Pic noir, le plus grand de nos pics est de retour dans les forêts
Exceptionnel à la fois par sa taille, par la puissance de son bec et par la sonorité de ses appels, le pic noir fait un retour remarqué.
Exceptionnel à la fois par sa taille, par la puissance de son bec et par la sonorité de ses appels, le pic noir fait un retour remarqué.
Dans la forêt aux fûts gris et lisses résonne parfois un appel inoubliable : kru-kru-kru-kru-kru-kru... klieueueu. Cette signature sonore annonce le pic noir, géant d’ébène armé d’un bec ivoire, l’un des quatre plus grands pics du monde.
Le reconnaître à l’oreille est facile, d’autant que son tambourinage retentit comme une rafale de mitrailleuse. Repérer ses indices est tout aussi simple : trous béants dans les troncs, montagnes de copeaux longs chacun de 10 à 20 centimètres, souches et grumes littéralement désintégrées. Entrevoir sa calotte rouge flamboyante est plus difficile...
Dur dur !
La bête est méfiante, son territoire immense, sa vue et son ouïe sont excellentes. On l’entend, mais on le voit peu. Insaisissable, l’oiseau noir est, ainsi que l’a écrit l’ornithologue Paul Géroudet dans les années 1950, « comme le grand tétras, une expression des forces primitives de la forêt » . En plus, à l’époque, ce pic auparavant répandu en plaine comme en montagne ne subsistait plus que dans quelques massifs forestiers d’altitude.
Fourmilières invisibles
Que faut-il au bonheur de cet oiseau ? D’abord des conifères dépérissants attaqués par des larves d’insectes qu’il aura tôt fait d’empaler avec sa langue munie de barbes acérées. Ensuite quelques arbres apparemment sains mais rongés au cœur par des colonies de fourmis charpentières. A force de coups de bec, le pic noir est capable de réduire en charpie un tronc creusé par ces insectes.
Ce pic s’attaque avec la même énergie aux fourmilières établies sur le sol. Il est capable de les trouver et de les éventrer même sous près d’un mètre de neige ! Enfin, il lui faut des fûts larges et hauts, de préférence des hêtres, où, en dix à vingt jours d’un travail acharné, il sculptera une grande chambre dans un bois dur comme pierre.
Décollage !
Depuis une cinquantaine d’années, le pic noir est sorti de ses citadelles reculées. L’oiseau vit en effet un retour spectaculaire dans les forêts de plaine. En France, il a progressé de 650 kilomètres vers l’ouest en 35 ans. Parti de ses deux bastions alpin et pyrénéen, il a conquis presque tout le territoire national, à trois départements près.
En Suisse aussi, ce pic a recolonisé l’ensemble du Plateau entre les années 1940 et 1990. Sans doute a-t-il appris à faire avec des forêts peu variées, pauvres en bois sec et même tristement enrésinées… à condition d’y trouver au moins un arbre suffisamment grand pour creuser sa loge.
300 à 500 hectares !
C’est la superficie de forêt nécessaire aux appétits du grand pic noir.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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