© Colin Varndell /Naturepl.fr

Pourquoi le putois est-il mal aimé ?

Pierre Rigaux, naturaliste spécialiste des mammifères nous explique pourquoi le putois souffre d'une si mauvaise réputation.

Pierre Rigaux, naturaliste spécialiste des mammifères nous explique pourquoi le putois souffre d'une si mauvaise réputation.

Pierre Rigaux Naturaliste mammalogiste, administrateur de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères.

En grande partie à cause de son nom, issu du vieux français put qui signifie puant. Une réputation liée à ses glandes odorantes développées qui servent surtout à la communication entre individus. Ce mammifère est également connoté négativement dans l’expression gueuler comme un putois, car il pousse des cris aigus lors du rut ou lorsqu’il se sent menacé. Mais pas de quoi fuir pour autant en se bouchant le nez ou les oreilles ! En plus, comme les autres mustélidés, le putois est accusé de s’attaquer au gibier et aux basses-cours. Une réalité somme toute très anecdotique. En fait, il mange essentiellement des petits mammifères – rats, mulots ou lapins – et dans une moindre mesure des amphibiens.

Est-il encore piégé ou éliminé ?

En Suisse, il est protégé, tandis qu’en France il est classé susceptible d’occasionner des dégâts, la nouvelle dénomination des animaux anciennement qualifiés de nuisibles. Ce classement est encore en vigueur dans trois départements pour la période 2015-2018 : Loire-Atlantique, Vendée et Pas-de-Calais. A ce titre, il y est piégé toute l’année. Pire, plusieurs milliers de putois sont encore chassés chaque année dans tout le pays.

Est-ce pour cela qu’on ne le voit pas souvent ?

Le putois est-il devenu rare ? Après un déclin historique durant la seconde moitié du XXe siècle, les effectifs semblent remonter en Suisse, mais ils continuent de baisser en France où l’espèce est devenue assez rare, surtout dans le Sud. La plus forte menace pour le putois est la perte de son habitat : déclin des zones humides et du bocage, cultures intensives et urbanisation. La diminution des populations de lapin de garenne a peut-être aussi son importance, de même que certaines maladies. Mais même là où il est encore commun, ce petit carnivore essentiellement nocturne est difficile à observer. Pour tenter sa chance, le mieux est de s’asseoir le soir près d’un étang ou de scruter un chemin bordé d’un fossé humide ou d’un canal en attendant qu’il traverse. Dans tous les cas, il faudra être patient !

*mustélidé

nom masculin

Famille de mammifères de l’ordre des carnivores, au corps souvent fuselé, possédant des glandes sécrétrices de chaque côté de l’anus pouvant dégager une odeur musquée. Le putois, l’hermine, la belette, la martre, la fouine, le blaireau, la loutre, le vison et le glouton sont des mustélidés d’Europe.

Protéger le putois d’Europe

Couverture de La Salamandre n°247

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 247  août - septembre 2018
Catégorie

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