9 prouesses aériennes des martinets
Infatigables voiliers, les martinets collectionnent les records. Le point entre exploits confirmés et légendes ornithologiques avec les images de Jean-François Cornuet.
Infatigables voiliers, les martinets collectionnent les records. Le point entre exploits confirmés et légendes ornithologiques avec les images de Jean-François Cornuet.
Record sur record
Si le martinet à ventre blanc vole en continu pendant les six mois de sa migration aller-retour et de son hivernage, le record mondial du vol d’endurance est détenu par le martinet noir qui reste en l’air pendant dix mois sans pratiquement se poser. Les quelques brefs arrêts enregistrés ont surtout lieu la nuit en hiver et totalisent moins de 1 % du temps.
Compteur astronomique
Pendant sa vie, un martinet noir jurassien âgé de 21 ans aurait parcouru près de 4 millions de kilomètres. L’équivalent de cinq allers-retours Terre-Lune. Pour un oiseau de 40 g, c’est tout simplement phénoménal !
Piège instantané
Croyez-vous que le martinet vole le bec ouvert ? Faux ! Il ne l’ouvre que pendant 0,03 seconde au moment d’une capture. Ces saisies peuvent s’enchaîner à une cadence élevée de trois proies en 0,5 seconde.
Détection d’erreurs
On lit souvent que le martinet noir évite de manger les guêpes à cause de leur dard venimeux, mais ne dédaigne pas les syrphes, ces mouches noir et jaune inoffensives qui leur ressemblent. Des prises de vue à haute vitesse montrent que parfois il se trompe. Mais si la proie capturée ne convient pas, elle est aussitôt recrachée. Du coup, il n’y a jamais de guêpe dans la balle d’insectes régurgitée au nid pour les poussins.
SOS Canadair
Martinet à terre, plus rien à faire ? Un individu en bonne forme qui se retrouve au sol par accident peut repartir en prenant appui sur ses ailes s’il dispose d’un espace dégagé et à la végétation rase. Les crashs sur les plans d’eau sont plus dangereux. En venant boire en mode Canadair, l’oiseau peut mouiller son plumage et perdre le contrôle au risque d’une noyade.
Vitesse de pointe
Le martinet noir se déplace habituellement à 35 km/h. Mais, pendant ses rondes sonores territoriales, il a été flashé à 111,96 km/h. Un record pour un oiseau en vol battu ! Probablement va-t-il encore plus vite lors de ses descentes vertigineuses, mais aucune vitesse supérieure n’a été validée à ce jour.
Vol inversé
Au-dessus de sa colonie, le martinet communique par des cris et des postures particulières. Le vol en dièdre, ailes en V au-dessus du dos, semble signifier « Pousse-toi de là ! » ou « Viens faire un tour ! ». Le vol inversé suite à un demi-tonneau, le corps tourné vers le haut sauf la tête (> ci-dessus), est une figure de parade ou peut avoir une fonction dissuasive. Cela peut aboutir à des accrochages entre deux individus et à des chutes impressionnantes en feuille morte.
Repas à l’économie
En chasse par conditions favorables, le martinet ne pratique le vol battu que pendant 25 % du temps. Il capture ses proies essentiellement en vol plané, en changeant de vitesse et d’altitude à moindre coût grâce aux courants thermiques. Cette stratégie lui permet de rester en l’air presque sans effort et donc… de manger à bon compte.
Hygiène acrobatique
Grâce à sa grande souplesse, le martinet utilise bec et pattes pour toiletter en plein vol les plumes de la tête, de la poitrine, du ventre ainsi que du dos. En se cambrant fortement, il atteint sa queue et lisse ses rectrices. Il se nettoie aussi en secouant l’ensemble de son corps ou en frottant ses ailes l’une sur l’autre.
Arrêts sur image
Jean-François Cornuet, d’où vient votre intérêt pour le plus aérien de nos oiseaux ?
Les martinets me passionnent depuis ma jeunesse. Tout a commencé vers l’âge de 8 ou 9 ans, lorsque des voisins m’ont apporté un martinet noir retrouvé mort dans une cheminée. Voir ce fils du ciel dans l’impossibilité de voler m’a beaucoup touché. Quelques années plus tard, je réalisais mes premières photos de ces oiseaux en plein vol. C’était en 1970.
La technologie a beaucoup évolué depuis…
Tout à fait. J’ai suivi les progrès technologiques de la photographie pour améliorer mes prises de vue et mieux comprendre les exploits aériens des martinets. Il y a quatre ans, j’ai commencé à utiliser un boîtier capable de filmer à 180 images par seconde. Le rêve pour étudier la vie de Apus au-dessus des toits parisiens.
Qu’avez-vous découvert avec ces milliers de prises de vue à haute fréquence ?
Ces images m’ont permis de décrire en détail le toilettage en l’air, la capture des proies et les comportements sociaux. J’ai résumé mes observations dans deux articles scientifiques dans la revue Plume de naturalistes ainsi que dans plusieurs vidéos accessibles en ligne.
Poursuivez la lecture avec les deux articles de Jean-François Cornuet.
Retrouvez les autres vidéos de martinets à 180 images par seconde de Jean-François Cornuet
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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