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Option réintroduction
Pour l’esturgeon, une difficile reproduction assistée
L’esturgeon européen doit vivre une quinzaine d’années avant de se reproduire. Sauver ce poisson au bord de l’extinction est une mission de longue haleine. Chronique.
L’esturgeon européen doit vivre une quinzaine d’années avant de se reproduire. Sauver ce poisson au bord de l’extinction est une mission de longue haleine. Chronique.
1920
Les travaux scientifiques alertent sur la raréfaction de Acipenser sturio, cette espèce ayant déjà disparu de la plupart des grands fleuves lors des périodes préindustrielles et industrielles.
1950
Constatant une nette réduction des captures de cette espèce à fort intérêt halieutique, les pêcheurs tirent la sonnette d’alarme quant au risque d’extinction de ce poisson en Gironde.
1980
Des travaux de recherche permettent de tester des méthodes de reproduction assistée en tirant parti de captures accidentelles de spécimens en milieu naturel.
1982
Protection légale de l’espèce en France (il faudra attendre 1998 à l’échelle de l’Europe).
1993
Construction de l’Esturial, navire spécialement conçu pour l’étude et la conservation de l’esturgeon européen.
1994
Dernière reproduction naturelle connue de l’esturgeon européen dans le bassin versant Gironde-Dordogne-Garonne.
2007
Première reproduction assistée à partir de spécimens nés dans le milieu naturel puis conservés en captivité. Un succès renouvelé chaque année de 2008 à 2014 (sauf 2010).
2012
L’association MIGADO prend la suite des opérations d’élevage et de reproduction assistée en succédant à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).
2022
Première reproduction réussie par des géniteurs eux-mêmes nés en captivité. Les précédentes étaient jusqu’ici issues des esturgeons sauvages détenus en captivité.
2024
- Observations d’individus de 2 m de long dans l’estuaire de la Gironde, probablement issus des lâchers de 2007-2009. Une survie encourageante.
- 15 000 alevins obtenus en captivité et relâchés en septembre-octobre. Un chiffre en dessous des 200 000 espérés. Les raisons de ce constat sont en cours d’analyse avec des partenaires polonais et allemands qui rencontrent des difficultés similaires avec l’esturgeon atlantique.
Évolution de la répartition de l’esturgeon européen entre 1850 et 2018
Le dernier spécimen suisse a été signalé sur le Rhin en 1854. Après des décennies de surpêche, d’artificialisation des fleuves et de pollutions diverses, le dernier bassin de reproduction connu est celui de la Gironde – fleuve Garonne et rivière Dordogne –, où l’espèce bénéficie d’un plan national d’actions.
Le saviez-vous ?
300 kg : C’est le poids atteint par l’esturgeon européen, pour une longueur de 3,90 m. Des mensurations permises par une longévité pouvant dépasser 50 ans.
Migration : L’esturgeon européen vit successivement dans les eaux douces, où il naît puis revient se reproduire, et dans les eaux saumâtres des estuaires, où il passe ses trois à sept premières années. Puis, ce poisson prodigieux à bien des égards migre en mer, où il acquiert sa maturité sexuelle – à 10-12 ans pour les mâles et 13-16 ans pour les femelles.
Défi majeur : L’esturgeon de l’Adriatique (Acipenser naccarii) fait l’objet d’un projet italien de réintroduction dans la rivière italo-suisse Ticino, en aval du lac Majeur. L’espèce pourrait alors potentiellement remonter cet affluent du Pô et coloniser le lac frontalier. Tout dépendra de l’amélioration de la porosité des obstacles présents sur ce cours d’eau qui constitue une importante source d’hydroélectricité.
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Pour l’esturgeon, une difficile reproduction assistée
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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