Cet article fait partie du dossier
L’orchestre des animaux
L’orchestre des animaux
Les mille partitions du vivant sonnent comme une symphonie idéale pour communiquer, se séduire, s’alerter, se rassurer ou se défier. Tournez les 8 pages sonores de ce bonus de La Salamandre n° 227 et… à vos casques!
L’intégralité des sons présentés dans ce dossier ont été enregistrés par Boris Jollivet. Retrouvez l’audionaturaliste sur boris-jollivet.com, dans les pages du numéro 227 de La Salamandre et derrière son micro dans le dernier film de La Salamandre réalisé par Frank Neveu Le voyage de l’eau.
Boris Jollivet, très concentré sur sa prise de son (photo: Nicolas Debray).
Le voyage de l’eau : making-of prise de son avec Boris Jollivet
Plus d’informations sur les sons de la nature :
– Le paysage sonore (R. Murray Schaffer) aux éditions Wildproject.
– La symphonie animale (Antonio Fischetti, illustré par Honoré), Arte Editions et Vuibert.
– Le grand orchestre animal (Bernie Krause), aux éditions Flammarion.
– promeneursecoutant.fr/les-auteurs.php
– oreilleverte.fr/naturophonia/audio-naturaliste/
Prélude pour tambour
Se fouetter la vessie, frapper de la queue, tapoter du bide ou marteler un tronc, des méthodes brutes mais efficaces pour se faire entendre. Ecoutez nos quatre percussionnistes.
(retrouvez les adeptes du tambour et du tam tam pages 22 et 23 de La Salamandre 227)
Gourami
Le gourami, poisson asiatique d’eau douce connu des aquariophiles, produit des sons avec un muscle qui frappe sa vessie natatoire. Cette communication originale est pratiquée aussi par des poissons marins de nos régions comme les grondins.
Castor d’Europe
En frappant l’eau avec sa queue, le castor intimide l’éventuel intrus et alerte toute sa famille du danger.
Araignée loup
Les araignées communiquent avec le son! Cette lycose, ou araignée loup, frappe très rapidement la feuille morte sur laquelle elle se trouve avec son abdomen. Etonnant, non ?
Pic épeiche
Contrairement à une idée reçue, quand le mâle de pic épeiche tambourine sur un tronc, ce n’est ni pour creuser une loge, ni pour se nourrir. C’est une manifestation territoriale équivalente au chant des autres oiseaux.
Crédits photos : Gourami (Wikipédia), Castor d’Eurasie (Alessandro Staehli), Lycose (Miljko/Istock), Pic épeiche (Christian Cabron/Bios)
Crédits sons : Boris Jollivet
Les violons sont d’accord
Il y a ceux qui vibrent de plaisir et d’autres qui se frottent l’aile ou la cuisse. Mille violonistes ont une seule idée en tête : charmer l’oreille d’une voisine.
(retrouvez les virtuose de la corde pages 24 et 25 de La Salamandre 227)
Criquet bariolé
Le chant puissant du criquet bariolé accompagne le randonneur estival en montagne. C’est une strophe unique d’environ 1,5 à 4 secondes ré ré tchchchchch ré qui se répète 4 fois par minute à intervalles irréguliers.
Grillon d’Italie
On l’aperçoit rarement et pourtant le grillon d’Italie fait la magie sonore des nuits d’été. En tournant sur lui-même et en variant la position de ses élytres relevés, le mâle prudent émet un chant très difficile à localiser pour ses prédateurs.
Bécassine des marais
Durant ses vols de parade, la bécassine des marais se laisse tomber du ciel avec les plumes externes de sa queue écartées. Ses rectrices vibrent au passage de l’air et produisent ce qu’on appelle un chevrotement.
Callidie sanguine
On la surprend parfois dans la maison l’hiver, s’échappant du panier de bois de chauffage. Ce petit coléoptère xylophage est inoffensif pour les charpentes. Son appareil stridulatoire se situe entre la tête et le thorax. Pour s’exprimer, elle doit osciller de la tête.
