Grande première pour la couleuvre vipérine
Le Muséum d’histoire naturelle de Besançon se mobilise pour la conservation d’une couleuvre menacée dans la région. Une action inédite en France.
Le Muséum d’histoire naturelle de Besançon se mobilise pour la conservation d’une couleuvre menacée dans la région. Une action inédite en France.
Le soleil est généreux ce 30 septembre en moyenne vallée du Doubs. « Des conditions idéales pour les relâcher », se réjouit Frédéric Maillot, chargé de conservation de la faune sauvage au Muséum d’histoire naturelle de Besançon. Les bêtes en attente de liberté sont lovées au fond de petits sacs en tissu. « Ce sont des couleuvres vipérines, 59 adultes et 35 serpenteaux nés en captivité. »
L’histoire démarre quelques mois plus tôt lorsque la Ligue pour la protection des oiseaux de Franche-Comté informe l’organisme Voies navigables de France de ses craintes. Un projet de réfection du canal du Rhône au Rhin menace en effet un serpent semi-aquatique considéré en danger sur la liste rouge régionale. Naît alors l’idée de mettre en sécurité ces fameuses couleuvres vipérines le temps des travaux. « C’est là que le muséum entre en jeu, précise Frédéric Maillot, car nous maîtrisons déjà la captivité et la réintroduction d’espèces sauvages exigeantes, comme l’apron du Rhône ou l’écrevisse des torrents. »
Courant avril, 145 couleuvres de quatre espèces sont répertoriées sur les 800 m de berges visées par les pelleteuses. Un effectif record totalement inattendu pour la région. « Alors que les moins rares ont été transportées ailleurs dans la vallée, nous avons gardé les vipérines », se souvient le biologiste.
“94 couleuvres vipérines relâchées en pleine forme dans leur milieu.
„
Les précieux animaux sont aussitôt installés dans des terrariums spécialement aménagés au muséum de la capitale comtoise. Ils y passent l’été et, comme espéré, s’y reproduisent. Frédéric Maillot se retrouve alors papa de 49 bébés. « Ces minuscules créatures de 1,7 à 3,8 g sont piscivores et capables d’avaler des proies d’un diamètre trois fois supérieur au leur, précise le spécialiste de la réacclimatation de la faune sauvage. Avec leurs parents, elles ont consommé 4 000 poissons au total pendant leur séjour ! »
Ce matin d’automne, c’est enfin le grand jour auquel une vingtaine de bénévoles participent. « Il faut identifier chaque spécimen pour le relâcher exactement où il a été prélevé. » Ce défi est possible grâce à un damier d’écailles noires et jaunâtres, propre à chaque individu, qui dessine un QR Code naturel. Après quelques bains de soleil, les reptiles devront rapidement s’enfouir pour l’hiver. « Nous gardons 14 serpenteaux parmi les plus petits au muséum, maintenus cinq mois à 7 °C. Cette expérience sera utile si nous devons recourir un jour à de la captivité pendant la saison froide, prévient Frédéric Maillot, nous les libérerons au printemps prochain. »
Bonus de cette opération décidément exemplaire, un champignon cutané inconnu en France a été repéré sur 60 % des couleuvres lors de leur capture. Une thèse de doctorat a aussitôt été initiée sur le sujet. Par chance, les très bonnes conditions de captivité ont permis aux animaux de se débarrasser de leur hôte indésirable après plusieurs mues estivales. Les biologistes prévoient de contrôler de nouveau leur état de santé au printemps 2023. On croise les doigts !
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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