© Laurent Willenegger

Cet article fait partie du dossier

L’automne des mammouths

Silhouettes de mammouths sous la lune

Faire un vœu, celui de rencontrer bientôt les colosses laineux, maîtres de ce monde. Imaginer la lune pour éclairer la scène.

Faire un vœu, celui de rencontrer bientôt les colosses laineux, maîtres de ce monde. Imaginer la lune pour éclairer la scène.

Tandis que les ombres des bêtes s'allongent, une lumière rasante rehausse d'or les herbes. La steppe déploie une mosaïque de couleurs et de textures subtilement déterminées par la nature du sol, par son relief, par l'agencement des plantes qui la composent et par la manière dont les herbivores l'ont ou non pâturée. Cela sent la menthe, l'absinthe ou le génépi. Cette végétation disparue, extrêmement diversifiée et fertilisée par la poussière des glaciers, mêle des plantes que l'on retrouve aujourd'hui dispersées dans les Alpes, le Grand Nord, les steppes d'Asie centrale et les rivages arides de la Méditerranée.

L'heure du soleil rouge

Par endroits, les graminées forment un tapis dense, régulier. On devine à peine quelques passages de bêtes. Ici, les herbes croissent en touffes régulières qui rythment les ondulations du terrain. Là, il n'y a plus que des chaumes écrasés et d'énormes crottes. Un oiseau, traquet motteux ou alouette haussecol, s'est perché sur un de ces promontoires.
Comment savoir à quoi ressemblaient vraiment nos paysages familiers en ces temps anciens ? Question difficile. La steppe allait et venait selon les oscillations des glaciers. Quand ceux-ci avançaient, elle se transformait en toundra pelée avant de disparaître engloutie. Un redoux et des bouleaux et des saules la ponctuaient de-ci, de-là. Parfois, elle devenait même forêt pour quelques siècles ou millénaires.
Mais voici l'heure du grand soleil rouge. Le somptueux tapis végétal s'embrase en camaïeu fauve, rosé, brun. Des vagues de graminées jouent avec l'ombre des nuages. Une onde vivante qui attend la plongée de l'astre du jour.

Silhouettes de mammouths sous la lune
On estime que les mammouths engloutissaient quotidiennement 180 à 200 kg de nourriture, ce qui leur prenait près de 20 heures. Ils ne devaient donc s'autoriser que de courtes siestes comme ici, couchés sous la lune. / © Laurent Willenegger

Ils s'éclipsent

Au crépuscule des couleurs succède un froid sec, mordant, amené depuis les glaciers par un vent qui ne faiblit jamais. La nuit s'installe. Quelques grues lancent leurs appels sonores. Voici que s'allume la lune. Sa lumière révèle peu à peu, à l'écart de l'agitation du marais, des ombres couchées dans les herbes. Le souffle des bêtes énormes condense en panaches. On dirait des baleines endormies. Mammouths ? Elles n'ont ni trompe, ni défenses, ou alors est-ce la nuit qui a gommé leurs formes pachydermiques ? Alors que la lune disparaît sous un nuage, elles se lèvent et s'évanouissent sans faire plus de bruit qu'un chevreuil qui traverse la forêt.
Une lueur à l'est éteint la lune. Le soleil rouge est de retour. Dans un moment, la lumière sera blanche, la chaleur pesante. Deux larges ailes planent dans le ciel, un aigle pêcheur.

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L’automne des mammouths

Couverture de La Salamandre n°200

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 200  Octobre - Novembre 2010, article initialement paru sous le titre "Nuage de buée sous la lune"
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Dessins Nature

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