Crédits photos : Criquet bariolé (Benvie/NPL), Grillon d’Italie (Christian Roesti), Bécassine des marais (Markus Varesvuo), Callidie sanguine (Alfred Schauhuber/Bios)
Crédits sons : Boris Jollivet
Flûte, y’a du vent
En faisant passer de l’air dans leurs tuyaux, les rois du pipeau espèrent diffuser leur message ou leur humeur.
(retrouvez ceux qui ne manquent pas d’air pages 26 et 27 de La Salamandre 227)
Vipère aspic
Avez-vous déjà entendu crier un lézard ? Chez la plupart des reptiles, les cordes vocales sont inexistantes. Cette vipère aspic s’exprime en inspirant et en expirant fortement avec ses narines. Parmi les tortues et les crocodiles, on trouve des membranes vibrantes qui permettent des petits cris, mugissements et grognements.
Grenouille agile
Chez la grenouille agile, les sacs vocaux sont internes et induisent un chant en sourdine qui a lieu sous l’eau.
Rainette verte
Le waka waka waka de la rainette verte, ou rainette arboricole, est assourdissant de près. Son intensité atteint 100 dB! Dès que plusieurs chanteurs sont lancés, il devient difficile d’estimer leur nombre.
Martre des pins
Nombreuses sont les bêtes à poils qui poussent des cris. Jeu, sociabilité, territorialité, inquiétude, la voix des mammifères est souvent nocturne et intrigante. Le plus difficile reste d’identifier précisément l’auteur.
Crédits photos : Vipère aspic et Rainette verte (Jean-Philippe Paul), Grenouille agile (Philippe Legay), Martre des pins (Wikipédia)
Crédits sons : Boris Jollivet
Chantez maintenant!
Virtuoses incontestés, les oiseaux ont inventé leur propre instrument pour égrainer de longues et riches envolées lyriques.
(retrouvez les choristes au bec grand ouvert pages 28 et 29 de La Salamandre 227)
Cincle plongeur
Le riche babil du cingle plongeur est fait de cris perçants, de sifflements et de gazouillis. Les notes stridentes sont une bonne façon de se distinguer du fond sonore de la rivière et de se faire entendre des voisins. Mâle et femelle chantent, même en plein hiver.
Cygne tuberculé
Le cygne tuberculé est parfois appelé cygne muet. On entend pourtant fréquemment son mécontentement au bord du lac. En fait, sa voix ne vient pas de la syrinx mais de sa longue trachée. Son vol sifflant est également caractéristique.
Loriot d’Europe
Son plumage d’un jaune éclatant trahit une origine tropicale que sa ritournelle flûtée conforte. Le loriot d’Europe est facile à imiter en sifflant. Un bon truc pour l’apercevoir et le faire sortir de sa canopée où il aime rester invisible.
Rousserolle verderolle
La rousserolle verderolle peut imiter les motifs de 212 espèces d’oiseaux, parmi lesquels de nombreux chanteurs qu’elle côtoie dans ses quartiers d’hiver en Afrique.
Crédits photos : Cincle plongeur (Alan Williams/NPL), Cygne tuberculé (Jean-Philippe Paul), Loriot d’Europe (Jordi Bas Casas/Bios), Rousserolle verderolle (Markus Varesvuo/Bios)
Crédits sons : Boris Jollivet
Et puis silence ?
La pipistrelle hurle haut, la baleine chante bas. Et entre les deux, l’homme ne capte rien… ou presque. Comme quoi, on est tous le sourd d’un autre.
(retrouvez les faux silencieux pages 30 et 31 de La Salamandre 227)
Musaraigne carrelet
Les petits rongeurs et les musaraignes émettent des petits cris aigus. Certains sont audibles pour nous, d’autres sont dans le domaine des ultrasons.
Minioptère de Schreibers
Les reines de la nuit sont les championnes de l’écholocation par ultrasons. L’enregistrement ci-dessous présente 3 perceptions différentes du monde des minioptères : le son réel de la grotte où il nous est impossible de détecter les cris (43 sec.), puis une partie du même son au ralenti qui permet alors d’entendre des cris aigus (52 sec.) et enfin la voix du minioptère à vitesse normale mais transposée dans une fréquence différente par un détecteur à ultrasons (38 dernières sec.).
