© Fabien Gréban

Objectif renard

Après une nuit passée à vadrouiller de crêtes en combes, le renard roux s'accorde une sieste. Une rencontre de rêve pour le photographe Fabien Gréban.

Après une nuit passée à vadrouiller de crêtes en combes, le renard roux s'accorde une sieste. Une rencontre de rêve pour le photographe Fabien Gréban.

Ce matin-là, je me tiens à l'affût en lisière d’un pâturage où j'ai rencontré plusieurs fois l'hermine et le chat sauvage. Je sais que Maître Renard passe aussi régulièrement dans le secteur.
Le froid est mordant, mais une lumière changeante me laisse espérer toute une variété d'images. Est-ce que, aujourd'hui, ma patience sera récompensée ? Mon imagination m'emporte pendant une longue attente derrière mes filets de camouflage.
Finalement, Renard passera deux fois juste devant mon affût tout en poussant un cri territorial caractéristique du rut. Un vrai régal ! Je profite évidemment de l'occasion pour réaliser plusieurs images. Heureux, je me dis déjà que le bilan de la journée est très positif. Pourtant, je ne me doute pas encore de ce qui va suivre…

Sa tête se tourne dans ma direction… Je ne respire plus.

A la mi-journée, je rentre chez moi pour me réchauffer et casser la croûte. Après le repas et malgré la fatigue, je décide de retourner dans l'affût du matin qui a si bien fonctionné.
En chemin, j’entreprends un détour. Le froid est si vif… Peut-être est-ce une excuse inconsciente pour écourter la durée de mon affût ? Je me dirige alors vers une ancienne cache pour en vérifier l'état. Une fois sur place, alors que je commence à en inspecter la structure, j'aperçois du coin de l’œil un goupil… Immobile, il roupille à quinze mètres de moi en plein milieu de la prairie !
Je m'assois alors lentement au sol, dos collé contre la paroi extérieure de l'affût. De peur de réveiller Renard, je ne prends pas le risque de bouger davantage pour rentrer dans l’affût. Les fils barbelés de la clôture me permettent d'accrocher un filet blanc devant moi. Puis, tout doucement, j'ouvre mon trépied, installe l’appareil et colle l'œil au viseur. J'attends... Je suis rassuré de voir que mes manœuvres n'ont pas perturbé le roupilleur. Au bout de quelques longues minutes, Renard se réveille. Il s'assoit en me tournant le dos. J'ose déclencher une première image. Sa tête se tourne dans ma direction… Je ne respire plus. Quelques flocons volent dans le ciel qui laisse filtrer les rayons d'un soleil de fin de journée. L'instant est magique. Je me risque à déclencher une seconde fois…

Lentement, j'éloigne l'œil de mon appareil pour mieux voir ce qui se passe devant moi.

Peu après, à ma grande surprise, Renard se recouche pour poursuivre sa sieste. Je suis comblé. Je viens de réussir une très belle image sans déranger l'animal. Mais tout s'accélère subitement. Renard semble moins serein. M'a-t-il flairé ? La position de ses oreilles a changé. Il relève la tête et regarde à l'opposé. Je redoute un dérangement humain. Lentement, j'éloigne l'œil de mon appareil pour mieux voir ce qui se passe devant moi. Et là, j'aperçois un deuxième renard qui se dirige vers le mien, toujours couché. Celui-ci se lève brusquement et prend la fuite en passant à deux ou trois mètres de moi ! Pendant ce temps, le nouveau venu poursuit tranquillement son chemin.
Finalement, je ne retournerai pas dans l'affût du matin. Je rentre chez moi, sourire jusqu'aux oreilles.

Propos recueillis par Alessandro Staehli

Bosseurs de nuit

Opportuniste bien connu, le renard roux squatte volontiers des terriers creusés par le blaireau. Moins strictement nocturne que son voisin noir et blanc, il s’observe déjà au crépuscule. Ses dernières vadrouilles ont normalement lieu avant l'aube. Puis, au dodo ! Près de l'homme, l'activité diurne du goupil est réduite au minimum. Même en pleine nature, les renards consacrent jusqu'à 90 % de leurs journées d'hiver au repos. Les siestes ont lieu dans un terrier ou parfois à découvert dans un endroit calme, mais toujours les sens en éveil. Une bonne raison pour rester sur les chemins balisés en évitant de provoquer une fuite coûteuse en énergie...

La renard attitude

La hiérarchie au sein d'un groupe de renards est habituellement établie et stable, ce qui limite les conflits. Plusieurs individus peuvent partager plus de 80 % de leur espace vital sans problème notable tant leurs rencontres seraient peu fréquentes. Les observations sur le terrain montrent que, dans 50 % des cas, un contact entre deux adultes n’entraîne aucune interaction : les deux bêtes s'ignorent simplement. Les attitudes agressives sont rares et ne mènent qu’exceptionnellement à une vraie prise de bec. La plupart du temps, l'un des deux goupils renonce spontanément à la confrontation ou s'enfuit poursuivi par l'individu dominant ou agressif.

Apprenez-en plus sur le renard dans notre dossier complet.

Objectif renard
Fabien Gréban

Fabien Gréban

faune-jura.com

  • 1977 Naissance dans le Pas-de-Calais
  • 1995 Baccalauréat à Boulogne-sur-Mer
  • 2000 Diplôme d'études supérieures en physique des matériaux
  • 2002 S'installe dans le massif du Jura
  • 2012 Photographe professionnel
  • 2014 Edition de Blanc sauvage, son premier livre
Couverture de La Salamandre n°226

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 226  Février - Mars 2015

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