Préserver la nature grâce au cheval de trait
Le métier de débardeur à cheval est en perdition en Belgique. Pourtant, l’utilisation d’équidés peut s’avérer essentielle pour préserver la nature.
Le métier de débardeur à cheval est en perdition en Belgique. Pourtant, l’utilisation d’équidés peut s’avérer essentielle pour préserver la nature.
C’est un matin frais. Un mince filet de brume nappe d’argent la surface des prairies bordant une forêt ardennaise. Dans le bois, un cheval de trait rustique, patrimonial même, attend en silence, prêt au travail. Soudain, une voix retentit parmi les troncs : « Hue ! » C’est le signal ! En avant !
Sur le sol détrempé, l’animal tire sans peine une grume de plusieurs mètres. Derrière lui, un homme perpétue un savoir-faire essentiel, mais presque oublié, celui de débardeur à cheval. Son compagnon d’armes lui obéit au doigt et à l’œil, mais surtout à la voix. Un coup de bride bien placé, la bonne vocalise, et le canasson vire soudain à droite, en parfaite harmonie avec son meneur.
Le trait ardennais besogne tranquillement, sans perturber la faune qui veille, la végétation qui l’entoure ou le sol qui le supporte. Dans certaines forêts, il est l’alternative évidente aux engins motorisés. Avec lui, la terre n’est pas tassée en profondeur : elle respire, sa biodiversité se maintient. Dans un milieu fermé, humide ou accidenté, l’équidé est beaucoup plus maniable qu’une machine et au moins aussi rentable !
Aujourd’hui, le temps s’annonce sec. De toute façon, une pluie prolongée ne l’arrêterait pas. Que ce soit pour extraire un embâcle d’une rivière, faucher une réserve naturelle ou transporter du matériel à travers une lande humide, le cheval de trait est d’une polyvalence sans égale. Philippe Moës l’a d’ailleurs surnommé cheval vapeur dans son ouvrage éponyme.
Même en dehors du bois, il a toute sa raison d’être. En région bruxelloise par exemple, plusieurs chevaux sont mis à contribution pour l’entretien des espaces publics. Dans la commune de Schaerbeek, il n’est pas rare de voir des attelages ramasser les encombrants ou arroser les parterres. En plus de participer au bon ordre des rues, ils jouent un rôle pédagogique certain auprès de la population locale, égayant petits et grands sur leur passage. Mais revenons en forêt. La brume s’est levée et les rayons du soleil traversent à présent le feuillage des arbres. Le débardeur profite de l’instant présent. Sans moteur, quel calme ! Ce métier, il l’a choisi. « La passion et le bien-être qui en découlent ne constituent-ils pas une justification au moins aussi valable pour l’homme que celle visant à amasser toujours plus d’argent ? », interroge Philippe Moës dans son livre.
Assurément, le débardeur sera d’accord, lui qui travaille dans le respect de son environnement. Espérons simplement que les générations futures sauront encore apprécier cet art séculaire…
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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