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Le grand terrier du blaireau et du renard
Comment le renard élève-t-il ses petits ?
Le renard et la renarde ne sont pas loin. Et les renardeaux turbulents mènent la grande vie entre siestes et tétées.
Le renard et la renarde ne sont pas loin. Et les renardeaux turbulents mènent la grande vie entre siestes et tétées.
Il y a ce grand mâle qui sort seul de son trou bien avant la nuit. Il a les yeux bridés, les sourcils clairs et un masque foncé autour des yeux. Il s’assied, observe un moment puis se déplace jusqu’à la souche. Là, il tourne sur lui-même à la façon d’un chien, se couche et s’endort, le museau enfoui dans la fourrure de sa queue. Plus tard, il se réveille et bâille plusieurs fois en montrant une jolie couronne de dents blanches et sa langue toute rose. Puis s’en va tranquillement à la nuit.
La mère joueuse
Et la renarde. La belle, l’élégante au regard de louve. Un soir, elle arrive au terrier la gueule pleine de campagnols. Elle lâche son butin devant un trou et glousse comme une poule. Les petits sortent aussitôt et lui font fête. Coups de langue sur le museau, bonds, courses et sauts, c’est plein de joyeuse folie.
Les renardeaux assaillent leur mère, lui mordent les flancs, lui tirent la queue. D’abord, elle essaie d’échapper à leurs assauts, puis, prise au jeu, elle file, revient, s’aplatit sur le sol et bondit sur ses petits. Maintenant c’est elle qui les chahute, les bouscule, en saisit un dans sa gueule, le lâche, mordille le petit ventre rond d’un autre. Le chatouille de son museau. S’esquive et les provoque si bien que les renardeaux surexcités ne savent plus ce qu’ils font.
La nourrice
Ça se calme un peu. Les jeunes se précipitent sous le ventre de leur mère et tètent enfin. Brave renarde. Dévorée, secouée, plantée sur ses quatre pattes écartées, la tête basse, les oreilles en arrière, fermant à demi ses beaux yeux, elle garde avec peine l’équilibre sous les poussées de ses remuants petits diables. Après quelques minutes, elle tente de s’en défaire en marchant, traînant sous elle ses rejetons accrochés à ses mamelles. Elle s’arrête, patiente, allaite encore un moment puis, d’un coup de patte arrière, balaie sa marmaille et s’en va.
L’absente
Les renardeaux la suivent sur quelques mètres avant de revenir au terrier. Ils jouent et jouent encore, se poursuivent, se sautent les uns sur les autres, puis soudain la boule de poils explose et chacun file de son côté. Mais bientôt ils se rapprochent à nouveau, rasant le sol, cauteleux et sournois. Ils s’élancent, s’évitent, saisissent une pive, une branche, ou se disputent un gros campagnol que le plus fort engloutit à grands efforts de gueule et de gorge.
Fatigués, rassasiés, ils s’asseyent enfin côte à côte. On dirait qu’ils rêvent en regardant passer un insecte, s’envoler une feuille, puis leurs yeux se ferment, leur museau s’incline… Ils le relèvent un instant mais, trop lourdes, tête et paupières cèdent à la fatigue. Les petits renardeaux s’endorment en tombant les uns sur les autres.
Ils se réveillent un peu interdits, comme étonnés d’être là. Trois d’entre eux rentrent au terrier. Le quatrième s’endort à nouveau, roulé en boule sur un tas de feuilles sèches. Et la nuit descend sur cette jolie petite pelote de laine grise et rousse.
Au Grand Terrier, nuit du 20 au 21 mai 1989
Au matin, vers 8 h 15, la renarde est de retour avec un petit. Mais elle tousse, ou plutôt crache comme un chat contre le renardeau qui s’éloigne un peu. Plusieurs fois il essaie de jouer avec elle, lui mordille l’oreille ou grimpe sur son dos, mais elle le réprimande en crachant à nouveau.
Le petit rentre au trou et la renarde seule s’endort. Elle a l’oreille gauche déchirée. Elle est enroulée sur elle-même et je peux la dessiner à loisir. Parfois, les cris d’un geai la réveillent, puis elle se couche à nouveau et se rendort, montrant ses belles mamelles au soleil.
Vers 10 h 45 la renarde s’en va. Une heure plus tard, je m’en vais aussi. Les renardeaux curieux me regardent plier mes affaires.
Au Grand Terrier, 14 mai 1992
Un nouveau trou, plus bas que les autres, est apparu depuis l’autre soir. A 21 h 25, une renarde sort avec quatre ou cinq petits. Deux jouent en lisière, puis filent vers leur mère qui les allaite. C’est une image très sombre mais très belle. Assise, la renarde nourrit ses jeunes en regardant du côté où les blaireaux se montrent d’habitude. Elle a vu juste car au bout de dix minutes un terrassier noir et blanc apparaît.
Au Grand Terrier, 22 mai 1993
A 19 h, deux renardeaux et une renarde sortent. On dirait « la vieille ». A la nuit, un autre renard est là. Grand. Tout près. Il s’étire, bâille et file vers le terrier. Alors ? Alors ? Folie ! Des renards sortent. Un, deux, cinq, six… Il sont partout qui courent et sautent tantôt à la lisière en ombres chinoises, tantôt en fantômes gris sur la terre. Ça glisse, vole dans tous les sens. Des têtes, des oreilles, des silhouettes en une folle sarabande.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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