Pourquoi la vipère est-elle menacée d’extinction ?
Depuis 20 ans les populations de vipères déclinent en France et en Suisse. En cause, l'arrachage de haies, la destruction de murets et les pesticides… Même protégée, la vipère s’en va doucement avec la nature dite ordinaire.
Depuis 20 ans les populations de vipères déclinent en France et en Suisse. En cause, l'arrachage de haies, la destruction de murets et les pesticides… Même protégée, la vipère s’en va doucement avec la nature dite ordinaire.
L’aspic s’épanouit dès qu’elle trouve quelques rongeurs ou musaraignes, une cachette de roche ou de végétation, suffisamment de chaleur de mars à septembre et un terrier sécurisé pour hiverner. En d’autres termes, elle est une habitante des paysages de bocage, de vignobles et de pâturages extensifs. Son terrain de jeu s’étend surtout au sud d’une ligne Bâle-Nantes.
Nature ordinaire ne rime plus avec nature préservée
Personne n’a pu rester sourd à la musique médiatique qui énonce des chiffres effarants : un tiers des oiseaux communs et 80 % des insectes des campagnes ont disparu en à peine une génération humaine. Pourtant, même l’affection unanime de l’opinion publique vis-à-vis des hirondelles ou des abeilles ne parvient pas à inverser la tendance. Alors, imaginez le sort de la plus redoutée de nos voisines et de tous ses cousins reptiles !
Quels plans B pour ces animaux très peu mobiles qui ne migrent pas ? Aucun, ils sont condamnés à disparaître avec leur habitat. Serait-ce là le destin de la vipère ? Près de 70 % du bocage a été rayé de la carte en cent ans en France, soit 1,4 million de kilomètres de haies. En Suisse, les paysages ont été encore plus banalisés.
Des haies trop propres
Les chercheurs estiment qu’il faut 200 m linéaires de haie par hectare pour l’aspic. Cet habitat offre tout ce dont le reptile a besoin pour son cycle de vie : proies, ombre, lumière, humidité, chaleur, abris… le tout idéalement sans se déplacer. Mais la longueur ne fait pas tout. La largeur de l’ourlet enherbé au pied de la haie est primordiale pour l’abondance et la diversité des serpents et lézards. En clair, un buisson étroit, taillé au couteau et directement bordé par une culture intensive est défavorable à la petite faune.
En Loire-Atlantique, une étude menée sur vingt ans, entre 1994 et 2014, a montré que 75 % des sites étudiés ont vu leur cortège de reptiles décliner. Systématiquement, l’arrachage de haies et la construction de routes, de lotissements ou de zones d’activités étaient en cause. Dans une partie des Deux-Sèvres où l’espèce était autrefois très commune, la vipère aspic n’a été retrouvée que dans une haie sur dix !
Dans le Jura suisse et français, ce sont les murets en pierres et les affleurements rocheux qui s’effacent sous les machines à faire plat et propre. Le long des voies de communication, les reptiles souffrent aussi encore trop souvent des traitements aux pesticides puissants.
Voyez-vous, ce sont les mêmes maux qui emportent le hérisson, le bruant, le bourdon et la vipère.
Refuge à la montagne
Autrefois très commune à la campagne, la vipère est-elle condamnée à ne subsister qu’en altitude, le plus loin possible des hommes ?
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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