Rencontre à fleur d’eau avec Alessandro Staehli
Durant 5 ans, le photographe naturaliste Alessandro Staehli a arpenté les rives du lac… côté canard. Marchant dans l’eau, son appareil photo posé sur un radeau camouflé par une tente, il a photographié les oiseaux sans relâche. Son livre "Le lac aux oiseaux" dévoile l'animal dans son intimité, dans des conditions souvent redoutées des photographes: sous les rafales de neige ou de pluie, dans l’obscurité de la nuit... Interview.
Durant 5 ans, le photographe naturaliste Alessandro Staehli a arpenté les rives du lac… côté canard. Marchant dans l’eau, son appareil photo posé sur un radeau camouflé par une tente, il a photographié les oiseaux sans relâche. Son livre "Le lac aux oiseaux" dévoile l'animal dans son intimité, dans des conditions souvent redoutées des photographes: sous les rafales de neige ou de pluie, dans l’obscurité de la nuit... Interview.
Le making of du livre Le Lac aux oiseaux du photographe naturaliste Alessandro Staehli.
Ces cinq années se concrétisent en un livre. Comment vous est venu l’idée de photographier les oiseaux depuis l’eau ?
Alessandro Staehli - C’est directement relié à mon enfance. J’ai grandi à la campagne et les animaux m’ont toujours intrigué. Surtout les oiseaux, ils savent voler, ont une infinité de comportements qui les rendent intéressants. A 13 ans, lorsqu’on m’a offert mon premier appareil photo, j’y ai vu l’excuse idéale pour être là, parmi eux. J’ai eu également ma première grande déception. Sur ma première photo d’un rougegorge, on distinguait à peine un point rouge dans les vignes (rires).
J’ai toujours eu ce désir de m’approcher, d’être au plus près d’eux. Un jour, j’en ai eu assez de les photographier depuis la rive. J’ai voulu avoir un point de vue original, à fleur d’eau. J’ai construit mon premier affût flottant et là, tout a changé. C’était l’euphorie, je me disais « je suis enfin un canard » (rires). J’étais fasciné par la lumière que je découvrais, en étant dans l’eau, les ombres disparaissent, le lac est un superbe miroir géant.
L’observation des oiseaux est assez commune, mais se concentrer sur ceux d’un seul endroit l’est moins. Pourquoi cette fascination spécifique pour les oiseaux du lac de Neuchâtel ?
Je suis venu à Neuchâtel pour faire mes études de biologie. J’ai tout de suite été frappé par l’aspect du lac. Pourtant j’ai grandi à côté d’un lac (ndrl lac Majeur) mais ce n’était pas pareil. Le lac de Neuchâtel a mille visages, de par son étendue ses eaux peuvent être très sombres, les jours de brouillard, il semble sans limite, et avec ses vagues par grand vent, il se prend pour la mer. Et en hiver le lac compte 70 000 oiseaux, c’est tout à fait exceptionnel. Y voir des dizaines de milliers de fuligules, de nettes rousses et d’autres canards, ça vaut vraiment le détour. J’ai eu le désir de faire découvrir ou redécouvrir la beauté de ce lieu. On oublie trop souvent que ce lac abrite aussi les plus grandes roselières de Suisse, que c’est à la fois une zone humide et un lieu d’hivernage remarquable.
Finalement, ce sont les contraintes qui ont donné sa dimension artistique à l’ouvrage ?
Exactement. Si je ne pouvais pas changer ni le lieu, ni les espèces, je pouvais choisir le cadrage, le moment de la journée, la météo… J’ai laissé des roseaux se glisser entre l’objectif et le sujet, je suis sorti des principes que je m’étais moi-même fixés.
Une fin d’après-midi, j’allais sortir de l’eau quand je me suis demandé comment était la nuit sur le lac. Et là, j’ai réalisé qu’il n’y faisait jamais noir. Je guettais les soirs de match parce que je savais qu’alors les lumières du stade allaient scintiller. Je rentrais dans une eau gelée, à 22h et je poussais l’appareil photo aux limites de la lumière qu’il pouvait capter. J’avais aussi une obsession, je voulais faire des photos quand il neige. J’ai attendu les rares jours de neige sur le lac. Et là, l’émotion était saisissante de voir ce cormoran secouer la tête pour chasser les flocons qui lui arrivent dans les yeux.
“Je touchais vraiment ce rêve d’enfance, d’être là parmi eux. J’ai saisi ces oiseaux ordinaires dans des conditions exceptionnelles.
„
Vous êtes photographe naturaliste mais les photos du livre ont une réelle dimension artistique. Est-ce que l’intention artistique était là dès l’origine du projet ?
Non, pas du tout. Au départ, Je recherchais la photo naturaliste « classique », la plus nette possible. Je traquais les espèces mythiques, le martin pêcheur, le butor étoilé… J’allais photographier toujours aux mêmes heures : au lever et au coucher du soleil, quand la lumière est la plus douce. Puis une certaine lassitude est venue. De plus, 95% des photos du livres ont été prise au même endroit, dans un rayon de 150m. Le radeau reste difficile à transporter, même si j’en ai fait 5 versions différentes, l’allégeant à chaque fois. Et il était exclu que je pénètre dans une réserve naturelle et perturbe leur tranquillité.
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Ils en parlent
A la RTS, Alessandro Staehli était l'invité du 12h30 sur la Première. Ecoutez l'interview.
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