Pourquoi les cerfs brament-ils ?
Le naturaliste Marc Michelot nous explique pourquoi le cerf brame tous les automnes.
Le naturaliste Marc Michelot nous explique pourquoi le cerf brame tous les automnes.
Pour manifester leur présence aux femelles lors du rut, à la fin de l’été et au début de l’automne. Ils affirment par la même occasion leur position dominante sur un territoire vis-à-vis de leurs concurrents. La vigueur de ce son caractéristique n’est pas forcément liée au gabarit de l’animal. La preuve, le brame du wapiti – cervidé d’Amérique du Nord et d’Asie, plus imposant que notre cerf élaphe – est nettement moins puissant et beaucoup plus aigu. Comme le soulignait Robert Hainard, on peut parfois entendre un brame tonitruant et découvrir un mâle modeste. A l’inverse, il arrive d’observer des individus dans la force de l’âge dont la vocalisation est assez timide.
Qu’est-ce qui les pousse à se battre parfois ?
Des affrontements se produisent lorsqu’un mâle vient provoquer le titulaire d’une place de brame. Souvent limités à de l’intimidation, ils sont parfois violents mais rarement fatals. Lorsque cela arrive, c’est un accident. Le flanc de l’adversaire peut par exemple être percé par un andouiller. Exceptionnellement, il arrive aussi que deux cerfs dont les bois sont entremêlés ne puissent plus se dégager !
*Andouiller
nom m. Ramification des bois de cervidés, aussi appelée cor. On parle ainsi d’un douze cors pour désigner un cerf dont chacun des bois compte six andouillers. Chaque pointe porte un nom spécifique : andouiller de massacre pour la première, surandouiller pour la deuxième, chevillure pour la troisième ou encore trochure pour la quatrième.
Quels comportements changent lors du brame ?
Durant le rut, le cerf s’alimente très peu et maigrit, alors que la plupart des animaux font des réserves en prévision de l’hiver. La structure sociale est aussi modifiée. Isolés des femelles le reste de l’année, les mâles constituent un harem d’une demi-douzaine de biches environ, parfois bien plus quand les densités sont fortes, comme dans le parc national suisse. Le brame peut donner lieu à des rassemblements étonnants. Dans le parc national des Abruzzes, en Italie, j’ai pu compter près de 200 individus sur un alpage.
Ce spectacle est très populaire. Trop, selon vous ?
C’est en effet devenu une véritable attraction qui peut provoquer des dérives. La forte fréquentation de certaines places de brame dérange le mammifère et la faune dans son ensemble. D’autre part, je regrette que le cerf soit considéré comme une espèce patrimoniale seulement de septembre à octobre. Le reste du temps, il est vu avant tout comme un gibier occasionnant des dégâts forestiers. On néglige le rôle qu’il peut jouer dans le maintien de milieux ouverts, notamment en montagne où l’on préfère favoriser le pastoralisme. Ce grand cervidé est un habitant fondamental de l’écosystème toute l’année, pas uniquement pendant le rut !
Les réponses à vos questions sur la faune et la flore sont dans notre rubrique FAQ Nature.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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