Ephippigère des vignes
Sans ailes fonctionnelles, cette sauterelle est souvent immobile et mimétique. Mieux vaut alors avoir une oreille performante dans les aigus pour la détecter et la localiser. Son chant de forte intensité se traduit par deux accents : le premier plus strident et plus bref que le second (tsi-chip).
Eléphant d’Afrique
Un peu d’exotisme pour découvrir les sons de basse fréquence des géants de la savane qui leur permettent de communiquer à plusieurs kilomètres.
Crédits photos : Musaraigne Carrelet (Mike Lane/Bios), Minioptère de Schreibers (Dietmar Nillg/NPL), Ephippigère des vignes (Jean-Philippe Paul), Eléphant d’Afrique (Wikipédia).
Crédits sons : Boris Jollivet
Regards croisés… sur le son
La Salamandre a rencontré deux passionnés du son animal. Le scientifique Thierry Aubin et l’audionaturaliste Boris Jollivet. Lors de la discussion, ils ont évoqué quatre sons particuliers.
(retrouvez l’interview de nos deux tympans aiguisés pages 32 à 37 de La Salamandre 227)
Alouette des champs
« L’alouette a un chant riche, long, rythmé. J’ai travaillé sur ses dialectes régionaux. En diffusant des chants enregistrés à des alouettes dans la nature et en observant leurs réactions, on arrive à comprendre leur langage. » (Thierry Aubin)
Alouette lulu
« Pour l’émotion, je dois avouer que je préfère la mélancolie de la petite cousine, l’alouette lulu… » (Boris Jollivet)
Photosynthèse
« Peut-être que le premier son du vivant, c’était celui de la photosynthèse. J’ai réussi à en faire un enregistrement. » (Boris Jollivet)
Grosse vrillette
« Mon premier souvenir de son animal, c’était dans ma chambre d’enfant. D’étranges tapotements contre le mur. J’ai découvert après plusieurs soirs d’enquête que ces sons étranges étaient produits par une bestiole de quelques millimètres : la grosse vrillette. Trente ans plus tard, j’ai eu la joie de l’enregistrer dans mon studio ». (Boris Jollivet)
Crédits photos : Alouette des champs (Alan Williams/NPL), Alouette lulu et forêt photosynthèse (Jean-Philippe Paul), Grosse Vrillette (A. Schauhuber/Bios).
Crédits sons : Boris Jollivet
Paysages sonores
Pour conclure ce voyage acoustique, plongeons dans quatre décors pour les oreilles.
(retrouvez les quatre échappées sonores et les textes complets pages 38 à 45 de La Salamandre 227)
L’envolée sylvestre
Ce matin, concentrez-vous sur cette lisière forestière. Des grives litornes y distillent des notes joyeuses. Ces oiseaux sont apparus dans la région il y a cinquante ans. Mais n’entend-on pas moins de gobemouches gris, de rougequeues à front blanc ou de gélinottes qu’autrefois ? L’érosion de la biodiversité, ce n’est pas seulement une liste rouge qui s’allonge, c’est aussi une multitude de petits silences soudains que personne ne remarque.
La vague à l’âme
Qu’elle semble douce, la caresse imperturbable de l’océan sur la terre. Partout autour du globe la même voix. Dans bien des contrées, le rivage porte de plus en plus la marque sonore du commerce et de l’industrie humaine.
Le chant de la glace
La combe est emplie d’une voix inédite aux accents extraterrestres. Une voix qui chante, explose et résonne. Tantôt l’onde semble se heurter à un obstacle invisible, tantôt elle se propage vers un au-delà improbable. Alternant basses aux accents guerriers et ponctuations musicales. C’est comme une révélation, et pourtant c’est une des partitions les plus anciennes de la Terre. Un chant de glace.
Le voyage de l’eau
Depuis plus de 3,5 milliards d’années, l’eau façonne, circule, transite, sans jamais s’arrêter. Et si c’était elle, la bande-son de la vie ? Extrait sonore du nouveau film de Franck Neveu « Le voyage de l’eau« .
Crédits photos : Forêt (Fabrice Cahez), plage (Jean-Luc et Fran9oise Ziegler), glace (Jean-Philippe Delobelle), eau (Rèmi Masson/Bios).
Crédits sons : Boris Jollivet
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