Tournepierres et huîtriers, les oiseaux des plages
À marée basse, les rochers, véritables garde-manger, attirent une foule d’oiseaux marins. Rencontre avec les as du coup de bec.
À marée basse, les rochers, véritables garde-manger, attirent une foule d’oiseaux marins. Rencontre avec les as du coup de bec.
Kititit kititit kititit… Effrayée par l’approche d’un bateau à moteur, la troupe bigarrée s’envole en criant, tournoie un moment et va se poser un peu plus loin, sur la digue dégoulinante. Ce sont des tournepierres à collier. Toujours sur le qui-vive, ils s’affairent. Pas de temps à perdre : il faut se nourrir avant que la mer ne revienne…
Tremblez, vermisseaux !
Inlassablement, les échassiers noir et roux arpentent les rocs et les creux, où ils bousculent, soulèvent, déplacent tout ce qui peut cacher des invertébrés : cailloux, coquillages, algues, épaves de bois ou de plastique. Equipé de becs courts et coniques, le bataillon des airs enfourne vermisseaux et puces de mer en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
L’été est pourtant une saison paisible pour la petite faune des rochers, car les prédateurs ailés sont en effectifs réduits le long des côtes. La plupart des tournepierres partent vers le nord au début du printemps pour aller nicher dans la toundra ou sur les îles de la Baltique. Ceux qui restent, jeunes adultes ou immatures, ne se reproduiront pas : ils profitent de la belle saison pour s’aguerrir et s’empiffrer.
En hiver par contre, les tournepierres se concentrent par milliers au bord de la Manche et de l’Atlantique. Ils répondent ainsi au même rendez-vous saisonnier que les barges, les pluviers et tant d’autres oiseaux migrateurs qui se gavent sur l’estran.
L’huîtrier pie
C’est un autre habitué des rochers. Impossible de le confondre : plumage noir et blanc, pattes roses et bec rouge font du bel oiseau un véritable cadeau pour ornithologue débutant ! Contrairement à ce que son nom pourrait faire croire, l’huîtrier pie n’est pas le cauchemar des ostréiculteurs. Aux huîtres à la coquille trop dure et trop lourde, il préfère les moules, les bigorneaux ou encore les patelles. Pour ouvrir ou décoller ses proies, il se sert de son long bec aplati comme d’un couteau ou d’un levier.
Sieste et toilette
Le terrain de chasse de l’huîtrier s’étend jusqu’au sable des plages, où il trouve des vers arénicoles et des mollusques enfouis. Son habileté est telle qu’il parvient même à extirper la chair d’une coque sans sortir celle-ci du sable. Il lave ensuite sa prise dans une flaque avant de la gober !
A marée haute, les huîtriers se reposent à l’abri des vagues ou profitent de cette diète forcée pour faire un brin de toilette. Le cou tendu à l’extrême, l’oiseau s’acharne à lisser de son bec jusqu’aux plumes de sa bavette. Essayez donc de vous gratter le nombril avec un balai entre les dents !
L’huîtrier pie niche sur les grèves caillouteuses, dans le sable ou les rochers. Le mâle propose à la femelle quelques cuvettes sommairement garnies de débris de coquillages. Après avoir fait son choix, la femelle y dépose 3 ou 4 œufs, pointe tournée vers le centre.
La pêche respectueuse
Eté comme hiver, une faune bipède et colorée, armée de piques, de crocs ou d’épuisettes, suit la mer qui recule : ce sont les pêcheurs à pied. Touristes ou gens du coin, adultes et enfants, tous caressent l’espoir de remplir seaux et paniers de coquillages, de gros crabes ou de menues crevettes.
Malheureusement, la popularité de cette pêche a vidé des hectares de rochers plus efficacement qu’une escadrille de limicoles. Contrairement à l’oiseau, qui ne prélève que ce qu’il peut manger, l’homme exagère souvent : une bonne part de sa récolte meurt alors dans un seau à défaut d‘être consommée rapidement.
Quelques règles de bon sens permettraient de préserver les ressources sans se priver du plaisir de pêcher. N’emportez par exemple qu’un récipient de 3 ou 4 litres qui limitera vos ambitions. Pensez aussi à remettre dans le bon sens les cailloux que vous soulevez. Cela évitera aux algues et aux bêtes qui s’y cachent de griller au soleil ou de se faire piétiner. Enfin, respectez absolument les tailles réglementaires de capture : si le tourteau que vous avez vaillamment délogé n’atteint pas 13 cm, relâchez-le !
Pour en savoir plus
• Glaner sur les côtes de Bretagne, Vendée, Charentes, Gironde, B. Bertrand, Tétras éditions
• Coquillages et crustacés, le guide de la pêche à pied, M. Luchesi, éd. Larousse
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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