Pourquoi autant de canards hivernent en Suisse ?
Michel Antoniazza, biologiste à l’Association de la Grande Cariçaie et coordinateur des recensements de canards sur les lacs de Neuchâtel et de Morat nous éclaire sur cette question.
Michel Antoniazza, biologiste à l’Association de la Grande Cariçaie et coordinateur des recensements de canards sur les lacs de Neuchâtel et de Morat nous éclaire sur cette question.
Pour beaucoup d’oiseaux nordiques, ces grands plans d’eau constituent les premiers sites d’hivernage favorables rencontrés lors de leur descente vers le sud. Ces lacs ne gèlent pas et offrent des réserves interdites à la chasse et beaucoup de nourriture. Nous dénombrons environ 500 000 palmipèdes hivernants sur l’ensemble des eaux suisses, dont plus d’un tiers sur les lacs romands.
D’où viennent-ils ?
Surtout du Nord et de l’Est où l’hiver est plus rigoureux. C’est le cas en particulier des fuligules morillons et milouins qui proviennent en majorité de Russie occidentale, voire du nord de la Sibérie. Un morillon bagué en Suisse a par exemple été retrouvé à 8100 km d’ici, au-delà de l’Oural.
Certains canards nous rejoignent depuis le sud. A partir des années 1980, les nettes rousses ont pris l’habitude de s’arrêter chez nous. A ce jour, près du quart de la population d’Europe occidentale hiverne ici.
Mangent-ils tous la même chose ?
Non. Cygnes, oies et canards de surface comme le colvert se nourrissent de végétaux et de quelques invertébrés capturés à faible profondeur. La nette rousse et le fuligule milouin sont des canards plongeurs végétariens : ils broutent essentiellement des algues sur les hauts-fonds lacustres. D’autres plongeurs tels le fuligule morillon ou le garrot à œil d’or vivent essentiellement de moules zébrées prélevées sur le fond du lac. Les oiseaux piscivores comme les harles, le grand cormoran, les grèbes et les plongeons se nourrissent pour la plupart en pleine eau et consomment aussi des écrevisses.
Comment les effectifs d’oiseaux d’eau hivernants ont-ils évolué ces dernières décennies ?
Au-delà des fluctuations annuelles qui dépendent de la rigueur de l’hiver, sur le lac de Neuchâtel ils se sont multipliés par vingt! Alors qu’on dénombrait quelques milliers d’oiseaux hivernants dans les années 1970, aujourd’hui il y en a 75 000 en moyenne. Cette augmentation est due à la prolifération de la moule zébrée, originaire du bassin du Danube, et au développement des herbiers de characées consécutif à l’amélioration de la qualité des eaux.
Derrière cette évolution positive se cache une réduction significative des espèces originaires du Grand Nord. Entre 1995 et 2014, les effectifs de morillons ont baissé de 40% alors qu’ils explosaient en Finlande. Il n’est plus nécessaire pour ces oiseaux de migrer jusqu’en Suisse puisque l’eau ne gèle presque plus dans la Baltique.
Vivre les coulisses d’un recensement des oiseaux d'eau.
Faites de l’ordre parmi les milliers de foulques, grèbes et fuligules à l’aide du Miniguide n°82 : Les oiseaux du lac. Un incontournable pour vos balades au bord de l’eau.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
Catégorie
Ces produits pourraient vous intéresser
Poursuivez votre découverte
La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille
Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous
Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature
Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur