Opération baguage pour l’œdicnème criard
En Saône-et-Loire, la LPO se mobilise pour l’œdicnème criard, une espèce unique en son genre. Rendez-vous sur les rives du Doubs.
En Saône-et-Loire, la LPO se mobilise pour l’œdicnème criard, une espèce unique en son genre. Rendez-vous sur les rives du Doubs.
« Le couple est au pied du petit saule. On va pouvoir tenter notre chance ! », annonce Alexis Révillon de la Ligue pour la protection des oiseaux Bourgogne-Franche-Comté, l’œil rivé sur l’oculaire de sa longue-vue. Sur un îlot au milieu du Doubs, deux oiseaux couleur sable se confondent avec les galets. Hissés sur leurs longues pattes jaunes, les œdicnèmes surveillent les alentours. Que font ces bêtes originaires des steppes arides parmi les gravelots, hérons et autres oiseaux d’eau ?
La rivière est dynamique dans cette partie bourguignonne. Les crues déplacent des tonnes de graviers et cailloux qui forment de vastes grèves. De tels habitats temporaires, chauds et secs, sont parfaits pour les œdicnèmes. « Le cours d’eau abrite 15 couples, dont onze en Saône-et-Loire et le reste côté Jura », précise le naturaliste en chargeant le matériel dans son canoë. Cette micro-population isolée est l’une des rares en France à nicher en milieu naturel. Ailleurs et faute de mieux, le courlis de terre s’est adapté aux grandes cultures.
L’objectif en ce matin de mai est d’équiper au moins un individu d’une balise GPS et de bagues. Pour cela, il faut placer un filet au sol et espérer qu’un oiseau s’y prenne en marchant. « Les données géolocalisées que nous récolterons vont nous éclairer sur les déplacements et les territoires des œdicnèmes. On identifiera les parcelles importantes pour des actions de préservation. On va aussi évaluer finement leur réaction à certains dangers », détaille l’ornithologue. Les dérangements par les baigneurs, pêcheurs, kayakistes ou bétail qui se rendent sur les îles sont en effet une menace importante pour cet oiseau qui pond au sol. Même si l’accès à ces zones est très réglementé de mars à juillet, seule l’aide d’écogardes permet de faire connaître et respecter de telles mesures.
“C’est une des rares populations françaises de l’espèce à nicher en milieu naturel.
„
Il a fallu deux heures pour installer le dispositif, attendre le retour des oiseaux qui avaient fui, constater la prise de l’un d’eux, le chercher en canoë et le ramener sur la berge. L’oiseau est pesé, mesuré et un prélèvement de plume est effectué pour une analyse génétique. De près, ses grands yeux jaunes sont impressionnants. « Encore un de plus de 500 g ! s’exclame Alexis, c’est plus que la moyenne nationale. Peut-être que vivre en milieu naturel offre une alimentation plus abondante et plus diversifiée ? » Balise ajustée, bagues posées, l’œdicnème est enfin relâché. Après un vol rapide, celui qui a été baptisé Hélios – par la communauté Salamandre sur les réseaux sociaux – se pose dans une pâture pour reprendre ses esprits.
Quelques semaines plus tard, l’ensemble des balises ainsi posées transmet déjà des informations surprenantes. « Certains individus fréquentent assidûment deux ou trois parcelles bien précises pour se nourrir. Et l’un d’eux a parcouru 45 km pour s’alimenter une nuit en plaine de Bresse ! », s’étonne le biologiste. Il a hâte de découvrir d’autres secrets de ses protégés afin de travailler toujours plus concrètement à leur conservation en basse vallée du Doubs.
Transmettez vos observations d'œdicnèmes bagués.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
Catégorie
Ces produits pourraient vous intéresser
Poursuivez votre découverte
La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille
Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous
Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature
Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur