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Reproduction : 10 leçons, zéro tabou

Leçon N°10 : Le pire du sexe animal

Le sexe bestial peut être brutal. A éviter absolument, les pratiques les plus violentes conduisent parfois jusqu’à la mort.

Le sexe bestial peut être brutal. A éviter absolument, les pratiques les plus violentes conduisent parfois jusqu’à la mort.

Dans une rencontre, les intérêts et les stratégies des mâles et des femelles peuvent diverger. L’acte reproducteur peut alors ressembler à une véritable guerre et entre dans ce que les biologistes appellent le conflit sexuel.

Harcèlement, non merci

Dans le monde animal, le harcèlement et le viol sont très courants. Le niveau de violence peut être si élevé que, parfois, la survie des femelles est en jeu. Malgré de larges sourires affichés, les gangs de dauphins mâles comptent de véritables crapules qui poursuivent inlassablement une pauvre femelle jusqu’à la forcer à l’accouplement. Et, est-ce l’aigreur liée à leur soumission qui pousse des mâles éléphants de mer à commettre de véritables viols sur les plages ?

Chez les canards et les oies, la violence sexuelle est presque une marque de fabrique. Parfois, les mâles vont jusqu’à noyer les femelles. Des célibataires frustrés, ici aussi ? Non, ces horreurs sont tout autant pratiquées par les reproducteurs. Encore plus pervers, chez l’érismature ornée, monsieur pousse le vice jusqu’à l’intromission d’un pénis démesurément long et douloureux, histoire de dégoûter sa pauvre victime de toute autre relation charnelle. Des scientifiques ont cherché un avantage évolutif dans ces pratiques extrêmes. Mais beaucoup d’études pointent le faible succès reproducteur et la moindre paternité des papas brutaux.

Pour limiter les risques d’agressions sexuelles, des femelles évitent soigneusement les territoires de mâles pendant certaines périodes de l’année. C’est le cas chez les grizzlys ou les putois par exemple.

Petits meurtres entre amants

Ces accouplements traumatiques affectent l’espérance de vie des victimes. Les femelles d’un petit coléoptère, la bruche du niébé, vivent moins longtemps qu’elles ne le devraient après avoir subi l’intrusion de la boule épineuse qui sert de pénis à leur partenaire. Avec un brin de retard regrettable, l’évolution tente d’augmenter progressivement la taille de l’organe génital femelle pour éviter sa perforation.

Les bourreaux finissent aussi victimes. Ainsi, les femelles de chimpanzés ou de visons d’Amérique s’en prennent parfois jusqu’à la mort aux machos trop entreprenants. Ultime retournement de situation, la consommation par madame de son prétendant est bien connue chez des araignées veuves ou chez la mante religieuse.

Chasse aux œufs et pire encore

Les dérives du conflit sexuel poussent parfois l’horreur à son comble. Quand certains amphibiens consomment en partie les pontes de leurs concurrents, ils espèrent diminuer la compétition dans la mare. L’infanticide est même commun chez certains mammifères. Etalons de zèbres ou lions dominants n’hésitent pas à abattre les jeunes du groupe afin de rendre les femelles plus disponibles pour répondre à leurs ardeurs. Et chez l’écureuil terrestre de Californie ou les gerbilles, ce sont les femelles qui dévorent d’autres petits tout juste émancipés.

Sous cet angle cru, le conflit sexuel ressemble à un combat généralisé entre deux sexes que tout sépare. Fort heureusement, la nature déploie surtout toute son inventivité et toute sa beauté pour les réunir.

Reproduction animale : Leçon N°10 : Bannir le pire - La Salamandre
Canards colverts / © Gary K Smith / Alamy

Canards déchaînés

Le comportement de ces colverts s’apparente à un véritable viol collectif. Au moins trente-neuf espèces de canards, oies et cygnes sont connues pour user de la force avant le sexe.

Passage en force

Au palmarès des copulations ultraviolentes, les punaises de lit sont sur la première marche du podium indécent. La femelle ne possédant pas d’orifice génital, le mâle transperce carrément son corps pour y déposer sa semence. La guerre des sexes n’a pas de limite !

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Accouplement de punaises de lit / © (c) SPL / Andrew Syred / Biosphoto

Quel stratagème a trouvé la femelle d’æschne des joncs pour échapper au harcèlement sexuel ?

A - Cette libellule feint la crise cardiaque et se laisse tomber au sol lorsqu’un mâle excité la poursuit en vol.

B - Elle se mutile elle-même l’appareil génital pour ne plus intéresser le lourdaud.

C - Elle se déguise en mâle en changeant de couleur.

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A

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Le colvert est le canard universel, si commun qu'on en oublie souvent la livrée étincelante du mâle et délicate de la femelle, la cane. Admirez-la en dessin ici.

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Couverture de La Salamandre n°242

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 242  Octobre - Novembre 2017, article initialement paru sous le titre "Leçon N°10 : Bannir le pire"
Catégorie

Sciences

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