Les nombreuses vertus de l’ortie
Les qualités de l’ortie compensent largement ses défauts. On peut la manger, la tisser et même jardiner et se soigner avec.
Les qualités de l’ortie compensent largement ses défauts. On peut la manger, la tisser et même jardiner et se soigner avec.
L’ortie prospère partout où s’accumulent nos poubelles, nos déchets et nos excréments : décombres, cimetières, ruines… Ses peuplements verts et vigoureux témoignent pendant des décennies de nos gloires passées. Parfois même, ils sont le seul indice d’une ancienne présence humaine.
Epuratrice
C’est qu’il en faut, du temps, pour digérer nos détritus ! Assoiffée de nitrates et de phosphates, l’ortie s’approvisionne grâce à un réseau de racines étendu. Elle absorbe et recycle peu à peu nos déchets, préparant le terrain pour d’autres végétaux en rééquilibrant le sol. A moins évidemment que de nouvelles livraisons nutritives ne confortent ses positions.
C’est nous qui, en inventant l’agriculture, avons fait la fortune de l’ortie. Le malherbologue Pierre Lieutaghi résume ainsi ce destin: « En lui offrant déchets organiques et cendres, les hommes la faisaient suzeraine du pied des murs, des rigoles d’eaux usées, des fossés, des décombres. On trouve ses graines dans beaucoup de stations néolithiques et sans doute y a-t-elle été favorisée, sinon introduite volontairement parfois. »
Alimentaire
Pourquoi les humains ont-ils longtemps favorisé, voire cultivé l’ortie ? Au printemps, les pousses précoces de cette herbe tonique et reminéralisante étaient largement consommées dans toute l’Europe. Cuites, car la cuisson rend inopérants les piquants de ses feuilles. En Europe de l’Est et en Scandinavie, l’ortie n’a jamais déserté les marchés. Chez nous, elle en a disparu voilà quelques dizaines d’années… pour faire aujourd’hui un retour remarqué.
Nourrissante pour les hommes, l’ortie l’était aussi pour les animaux de basse-cour comme pour le bétail. Fourrage très recherché, elle stimulait la lactation des vaches. Pourtant, de nos jours, beaucoup d’agriculteurs s’acharnent contre les orties à grands renforts d’herbicide, persuadés que cette plante empêche la bonne herbe de pousser. Délaisser la connaissance de la nature pour une utilisation aveugle de la chimie conduit à des aberrations.
Médicinale
L’ortie était aussi réputée pour ses multiples propriétés médicinales. Dépurative et antidiabétique, cette plante semble en outre tenir à distance arthrite et rhumatismes. Son suc calme les hémorragies, du simple saignement de nez à des cas plus graves. Première parmi les simples, reine des mauvaises herbes, l’ortie aux innombrables vertus passe triomphalement au XVIIIe siècle de la soupe des pauvres à la décoction médicinale des riches. Puis, en 1845, un médecin vérifie pour la première fois ses propriétés antihémorragiques. De nombreuses expériences menées depuis lors ont confirmé l’ancien savoir thérapeutique lié à cette plante puissante.
Fibreuse
Cousine de la ramie d’Extrême-Orient, l’ortie enfin est une plante à fibres. Ses brins, quoique plus courts que ceux du chanvre, ont été largement utilisés. On l’a même, entre les deux guerres, filée en Haute-Savoie, et sa toile y servait à faire des torchons qui, verdâtres à l’état neuf, blanchissaient progressivement au lavage. Véritable plante à tout faire, l’ortie servait au passage à teindre le linge en un beau et surprenant jaune soufre.
Réhabilitée
Nos ancêtres auraient eu tort de se priver de tous ces bienfaits. Que dire alors de l’aversion que beaucoup d’entre nous entretiennent aujourd’hui pour cette plante ? Tout simplement que ce mépris récent témoigne de l’oubli de notre société à l’égard des traditions qui ont longtemps assuré sa survie.
Vivace, la grande ortie peut atteindre 1 m 50 de haut. Elle porte des feuilles ovales pointues, dentées en scie, vert sombre. Ses fleurs sont réunies en longues grappes regroupant selon les pieds soit uniquement des fleurs mâles, soit uniquement des fleurs femelles.
Tout aussi répandue mais plus petite, l’ortie brûlante atteint rarement 50 cm de haut. Cette plante annuelle a des feuilles plus claires, plus petites et plus rondes. Fleurs mâles et femelles sont groupées en courtes grappes.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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