Leçon N°6 : Tout miser sur un coup
Pour les uns, l’acte reproducteur est rare et précieux, un moment de grâce unique dans toute une vie. Pour les autres, il frôle la frénésie et la débauche.
Pour les uns, l’acte reproducteur est rare et précieux, un moment de grâce unique dans toute une vie. Pour les autres, il frôle la frénésie et la débauche.
Dans la ruche, c’est l’euphorie des grands jours. Une semaine de vie à peine et déjà la jeune reine abeille domestique se prépare à entrer dans le monde des adultes. Elle n’est pas seule, toutes les reines vierges de la colonie se pressent comme elle à la sortie de la ruche. Dehors, les mâles bourdonnent par milliers dans les airs, ostensiblement audibles et visibles, ils n’attendent qu’une chose, qu’elles sortent enfin.
Mourir de plaisir
La jeune abeille s’envole pour la première fois. Dans quelques secondes, elle va accomplir l’acte de sa vie. Un mâle s’approche contre le vent, attiré par ses phéromones royales. Tout va ensuite très vite. Toujours en vol, il saisit la reine entre ses pattes. Comme son pénis est interne, le mâle doit d’abord contracter ses muscles abdominaux afin que son sexe se retourne un peu comme un gant. Maintenant opérationnel, l’organe reproducteur s’attelle à celui de sa partenaire. Dans cet état, le mâle se retrouve paralysé. Son corps, projeté en arrière, reste accroché à celui de la reine. Et là, clac !
Au moment de l’éjection de sa semence, les parties génitales du mâle se détachent dans un violent craquement, provoquant sa mort immédiate. C’en est fini pour lui. L’unique fête aura été de courte durée.
La femelle au contraire va multiplier les partenaires pour enrichir sa spermathèque. Exclusivité féminine, cet organe peut stocker jusqu’à 6 millions de spermatozoïdes. Une réserve qui lui servira pour le reste de son existence. Après cette unique série d’accouplements, plus de temps à perdre en batifolages. La reine concentrera toute son énergie sur le demi-million de rejetons qu’elle s’apprête à mettre au monde.
Chez les autres champions de la vie sociale que sont les fourmis et les termites, les choses se passent de manière similaire. Les éphémères, les cigales, les seiches, mais aussi les saumons se reproduisent, eux aussi, une seule fois dans leur vie.
Roi du sexe
Si pour certains, l’accouplement est un acte rare et précieux, c’est parfois tout l’inverse. Véritable bête de sexe, le lion ne s’économise pas pendant les multiples périodes de réceptivité qui rythment l’année des femelles. Le roi de la savane est capable de copuler toutes les demi-heures pendant cinq jours d’affilée. On a même comptabilisé 157 copulations en 55 heures pour un seul mâle avec deux femelles différentes. Chaud lapin, le lion ? Pas seulement. Comme chez le lapin justement, mais aussi le furet ou le chat domestique, cette débauche répétée est nécessaire pour provoquer l’ovulation et permettre la rencontre des gamètes dans le ventre des femelles.
Ici et maintenant
Chez l’osmie cornue (> ci-contre), la saison des accouplements est de très courte durée. Contrairement à l’abeille domestique, cet hyménoptère n’a pas de vie sociale. Chaque femelle pond ses œufs au fond d’une galerie. Les adultes écloront presque une année plus tard, sans avoir jamais connu leurs géniteurs.
Plus c’est long, plus c’est bon
Certains l’ont bien compris et font durer le plaisir. Avec un coït de quelques heures, le putois reste un petit joueur face au crotale enlacé à sa partenaire pendant plus de 20 heures. La palme revient à un insecte : des couples de phasme (> ci-dessous) peuvent rester scotchés l’un à l’autre pendant cinq mois.
Quel est le point commun entre l’abeille domestique et le petit rongeur d’Afrique de l’Est appelé rat-taupe nu ?
A - Comme les abeilles, les fourmis ou les termites, le rat-taupe nu vit en colonie autour d’une reine qui est la seule à s’accoupler et à procréer.
B - Ils produisent tous deux une substance sucrée fort goûteuse.
C - Les mâles meurent juste après l’accouplement. Pour eux, la reproduction est un véritable acte suicidaire.
A
En vidéo, un incroyable accouplement d’abeilles en plein vol.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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