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Reproduction : 10 leçons, zéro tabou

Leçon N°3 : Polygamie, aimer sans compter

Un mâle, une femelle, le couple traditionnel ne fait pas rêver tous les animaux. Dans la nature amoureuse, beaucoup choisissent la polygamie.

Un mâle, une femelle, le couple traditionnel ne fait pas rêver tous les animaux. Dans la nature amoureuse, beaucoup choisissent la polygamie.

Le constat est sans appel : un seul spermatozoïde suffit à féconder un ovule. A la tête d’une armada de petits soldats, le mâle volage peut se reproduire avec un très grand nombre de femelles dans un temps très court. Et il ne s’en prive pas ! La polygynie, qui associe un macho à plusieurs partenaires, est même la formule amoureuse la plus répandue dans la nature.

Un pour toutes…

Ces garçons fringants sont fiers, la tête haute, la poitrine en avant ou la salive au bord des lèvres. Certains brament, d’autres chantent. Les plus créatifs dansent, les plus primaires cherchent la bagarre. Ils n’ont qu’une idée en tête : gagner la faveur de ces dames. De toutes, tant qu’à faire. Aux mâles, la séduction et la défense du cheptel au prix parfois d’une débauche d’énergie. Aux femelles, les joies de l’enfantement et de l’éducation.

Dans le genre «c’est qui le plus fort ?» , les gorilles et les éléphants de mer sont de véritables caricatures vivantes. Plus près de nous, le cerf élaphe ne manque pas une occasion de pointer ses bois vers l’avant. Le grand tétras, le troglodyte et le papillon belle-dame s’adonnent aussi à la conquête multiple.

Souvent, certains mâles sont monogames et d’autres non, une configuration à géométrie variable qui peut dépendre du contexte environnemental. Chez le faucon crécerelle par exemple, 20 % des mâles deviennent polygames quand les proies abondent et permettent d’entretenir simultanément plusieurs familles. Et dans une colonie de vanneaux huppés aux nids très exposés, les mâles qui s’accouplent avec plusieurs femelles ont plus de chances d’avoir une descendance qu’un monogame ayant mis tous ses œufs dans le même panier.

... Tous pour elle

Plus rare, la polyandrie autorise les femelles à jouer, elles aussi, les collectionneuses. Les études génétiques ont révélé récemment seulement que ce phénomène, autrefois tabou, est tout sauf anecdotique. La polyandrie dite sociale conduit même à une complète inversion des rôles. La femelle du chevalier grivelé peut produire cinq couvées incubées et prises en charge par autant de pères successifs. Chez le phalarope, autre petit échassier, cette stratégie s’exprime jusque dans le plumage bien plus coloré chez madame. L’espèce y trouverait parfois son compte. Chez certains criquets par exemple, la descendance des femelles polyandres survit mieux que celle de femelles monogames.

Monogame responsable

Dans ce monde aux mœurs légères, la monogamie tente de résister. Elle y parvient chez nos voisins à plumes, monogames neuf fois sur dix mais très souvent infidèles. Si les oiseaux n’ont pas inventé le mariage, les couples sont souvent obligés de s’associer pour la survie de la nichée. Pas facile pour papa rougegorge de courir trop de lièvres à la fois sans risquer la mort de ses poussins. Mais chez les mammifères, la proportion est inverse. Car la gestation et l’allaitement maternel libèrent cerfs, lions et autres pères poilus de tout attachement et engagement exclusif vis-à-vis d’une partenaire.

Pour conclure, certaines recherches suggèrent que lorsque la voie du couple établi a été testée par une lignée, elle demeure la norme chez ses descendants qui ne reviennent jamais à la polygamie. Pas si ringard, la monogamie !

Reproduction animale : Leçon N°3 : Aimer sans compter - La Salamandre
Accouplement d'un cerf et d'une biche. / © Arco Images GmbH / Alamy Stock Photo

Roi du harem

L’automne venu, le cerf (> ci-contre) chargé de testostérone réunit jusqu’à 30 femelles sur lesquelles il veille scrupuleusement. Chaque biche n’étant sexuellement réceptive que durant 24 à 48 h, le grand mâle doit saisir l’occasion tant attendue sans trop se disperser dans les conflits avec les concurrents.

Monogamie ultime

Chez les termites, la colonie est fondée par un couple unique. Reine et roi se rencontrent lors d’un bal réunissant des milliers de convives. Pendant ce vol nuptial, ils se choisissent et s’accouplent. Dès lors, ils resteront à jamais confinés dans leur chambre royale et n’auront jamais plus d’autre partenaire.

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Vol nuptial de termites / © Michel Bureau / Biosphoto

Qu’est ce que la polygynandrie ?

A - La polygamie entre hermaphrodites.

B - Un mode de vie où alternent chaque année la polygamie des mâles et celle des femelles. Pas de jaloux !

C - Du sexe communautaire où les accouplements multiples existent tant pour les mâles que pour les femelles.

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C

Vidéo coulisse. Pour assister à la naissance d'un dessin de cerf, réalisé par l'illustrateur naturaliste Marco Preziosi.

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Couverture de La Salamandre n°242

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 242  Octobre - Novembre 2017, article initialement paru sous le titre "Leçon N°3 : Aimer sans compter"
Catégorie

Sciences

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