Quelles sont les différences entre belette et hermine ?
Encore plus fine que l’hermine, la belette participe aussi à la course aux campagnols. Mais les deux cousines ont des stratégies et une apparence différentes.
Encore plus fine que l’hermine, la belette participe aussi à la course aux campagnols. Mais les deux cousines ont des stratégies et une apparence différentes.
Les informations suivantes sont valables uniquement pour les hermines et belettes d’Europe de l’Ouest. En effet, la taille du corps de ces petits mammifères ainsi que la couleur et les changements de leur pelage varient beaucoup d’une région du monde à l’autre.
Hermine
Mustela erminea
Femelle : 20-25 cm (sans la queue) / 200-250 g
Mâle : 25-30 cm / 250-300 g
- Apprécie les prairies entrecoupées de haies, de vieux murs et de ruisseaux. Territoire de 2 à 40 ha en moyenne. Chasse et tue la belette si elle la rencontre.
- Consomme entre 25 et 30 % de son poids par jour. Amatrice de gros rongeurs, elle peut se rabattre sur de nombreuses proies différentes. Se faufile dans des galeries de 4 cm de diamètre ou plus.
- Premières mises bas possibles à l’âge de 1 an. Donne naissance à une seule portée annuelle même en cas de pullulation des rongeurs. Multiplication moins rapide que sa cousine, mais compense par une durée de vie pouvant atteindre huit ans.
Belette
Mustela nivalis
Femelle : 14-18 cm (sans la queue) / 40-90 g
Mâle : 17-23 cm / 60-130 g
- Affectionne les mêmes milieux que sa cousine ainsi que les forêts claires au sous-bois développé. Territoire de 1 à 20 ha environ. Craint sa cousine qu’elle évite autant que possible.
- Dévore de 30 à 40 % de son poids chaque jour. Hyperspécialiste des petits rongeurs, elle consomme peu d’autres proies. Elle est la seule à pouvoir se faufiler dans des galeries de 2 cm de diamètre.
- Premières mises bas possibles trois ou quatre mois après la naissance. Peut avoir deux portées par an quand les proies sont nombreuses. Les effectifs peuvent alors grimper en flèche mais la durée de vie n’excède pas trois ans.
Suprématie australe
Au milieu des années 1880, les prairies de Nouvelle-Zélande étaient envahies de lapins importés par les colons anglais, au point d’affamer les troupeaux de moutons. Pour lutter contre ce fléau, des centaines d’hermines et de belettes furent envoyées à grands frais depuis l’Angleterre. Les premières se multiplièrent à toute allure dans ce pays de cocagne. Non seulement les lapins étaient légion dans les herbages, mais en plus les forêts, côtes et montagnes regorgeaient d’oiseaux et d’insectes sans défense. Comble du bonheur, aucun prédateur local n’était en mesure de menacer les chasseresses introduites. Résultat, les hermines se sont répandues partout sur les deux îles principales du pays. Aujourd’hui, elles représentent une vraie menace pour de nombreuses espèces locales vulnérables.
Pour les belettes en revanche, l’aventure tourna court : aucun rongeur autochtone à se mettre sous la dent et des proies disponibles trop grosses pour être chassées ou trop petites pour assurer une subsistance convenable. Dépendantes de leurs campagnols adorés, les belettes ne se sont jamais multipliées et comptent aujourd’hui parmi les plus rares mammifères du pays.
Duel anglais
Au cours de la première moitié du XXe siècle, les prairies anglaises étaient truffées de lapins. Mais, en 1953, tout a basculé avec l’irruption de la myxomatose, maladie mortelle qui éradiqua 99 % d’entre eux en quelques années. Avec la disparition brutale de cette concurrence, les petites espèces de campagnols se multiplièrent à vitesse grand V. Une aubaine pour les belettes ! Spécialisées dans la chasse de ces proies modestes, leurs effectifs s’envolèrent immédiatement.
Pour les hermines, en revanche, ce retournement de situation a été catastrophique. Taillées pour la chasse aux lapins, elles étaient juste un peu trop grosses pour se faufiler dans les tunnels étriqués de ces proies de substitution. Du jour au lendemain, les voilà en féroce compétition avec les renards, les buses et les chats pour les quelques lapins rescapés. Cette lutte perdue d’avance a provoqué une chute brutale de leurs effectifs. Avant ce drame, les piégeurs anglais capturaient deux fois plus d’hermines que de belettes. Ce ratio s’inversa dans les années qui suivirent l’épidémie. Depuis, les lapins se sont multipliés à nouveau, rétablissant l’équilibre initial entre les deux cousines.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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