La géologie hors du commun du val d’Hérens
Eaux thermales, pyramides alpines, moraines… En Valais, le val d’Hérens regorge de curiosités naturelles qui témoignent de son histoire.
Eaux thermales, pyramides alpines, moraines… En Valais, le val d’Hérens regorge de curiosités naturelles qui témoignent de son histoire.
Une fine couche de neige recouvre le relief, mettant en valeur les falaises sur lesquelles l’or blanc n’a pu s’ancrer. « Le val d’Hérens est une région où les traces de l’histoire géologique s’observent facilement. Ces parois que l’on retrouve un peu partout ici en sont le parfait exemple », annonce Thierry Basset. Le géologue-volcanologue gratte le pan rocheux bordant le chemin menant à Euseigne. Il s’effrite. « Du sable, des cailloux et des particules de toutes tailles sont rassemblés sans aucune stratification. Ce sont des moraines », explique celui qui est aussi organisateur d’excursions.
Leur présence signifie que la vallée dans laquelle nous nous trouvons était autrefois occupée par un glacier. Thierry Basset estime qu’il y a 20 000 ans, il devait y avoir 1 000 m d’épaisseur de glace à cet endroit. Le paysage était tout autre : en contrebas, un lac issu des eaux de fonte et, avec les températures basses qui devaient régner, très peu de végétation.
Thermales et minérales
Aujourd’hui, le lac a laissé place à La Borgne, une rivière pas comme les autres puisqu’elle est alimentée par 81 sources ! Tous ces affluents s’y déversent en un endroit précis, sur environ 200 m le long de son tracé. Mais le plus fort, c’est que ces sources, dites thermales, oscillent entre 20 et 27 °C. Ces eaux ont une température aussi douce, car elles sont passées par des fissures suffisamment profondes pour être réchauffées par le manteau terrestre. « Il faut qu’elles remontent rapidement à la surface pour ne pas perdre cette chaleur », précise le géologue.
Source de vie
Durant leur voyage dans les entrailles de la terre, les eaux dissolvent les roches entre lesquelles elles passent. De fissure en fissure, elles se chargent en éléments chimiques. « Ces nappes renferment plus d’un gramme de minéraux dissous par litre », poursuit-il. Au pied d’une résurgence, dans la rivière, des pierres ont été disposées en cercle. Elles forment un bassin d’eau chaude qui invite à la baignade. La couleur orangée des roches ne trompe pas. « Cette rouille est due au fer contenu dans le liquide », explique Thierry Basset. En plus des écoulements naturels, un forage de main d’homme fait jaillir les flots des profondeurs.
Des cristaux se sont formés autour du filet qui s’écoule et une forte odeur d’œuf pourri chatouille les narines. « Ça sent le soufre comme sur les volcans, relève le volcanologue. L’eau a dû passer dans de la roche qui en contient, probablement du gypse. » Chaleur et minéraux sont propices à la vie, comme en témoignent les abondantes algues verdoyantes et la grenouille observées sur place. Les richesses de ces sources ont également profité à l’homme. Les habitants de la région ont voulu s’emparer du sel dissous dans les ruisseaux souterrains. Pour cela, ils ont creusé une première galerie dans la roche bordant la rivière en 1544, puis une seconde en 1817. Le but étant de récolter un maximum d’eau et de la faire chauffer pour récupérer le précieux sel. Jugées trop peu rentables, ces exploitations ont été abandonnées, mais les traces de ces activités sont toujours visibles.
Il est par exemple possible d’entrer dans la Galerie des Anciens. Dans cet espace confiné, on ressent bien la chaleur et l’humidité. Mais son exploration se limite à quelques mètres. Le reste est inondé. Selon notre guide, « à la fin des années 1950, deux crues ont dragué des sédiments qui ont comblé le passage. Mais à l’origine, il mesurait 140 m de long ». De nos jours, l’extraction du sel du val d’Hérens a fait place à l’exploitation thermale. Des projets de bains sont à l’étude.
Cheminées des fées
Notre chemin nous mène ensuite au pied d’une des plus incroyables curiosités géologiques de Suisse : les pyramides d’Euseigne. Ces dentelles de pierre coiffées d’un chapeau et s’élevant jusqu’à 15 m de hauteur sont protégées au titre d’objets naturels d’importance nationale depuis 1983. Une fois encore, la roche raconte une histoire à qui sait la lire. « Il s’agit d’une moraine sculptée par l’érosion, indique Thierry Basset. De grosses pierres protégeaient la matière qui se trouvait en dessous. Le niveau de la moraine est descendu petit à petit, pour ne laisser que des pitons rocheux coiffés de pierres protectrices. » Les cheminées des fées, comme on les appelle, sont vouées à disparaître dans quelques centaines d’années. « L’érosion va les amincir et la pierre va finir par tomber », conclut-il. On parie ?
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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