© Karine Poitrineau

Doux vertige en Vanoise

La neige poudre encore les cimes des Alpes, mais la nature déploie une activité à donner le tournis, du fond des vallées jusqu'aux pentes arides. Un réveil turbulent.

La neige poudre encore les cimes des Alpes, mais la nature déploie une activité à donner le tournis, du fond des vallées jusqu'aux pentes arides. Un réveil turbulent.

En montagne, on ne sait jamais vraiment quand s'arrête l'hiver ni quand commence le printemps ou l'été. Mais le basculement est toujours saisissant. A peine la neige s'est-elle retranchée sur les hauteurs que l'herbe reverdit et se constelle de fleurs de toutes les couleurs. Une explosion de vie particulièrement exubérante dans ce Parc national de la Vanoise où la diversité biologique atteint des sommets.

Le nez dans les fleurs

S'il faut activer ses mollets pour partir à la découverte des milieux d'altitude, l'effort est mille fois récompensé. Il y a d'abord le panorama, grandiose : verticale paroi du Grand Marchet, étincelant glacier de la Grande Casse, prairies herbeuses et éboulis désolés, vallées creusées par le temps et les éléments. Des pressions incroyables ont façonné sur des millénaires les strates de pierre. Certains cailloux du chemin conservent des marques impressionnantes de plissements ou de stries d'usure. Et sur la roche brute et inhospitalière, la vie s'accroche. Ici, ce sont des lichens dorés et orangés, là, un coussin moelleux de silènes acaules ou une petite azalée des Alpes.

Dans les zones moins arides, la végétation se mue en pâturages fleuris. Encore plus d'humidité et l'on voit apparaître un couvert de buissons, de larges feuilles de rumex ou de pétasite. Impossible d'admirer toutes les plantes sans s'arrêter à chaque pas : plus d'un millier d'espèces sont dénombrées dans le parc. Des éboulis aux forêts et aux bords des ruisseaux, selon le sol, l'altitude et l'exposition, la nature change du tout au tout.

Montagne de diversité

Pour celui qui ne s'intéresse qu'à la botanique, c'est encore gérable. Sinon, on risque le torticolis. Alors qu'on admire une corolle, l'attention est brutalement détournée par un passage aérien. Etait-ce l'apollon ? Le grand papillon blanc est déjà loin.
On se console en contemplant sur le chemin des constellations bleutées de petits azurés. Mais une autre ombre passe, bien plus massive et accompagnée par le cri affolé des marmottes : l'aigle est là, qui se découpe dans l'azur. Au même moment, une odeur suave vient chatouiller les narines : est-ce l'orchis moucheron qui la diffuse, dissimulé dans l'herbe ? Le vertige guette, suscité par tant de sollicitations : chercher le chamois dans les pentes, scruter l'eau claire du torrent ou s'agenouiller en admiration devant ces gentianes. On en oublierait presque de regarder où l'on pose les pieds...

Bouquetin / © PNV-Stéphane Carrière

Haut les cornes !

Le bouquetin l'a échappé belle. Peu craintif, il était un des gibiers préférés des hommes préhistoriques. Mais c'est surtout à partir du XVIe siècle que le développement des armes à feu et l'usage superstitieux de diverses parties de son corps (cornes, os, sang...) ont fait chuter les effectifs de ce placide ruminant. Jadis répandu dans tout l'arc alpin, il ne persiste plus à la fin du XIXe que dans le massif de la Vanoise et dans celui du Grand Paradis. Pour protéger la population savoyarde et la nature alpine, le premier parc national français est créé le 6 juillet 1963. 529 km2 constituent le cœur de ce territoire préservé. Depuis, les bouquetins se sont multipliés. La population du Parc national est la plus importante de France. Ce sont d'ailleurs des animaux de la Vanoise qui, depuis cet hiver, sont transférés dans le massif de la Chartreuse dans le cadre d'un programme de réintroduction.

Itinéraire

Le lac des vaches

Mont Bochor> Lac des Vaches> Pralognan

durée: 4h30

dénivelé: 170 m en montée, 170 m en descente

  • Depuis le village, emprunter le téléphérique pour arriver au départ du sentier-balcon (ajouter 1h45 de montée sinon) (1).
  • En direction des Barmettes, la sente traverse des éboulis (2).
  • On rejoint ensuite le GR en direction du col de la Vanoise (3).
  • Jusqu'au lac des Vaches, montée régulière par un large chemin (4).
  • Redescendre par le Cirque de l'Arcelin (5), sans oublier de passer admirer la cascade de la Fraîche (6).

