La pie est un oiseau sédentaire et sociable
Loin des complots qu’on leur prête, les pies se réunissent surtout pour sociabiliser. Portrait de famille d’un oiseau attentionné.
Loin des complots qu’on leur prête, les pies se réunissent surtout pour sociabiliser. Portrait de famille d’un oiseau attentionné.
Début juin, le parfum des tilleuls fleuris célèbre l’arrivée de l’été. Cloitrées dans leur château d’épines depuis leur naissance il y a trois semaines, les jeunes pies partiront bientôt à la découverte du monde. La cuvette du nid crépie d’excréments est devenue trop étroite. Maintenant, elles rêvent d’explorer le monde… Une jungle dangereuse aux yeux de leurs parents.
Les deux semaines suivantes, les jeunes s’aventurent sur les branches de l’arbre qui les a vus naître en restant constamment sous la surveillance des adultes. Si ces ados avoisinent déjà une taille adulte, ils n’ont qu’une ébauche de queue.
Alarminou !
Le temps des becquées se termine environ un mois après l’envol. Mais les jeunes resteront avec leurs parents quelques semaines encore, le temps d’apprivoiser les dangers de la vie. « Chaka-chaka-chaka, jacasse Christoph Vogel. Au moindre danger, les adultes poussent ce rappel à l’ordre typique. » L’un des cris d’oiseau à la fois les plus familiers et maudits. N’y voyez pas de messages codés ou la trame d’un complot pour voler des œufs dans un poulailler. Ce staccato exprime simplement l’inquiétude de l’agasse. « Un chat, un épervier ou l’arrivée du facteur suffit à déclencher ces vocalises. » Et comme les pies sont des parents très attentionnés et prévenants, ça jase tout le temps.
Par exemple, les cris d’alarme à l’arrivée d’une buse ne manquent pas d’attirer l’attention des pies du voisinage. Quelques coups d’ailes et elles viennent prêter main-forte à leurs congénères. Pour harceler le prédateur, les agasses piquent sur l’intrus et vont même jusqu’à lui tirer les plumes. Un manège périlleux, mais efficace.
Cette coopération face à un danger est aussi connue chez les corneilles noires ou mantelées. Chez le grand corbeau, l’altruisme va encore un cran plus loin. « A la suite d’une bagarre, des individus non impliqués dans la dispute consolent la victime en se perchant à ses côtés et en la touchant du bec », décrit Christoph Vogel. Cette attitude remarquable prouve la sensibilité des corbeaux aux émotions d’autrui. On ne sait pas encore si la pie est capable de la même empathie.
A la dure
En moyenne, seules une à deux jeunes pies arrivent à l’envol dans une nichée. La prédation, notamment par la corneille, l’abandon du nid pour des raisons variées et la compétition alimentaire entre poussins sont les principales causes de mortalité.
Home sweet home
La pie est très sédentaire : il est rare qu’elle se déplace à plus de 25 km de son nid et le couple est territorial toute l’année. Après leur envol, les piots suivent un apprentissage dans le domaine familial qui couvre cinq à six hectares. « Les adultes leur apprennent à trouver à manger et à identifier les dangers », note Christoph Vogel, spécialiste des corvidés à la Station ornithologique suisse. Cette formation explique qu’en été il est fréquent d’observer des bandes de pies particulièrement bavardes se déplacer de champ en champ ou d’un jardin à l’autre.
A la belle saison, ces oiseaux recherchent de la nourriture six heures par jour. « Ils doivent trouver à manger pour eux et leurs petits », explique l’ornithologue. Les voilà qui se ruent sur un morceau de pain sec dans l’enclos des lapins, ou avalent goulûment n’importe quel fruit avant de se délecter d’une fouine écrasée par une voiture.
Et basta avec les œufs, les oisillons ou les petites souris, sauf si une occasion gourmande se présente.
Pantouflarde, mais aussi bavarde, le décryptage du chant de la pie.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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