Phoques en stock
Bonne nouvelle. Les deux espèces de phoques présentes sur les côtes françaises voient leurs effectifs augmenter. Mais ils restent sensibles au dérangement.
Bonne nouvelle. Les deux espèces de phoques présentes sur les côtes françaises voient leurs effectifs augmenter. Mais ils restent sensibles au dérangement.
« Depuis les années 1990, les effectifs de phoques veaux marins progressent d'environ 10% chaque année et ceux de phoques gris de 14% », se félicite Laetitia Dupuis, chargée de mission mammifères marins à Picardie Nature. Des chiffres réjouissants quand on sait que ces pinnipèdes ont été victimes d'une chasse sans merci à partir de la fin du XIX esiècle. Le veau marin avait même totalement disparu de la baie de Somme (80) en 1960. Il est aujourd'hui présent de Dunkerque au Mont-St-Michel tandis que son cousin le phoque gris est observable jusqu'à la pointe bretonne.
Protection efficace
Les deux mammifères ont été classés espèces protégées en 1986. Depuis, l'estuaire sablonneux de la baie de Somme accueille à nouveau la plus grosse colonie de reproduction de veaux marins du pays. « Ils étaient 310 en 2011, dont 52 bébés nés l'été précédent. Et le nombre de phoques gris s'élevait à 85 individus. » D'où viennent ces nouvelles recrues ? « Les quelques centaines de phoques français se trouvent en limite sud de leur répartition. Ils sont tous issus de la grande population britannique qui compte, toutes espèces confondues, 150'000 individus » , précise Cécile Vincent, chercheuse à l'Université de La Rochelle (17). « L'augmentation de leur nombre tient au fait qu'ils ont maintenant peu de prédateurs et suffisamment de nourriture. »
Ne pas déranger
Malgré ces bonnes nouvelles, ces piscivores demeurent vulnérables. Les deux espèces ont une même exigence de tranquillité mais pas aux mêmes périodes. Les phoques gris viennent à terre pour mettre bas en novembre puis muent en février-mars. Les veaux marins eux, se reproduisent en juin-juillet et la mue suit jusqu'à début septembre.
Autant de périodes critiques pendant lesquelles les dérangements mettent les animaux en péril. Un promeneur qui approche la colonie à moins de 300 mètres ou le passage d'un jet ski peut déclencher un mouvement de panique et la séparation d'un jeune de sa mère. Sevré trop tôt, il s'échouera sur la plage et mourra, à moins d'être sauvé et nourri dans un centre de soins spécialisé. En 2011, six juvéniles ont ainsi été recueillis par Picardie Nature.
Vigilants pour l'avenir
En baie de Somme, des bénévoles se relaient tout l'été pour sensibiliser les promeneurs et maintenir une distance de sécurité entre la colonie et les estivants. « Les mêmes précautions doivent être respectées en hiver » , insiste Laetitia Dupuis.
Les pinnipèdes subissent tout de même la grogne de certains pêcheurs. En Bretagne, les phoques gris chassent surtout des poissons de fond comme le lieu, la vieille ou le bar. Quant au veau marin, il a une prédilection pour les poissons plats. La compétition avec les pêcheurs reste relative, car pour l'instant les phoques sont trop peu nombreux pour causer un véritable tort aux pêcheries. « Aujourd'hui, il n'y a pas d'inquiétude à se faire, mais il faut rester vigilant. Pour observer les groupes toujours plus nombreux sur nos plages, munissez-vous de jumelles et n'oubliez pas la règle des 300 m ! » conclut Cécile Vincent.
Moines en perdition
Le phoque moine de Méditerranée est l'espèce de pinnipèdes la plus menacée au monde. Encore présent aux XIXe siècle à l'est de Marseille, sur la côte des Pyrénées orientales et de la Corse, il a peu à peu disparu des eaux françaises en raison notamment de sa rivalité avec les pêcheries. Le dernier spécimen des îles d'Or (83) a été abattu dans les années 1940 et l'ultime individu corse est tombé sous les balles d'un pêcheur en 1973. Il ne reste aujourd'hui que 350 à 400 phoques en Méditerranée, essentiellement en Grèce, Turquie et dans les eaux protégées de Madère.
Retrouvez des articles plus actuels, comme cet interview de Laëtita Dupuis ou une journée aux côtés des compteurs de Phoques.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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