Relancer le débardage à cheval pour protéger les forêts
En Wallonie, plusieurs acteurs œuvrent pour favoriser le débardage à cheval plutôt qu'une sylviculture 100% mécanisée. Une solution pour extraire en douceur le bois coupé des forêts.
En Wallonie, plusieurs acteurs œuvrent pour favoriser le débardage à cheval plutôt qu'une sylviculture 100% mécanisée. Une solution pour extraire en douceur le bois coupé des forêts.
Parler de débardage à cheval, c’est évoquer un temps où les photos en noir et blanc montraient des hommes sortir des troncs de la forêt grâce à la force de leur cheval de trait. En 2023, les débardeurs ont quasiment disparu. En Wallonie, ils sont encore 25. En Suisse romande, pas plus d’une dizaine. Et dans le vaste Hexagone, seulement 47. L’exploitation forestière s’est mécanisée et partout des machines géantes débardent le bois scié pour le déposer le long des routes, à l’extérieur des parcelles boisées.
“25 % des sols d’une forêt sont tassés par les machines.
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Mais face aux énormes dégâts écologiques provoqués par les passages répétés de tracteurs dans les forêts, il existe un regain d’intérêt pour le débardage animal. Le 7 septembre 2023, la Société royale forestière de Belgique (SRFB) a organisé une démonstration. « J’ai eu beaucoup plus d’inscriptions que ce que je pensais. On a dû refuser du monde. Les participants étaient essentiellement des propriétaires privés qui souhaitent exploiter leurs parcelles de manière plus écologique », raconte Nicolas Dassonville, responsable formation au sein de la SRFB.
Le cheval ne peut pas remplacer les machines pour toutes les opérations, mais son utilisation permet de réduire le nombre de dessertes d’accès pour tracteurs dans les forêts. « Aujourd’hui, la très grande majorité des parcelles boisées sont séparées par des couloirs tous les 16 m : ce sont des cloisonnements d’exploitation. Ils permettent une sylviculture à 100 % mécanisée. On a calculé qu’avec tous ces couloirs d’accès, 25 % des sols d’une forêt sont tassés par les machines. Les impacts sont multiples : l’eau et l’air circulent moins. Les racines se développent donc davantage en surface, ce qui rend les arbres plus sensibles aux sécheresses et les forêts plus vulnérables face aux tempêtes, à cause d’un enracinement moins profond », constate avec dépit le forestier Nicolas Dassonville. Selon lui, des cloisonnements plus espacés, tous les 40 m par exemple, réduiraient considérablement la surface abîmée par les lourds engins.
Mais le défi est de taille. Il est difficile pour les exploitants et les propriétaires de remodeler le visage de leurs parcelles à court terme. D’autre part, face au déclin de la filière équine, même les candidats à un changement de pratique ne trouvent pas de main-d’œuvre disponible pour effectuer un débardage à cheval. Très physique et mal payé, le métier n’attire pas les jeunes. « On travaille 70 heures par semaine pour un salaire moyen de 1 270 euros par mois. Il y a des jeunes qui sont prêts à se mouiller dans des boulots physiquement difficiles, mais le problème est financier »,
témoigne Gaëtan Pyckhout, administrateur de l’association Meneurs, qui milite pour une revalorisation du débardage à cheval.
Ils ont cependant une belle carte en main pour le futur. Selon le calcul effectué par l’association, le débardage à cheval revient in fine moins cher que les machines lorsque la valeur environnementale de la forêt est prise en compte. Sur des sols tassés, les jeunes arbres repoussent notamment moins vite.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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