Deux poèmes sauvages à déguster
C’est au nombre de 270 que vous avez répondu à l’appel Retour à l’état sauvage ! Un concours de poésie proposé par le festival Printemps de la poésie et la Revue Salamandre.
Du haïku qui raconte beaucoup en peu de mots à l’alexandrin maîtrisé, en passant par une prose richement philosophique, vos textes ont transporté, surpris, bluffé ou profondément touché le jury. Vous départager a été un défi. Félicitations à toutes vos belles plumes et aux deux textes primés que vous pouvez savourer ici.
Le Grand Hamster d’Alsace par Félicie Huc, Écublens (Vaud)
Il faut inspirer, pas que par le nez,
Ressentir, tout le long de son rire
Et faire chantonner de lumière nos plus belles toisons.
Il est arrivé, le temps des éclosions.
Les prairies s’ébrouent, jusqu’en dessous
Jusqu’à venir me chatouiller dans mon antre.
Du Corbeau, j’ai le noir qui me couvre le ventre,
Du Renard, le roux profond qui me fait bon dos,
Du Blaireau les taches lactées de mon museau.
Avec eux, je partage mes couleurs,
Comme eux, j’ai connu la persécution des Hauts-Mangeurs.
Je m’étire, me tire en dehors,
Sous la couverture des tubuliflores.
Des herbacées je n’ai pas les teintes, seulement le goût des graines,
Mais nous connaissons tous deux, des Haut-Mangeurs, la Haine
Avec leurs montagnes en marche,
Vrombissantes, tranchantes, ronflantes ; source de ravages,
Ils viennent, nous chassent, mais nous n’avons pas d’arche.
Des hamsters je suis le plus massif, le fier sauvage,
On m’a donné pour titre le Grand,
Mais l’Histoire ne me retiendra pas comme Alexandre.
Bien sûr, aucune rancœur n’imprime ma chair,
Je suis un rongeur, ma vie est un battement de cil,
Voir le lendemain est mon seul souci,
Je ne garde emmêlées dans ma fourrure, que des tresses de lumière…
Il faut inspirer, aussi petits que soient nos poumons,
Ressentir, jusqu’au frémissement du bourgeon.
Anima par Enzo Séchaud (Paris)
arpentraces ombuées, crissilence
hésitance dissoute pas-crissé
dans le pas-guide j’ai sur le dos
le fil d’une ombre en troisième place
crue-grise me suit le balancier
de la queue devant le bal ancien
de la nuit-meute les humeurs froides
indicielles de la neigenuit
j’ai les étoiles sur la peau
des glyphes de sens
senteurs des sentes
affûtent la forêt, son tracé
versylphes, ventrombre
le fils du nombre
le corps qui groupe
soliternelle de l’âpre-cri
écho hurlant de la vallée
pour se trouver
Flambeaux – la trace, la traque la
Peur des crocs et la
Certitude de notre
Domination
Ce que nous chassons c’est notre
Fascination
C’est elle certainement que nous avons
Tuée avec les balles
De nos fusils et que nous
Dépeçons
Avec les armes
De la Raison.
le col s’approche nous empruntons
la traçombre la plus directe
pour atteindre les hauteurs
odeur de l’homme
traqueur traceur
aux jambes molles
dresseur de frères
tueur de pères
brûleur de terres
qu’on te pardonne
tu ne connais
de la forêt
que les faux-noms
que tu lui donnes
Nous les voyons,
Inapprochables,
Une dizaine de silhouettes sur la crête
Disparaissant sur le versant opposé
Une famille, comme les nôtres
Des sangs filants, comme les nôtres
Et des ancêtres, qui sont les nôtres
Nous entendons
une seule voix
Nous y joignons
le chanterreur
Les cordes animales de nos gorges
le hurlechœur
C’est une étrange
reconnaissance
Conversion
en terregivre
Le goût de vivre
un héritage
La soif de l’air
que l’on partage
Vois dans l’Œil
unique de la Lune
Ce qui nous tient
en corps vivants
En corps de meute
quand nous sonnons le
tambour d’Émeute.
Retrouvez ici la liste des 27 poèmes retenus au premier tour.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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