En forêt d'Isertan

Le Barioz > Forêt d'Isertan

durée: 2h30

dénivelé: 80 m en montée, 100 m en descente

  • Depuis Le Barioz, emprunter le chemin de la cascade de la Fraîche.
  • Obliquer sur la droite après la montée en lacet du stade de slalom (7). Le tracé progresse dans la forêt (8).
  • On redescendra sur le village par la fin du chemin du Pas de l'Ane (9), à moins qu'on ne prolonge l'escapade pour rejoindre le GR55 après le Rocher des Singes (+1h30) (10).

Accès en transports publics

Par le train jusqu'à la gare de Moûtiers-Salins, sncf.com

De Moûtiers à Pralognan, transavoie.com

Hébergement et tuyaux gourmands

Office de tourisme de Pralognan-la-Vanoise. +33 (0)4 79 09 79 08

Hôtel-restaurant du Grand Bec. Accueil de qualité et cuisine créative et régionale. +33 (0)4 79 08 71 10

Hôtel de la Vanoise. Hébergement confortable et plats de la région. +33 (0)4 79 08 70 34

Hôtel A+. Des chambres à prix abordables, 24h/24 et 7j/7. +33 (0)4 79 08 87 00

Camping municipal Le Chamois. +33 (0)4 79 08 71 54

Le Chardon Bleu. Cuisine locale. +33 (0)4 79 08 73 07

Le Régal Savoyard. Cuisine régionale. Testez-y le farçon savoyard. +33 (0)4 79 08 74 76

Les règles d’or

  • Même si le parcours ne présente pas de difficulté particulière, le milieu reste montagnard : soyez prudents ! Il est important d'être bien équipé (chaussures, vêtements...). Consultez la météo locale à l'office de tourisme et n'hésitez pas à y demander conseil. Le passage du sentier-balcon peut être délicat pour des personnes sujettes au vertige.
  • Une partie de l'itinéraire passe dans le périmètre central du Parc : respectez sa réglementation. Ne cueillez pas de plantes (beaucoup d'espèces rares poussent ici), évitez de piétiner, n'effrayez pas les animaux et restez sur le sentier.
  • N'oubliez pas que vous partagez l'espace avec d'autres : refermez les enclos, respectez les constructions et aménagements. Lors de rencontres sur les chemins, le salut cordial est encore dans les habitudes !

Eclairage par Caroline Empereur-Buisson

Caroline Empereur-Buisson

Caroline Empereur-Buisson est garde-monitrice au Parc national de la Vanoise. Un « métier proche de la nature où l'on ne s'ennuie jamais », explique en souriant la jeune Savoyarde. Au fil des saisons, la montagne change et ses activités aussi : travail de surveillance, suivi de la faune, entretien des refuges... Une autre facette importante de ses missions est l'accueil et l'information du public.

A) Animation en Vanoise ! « Nous proposons des randonnées pour découvrir la faune et la flore. Le but n'est pas de réaliser des performances, mais d'apprendre aux gens à regarder. On peut aussi nous rencontrer à l'occasion de projections de films et de débats. N'oubliez pas de vous inscrire pour les sorties. » parcnational-vanoise.fr +33 (0)4 79 09 79 08

B) Chalets douillets « J'aime dormir à la Valette. C'est un refuge sympathique, constitué de trois petits chalets de bois. L'un des avantages est d'être en haut le soir et tôt le matin. C'est à ces moments qu'on observe les animaux le plus facilement. Dans le coin, il y a souvent des chamois. Les gardiens du refuge connaissent leurs habitudes, n'hésitez pas à leur demander conseil. Pour monter, le chemin le plus facile est celui de Montaimont. » (44 places, réservation obligatoire), +33 (0)4 79 22 96 38

C) De glace « A Champagny-le-Haut, découvrez l'espace muséographique consacré aux glaciers de montagne. Il permet de mieux comprendre leur formation, leur évolution, leur importance et leur avenir. Une visite à coupler avec celle du sentier “à la découverte des glaciers”. » espace-glacialis.fr, +33 (0)4 79 01 40 28

D) Histoires d'eau et d'hommes « Au village du Planay, un petit musée présente l'installation d'un bus électrique en 1930, mais aussi l'histoire de la région, de ses industries et de l'utilisation de l'énergie hydraulique. Un espace pour mieux comprendre la relation entre les hommes et la montagne. » garage-electrobus.com, +33 (0)4 79 55 01 41

Couverture de La Salamandre n°204

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 204  Juin - Juillet 2011
Catégorie

Balades

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