étendre à d'autres pays.

Commerce incontrôlé

Cynops orientalis
Cynops orientalis / © Mattia Dantonio / Alamy

Compte tenu de l'épidémie qui attaque tritons et salamandres en Europe, les Etats-Unis ont récemment interdit toute importation d'urodèles sur leur territoire dans l'espoir de préserver leur très riche faune locale. Vivement que les pays européens les imitent. Hélas, dans tous les cas, le commerce d'animaux prisés par les terrariophiles comme ce Cynops orientalis est hautement lucratif, surtout quand il concerne des transactions illégales. Malheureusement, dans ce domaine aussi, Internet a infiniment facilité les choses.

Règles d'or

  • Ne pas participer au trafic international souvent illégal des amphibiens.
  • Ne jamais relâcher dans la nature ou déplacer des amphibiens.
  • Signaler tout amphibien découvert mort, en particulier salamandre ou triton, à la hotline de son pays (> bsaleurope.com).
  • Désinfecter régulièrement son matériel de prospection.

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La salamandre pour de vrai

Couverture de La Salamandre n°248

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 248  octobre - novembre 2018, article initialement paru sous le titre "Mycose en cause"
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