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L’évolution sous nos yeux

3 animaux qui s’adaptent face aux prélèvements humains

Le cabillaud évolue pour résister à la surpêche… mais ce prélèvement important fait des ravages. D'autres animaux subissent des pressions dues à la chasse.

Le cabillaud évolue pour résister à la surpêche… mais ce prélèvement important fait des ravages. D'autres animaux subissent des pressions dues à la chasse.

En privilégiant le prélèvement de certains types d’individus, la chasse et la pêche engendrent une sélection extrêmement forte. En d’autres termes, la soustraction des proies les plus attractives peut avoir de lourdes conséquences sur le devenir de certains poissons par exemple.

Poissons, grands incompris

Ainsi, qu’elle soit industrielle, artisanale ou de loisir, la pêche cible généralement les plus grosses prises. La réglementation renforce cette tendance avec des tailles minimales de capture pour préserver la ressource et maintenir un effort de pêche constant. Concrètement, les mailles des filets doivent laisser s’échapper les plus petits. Or, il se trouve que la reproduction des poissons fonctionne autrement que celle des mammifères ou des oiseaux. Les plus gros, et donc les plus âgés, sont toujours en proportion plus féconds que les petits. Par conséquent, une population décline nécessairement quand les plus vieux disparaissent.

D’autre part, différents modèles de sexualité cohabitent chez les poissons, ce qui influence forcément leur évolution. La morue, le turbot ou le thon rouge ont comme nous un sexe déterminé à la naissance. Mais la dorade ou le sar naissent mâles et deviennent femelles en vieillissant. Chez le mérou, c’est le contraire. Quant au jeune bar, une eau plutôt froide durant les deux premiers mois suivie d’une augmentation de la température l’orientera préférentiellement vers le sexe femelle, alors qu’un environnement qui reste froid produira majoritairement des mâles.

3 animaux qui s'adaptent face au prélèvement humain
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Chute et moratoire

Ainsi, en surpêchant les gros individus, l’homme déséquilibre les populations de nombreux poissons. Chez la morue ou cabillaud, l’augmentation du nombre et de la puissance des bateaux de pêche à partir des années 1960 a entraîné un effondrement des effectifs trente ans plus tard. Les cabillauds survivants sont sans surprise plus petits, mais ce n’est pas tout. Depuis 1960, la taille moyenne des individus reproducteurs a diminué de 10 cm et la maturité sexuelle arrive à deux ans contre autrefois cinq à six ans. Ces changements ont une composante désormais inscrite dans le patrimoine génétique de ces poissons. Autant dire que, malgré le moratoire qui interdit la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve depuis 1995, il faudra des décennies pour que s’estompent peut-être ces évolutions induites par une pêche déraisonnable. Notre présentation des différents poissons des côtes françaises

Apprenez-en plus sur les poissons des côtes françaises.

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Le piège du trophée

C’est bien connu, les chasseurs en quête de trophée tirent les individus les plus grands et les plus beaux… autrement dit potentiellement les meilleurs reproducteurs. Ils agissent donc à l’inverse des prédateurs naturels qui s’attaquent plutôt selon la loi du moindre effort aux faibles, jeunes, malades ou très âgés. Une telle pression de sélection peut mener à un changement rapide de leur apparence. Ainsi, le mouflon d’Amérique a vu la taille de ses cornes diminuer en moyenne de 25 % en trente ans.

Cercle vicieux

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C’est bien connu, le sanglier est très chassé. Pour connaître l’impact de l’activité cynégétique sur cet animal, une population de 1 500 individus a été suivie pendant vingt-deux ans dans un massif forestier du nord-est de la France. Lors des périodes de forte pression de chasse, les dates de naissance ont avancé jusqu’à douze jours. En naissant plus tôt dans la saison, les jeunes femelles grandissent plus vite et peuvent ainsi mettre bas dès l’âge d’un an. Autrement dit, un plus fort prélèvement peut paradoxalement conduire à une augmentation du taux de croissance d’une population. Si l’objectif était de diminuer les effectifs de la bête noire, c’est raté.

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L’évolution sous nos yeux

Couverture de La Salamandre n°262

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 262  Février - Mars 2021, article initialement paru sous le titre "Prélèvements Se faire tout petit"
Catégorie

Sciences

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