Pourquoi les cyanobactéries prolifèrent-elles dans l’eau l’été ?
La réponse de Muriel Gugger, cyanobactériologiste à la tête du laboratoire Collection des Cyanobactéries du Département de Microbiologie de l’Institut Pasteur.
La réponse de Muriel Gugger, cyanobactériologiste à la tête du laboratoire Collection des Cyanobactéries du Département de Microbiologie de l’Institut Pasteur.
Plus il fait chaud et plus il y a de CO2 dans l’atmosphère. Or, les cyanobactéries* font la photosynthèse. Elles ont donc besoin de lumière, de nutriments et de ce dioxyde de carbone.
Au début du printemps, dans un lac par exemple, les algues brunes dominent. Quand elles ont fini de se développer, elles meurent et leurs composés sont utilisés par les cyanobactéries comme nutriments pour se multiplier. Si l’eau est propre, il n’y aura pas assez de matière pour que les cyanobactéries continuent à croître en grande quantité. Mais s’il y a de forts apports en nitrate et en phosphate dus à l’agriculture ou à la pollution des eaux usées, les cyanobactéries vont s’en servir pour proliférer.
On appelle cela une efflorescence. Certaines peuvent alors produire des toxines. Il n’y a pas de consensus sur le fait que ce phénomène soit influencé par le changement climatique, mais des travaux montrent que ce dernier peut avoir un effet dans les lacs alpins.
Ces toxines sont-elles nocives pour la faune ou pour nous ?
Oui, certaines peuvent causer des troubles non létaux pour les humains en cas d’ingestion, ou si on absorbe des microgouttes par le nez en faisant du canoë par exemple. D’autres causent des problèmes dermatologiques. Il existe quand même des toxines dangereuses.
La microcystine attaque le foie. Elle est particulièrement surveillée dans l’eau que l’on boit, car elle favorise des cancers. En Chine, toute la population d’une baie a été contaminée par cette souche. D’autres sont neurotoxiques et mortelles pour les chiens qui jouent dans l’eau, mordillent des bouts de bois et des cailloux sur lesquels se développent des cyanobactéries. C’est arrivé récemment dans la rivière Tarn, dans le sud de la France, et dans la Loue, un cours d'eau jurassien.
Comment repérer un cours d’eau contaminé ?
Il est difficile d’anticiper où vont se développer les cyanobactéries. Chaque année, les cours d’eau déjà connus comme étant favorables à leur développement font l’objet d’analyses. On se base sur la concentration en chlorophylle A, responsable de la couleur verte.
Si elle est haute, les cyanobactéries présentes seront analysées pour identifier si certaines sont toxiques. Si c’est le cas, les eaux seront fermées à la baignade. Contrairement à ce qui est parfois dit, elles peuvent proliférer même dans de l’eau non stagnante. Evitez ainsi de vous baigner dans des rivières trop vertes, surtout si vous voyez à peine vos pieds.
*Cyanobactéries
nom f. Micro-organismes photosynthétiques, ils sont les premiers à avoir fabriqué de l’oxygène sur la planète. On les trouve presque partout sur la Terre, jusqu’à une profondeur de 400 m dans les océans. Ces organismes sont parfois appelés algues bleues de manière impropre, puisque ce sont des bactéries.
Retrouvez les réponses à vos questions dans notre rubrique Questions nature.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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