Partie serrée pour la fritillaire pintade
Depuis dix ans, le Parc du Doubs coordonne la transplantation de fritillaires dans le Jura. Une lueur d’espoir pour cette plante menacée.
Depuis dix ans, le Parc du Doubs coordonne la transplantation de fritillaires dans le Jura. Une lueur d’espoir pour cette plante menacée.
Entre Les Brenets et Saint-Ursanne, une petite plante étonnante fait l’objet de beaucoup d’attention. La fritillaire, aussi appelée damier en raison de la coloration de sa fleur, bénéficie d’un programme de conservation porté par le Parc naturel régional du Doubs. Et pour cause : les prairies humides de ce territoire abritent la majorité de ses effectifs suisses. « La fritillaire est classée en danger sur la liste rouge nationale, indique Viviane Froidevaux, cheffe de projet Nature et Paysage au Parc du Doubs. Les barrages hydroélectriques empêchent les graines de se disperser avec l’eau des rivières, l’agriculture intensive modifie beaucoup de milieux favorables et la cueillette a parfois des conséquences graves. Aujourd’hui, ses effectifs sont très réduits et diminuent encore. »
Pour inverser la tendance, l’Office de l’environnement du canton du Jura initie un plan d’action dès 2008. Tout commence par un recensement des zones de présence de l’espèce et une étude de leur état de conservation. En 2011, les premières transplantations de bulbes de fritillaires ont lieu, hélas sans grand succès. Puis le projet est repris par le Parc du Doubs en 2012. « On ne connaissait aucun programme comparable. Au début, on a fait des essais et tous n’ont pas réussi, se souvient Viviane. Et puis il faut deux ou trois ans pour voir les effets d’une action et en tirer des enseignements. A l’heure actuelle, nous avons un protocole défini qui évoluera encore en fonction de nos résultats. »
“Nous sensibilisons le grand public aux dégâts que la cueillette peut provoquer.
„
Chaque année, en juin, des graines de fritillaires sont prélevées avec soin dans la partie neuchâteloise du Parc, où subsistent quelques peuplements importants. Elles sont confiées aux jardins botaniques de Porrentruy et de Neuchâtel qui les mettent en culture. Après un à deux ans de croissance, les bulbes sont mis en terre en automne dans plusieurs secteurs du Doubs jurassien où la plante est menacée. Sept sites sont renforcés en alternance, à deux ou trois ans d’intervalle. En 2020, pas moins de 2 700 bulbes ont été ainsi réimplantés. En parallèle, le Parc développe des partenariats avec les agriculteurs locaux pour adapter l’exploitation des parcelles qui hébergent ces fleurs délicates.
« Nous avons des réussites très encourageantes, se réjouit la cheffe de projet. Un des sites comptait seulement une dizaine de pieds de fritillaires en 2011 contre environ 150 aujourd’hui ! Les résultats de nos actions sont toutefois assez variables d’une zone à l’autre, pour des raisons que nous ne saisissons pas encore complètement. » Dans quelques années, si les populations ainsi renforcées se portent suffisamment bien, des fritillaires pourront être installées dans de nouveaux secteurs. Espérons que l’élégant damier pourra alors regagner le terrain perdu !
Découvrez d'autres opérations de sauvegarde de la biodiversité dans notre rubrique écologie.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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